D’ici à la grande fête populaire inaugurale du 6 mai et afin de vous mettre l’eau à la bouche, nous avons décidé de placer au menu de chacun de nos Dijon l’Hebdo la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin où les travaux battent leur plein (jour et nuit). Après, en avant-première dans le dernier numéro, le visage du cinéma Pathé-Gaumont et de sa nouvelle directrice, Valérie Sutter, nous plaçons les projecteurs, cette fois-ci, sur l’identité visuelle de la CIGV et son créateur Karim Meza. Après le 7e art, place au 3e art…
Le canon de lumière, signé de l’architecte Antony Béchu, qui sera investi par « le Harvard de la Cuisine », autrement dit l’école Ferrandi, représentera, à n’en pas douter, l’un des symboles de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin. Car il illustrera la dimension contemporaine conférée à l’ancien hôpital général de Dijon… Mais il ne sera pas le seul, loin de là ! Le haut-relief évoquant la multiplication des pains, sur le bâtiment datant du XVIIIe siècle le long de l’allée désormais appelée Bernard Loiseau, pourrait en être un autre. Il faut dire que celui-ci orne des tuiles vernissées qui correspondent à l’une des signatures bien connues de la Bourgogne.
Qui sait ce sera peut-être aussi la chapelle des climats avec son gigantesque cep et ses écrans géants vous immergeant dans nos terroirs ? Ou encore l’emblématique coq qui a retrouvé sa place dominatrice au sommet de la chapelle Sainte-Croix-de-Jérusalem (voir ci-dessous). Après une… restauration !
Il faudra attendre pour savoir quelle sera l’image la plus communicative mais, une chose est sûre, nous savons, d’ores et déjà, quelle sera celle la plus usitée : le logo de la CIGV présent sur tous les objets de communication, que recevront l’ensemble des professionnels du tourisme d’ici comme du monde entier, que découvriront tous ceux qui se rendent sur site… ou sur le site internet de la Cité. Devant participer au rayonnement de la CIGV, ce logo, partie intégrale de la marque, se devait d’être compréhensible autant pour les habitants du territoire – de Dijon à l’ensemble de la Bourgogne Franche-Comté –, pour les Français mais aussi pour tous les potentiels visiteurs du monde entier.
Telle était l’alchimie des plus délicates qu’a réussie Karim Meza, le graphiste-designer qui a relevé ce défi. Son travail sur l’architecture commerciale et l’identité visuelle du Village Gastronomique, où il œuvrait pour le groupe K-Rey présidé par William Krief, a tapé dans l’œil (vous nous permettrez l’expression) de Dijon métropole qui a décidé alors de lui confier la réalisation de la signature de la CIGV.
Le sceau de la Cité
Il faut dire que celui qui précise « travailler les marques de manière holistique » (s’intéressant à l’objet dans sa globalité) n’a pas son pareil pour mettre en lumière des territoires. Comme directeur artistique ou bien en tant que freelance, son savoir-faire a séduit (enfin là nous devrions écrire trouver l’aval !) de nombre d’annonceurs. Dans le monde du luxe où il a œuvré pour Chanel, Guerlain, dans l’univers de l’automobile où il a, avec ses réalisations, boosté le développement de Maserati, Audi, Alfa Roméo ou encore Fiat (on lui doit notamment une campagne pour la Fiat 500).
Dans le domaine du « food », nous pourrions aussi citer son travail pour Picard, mais ce dont il est le plus fier dans ses presque 20 ans de carrière, ce sont ses dernières campagnes pour l’institut Pasteur, pour WWF et leur application digitale WAG afin de sensibiliser sur le gaspillage mais aussi pour le Samu Social de Paris. « Je ne fais jamais que du papier et du dessin », relativise-t-il, avec l’humilité qui le caractérise, non sans préciser : « Après avoir œuvré dans l’univers consumériste, maintenant ce qui me correspond, c’est de faire valoir de grandes causes. Et le projet dijonnais, dont l’objectif est de démocratiser la gastronomie qui est encore trop souvent sacralisée, représente une belle cause ». Une façon aussi de rappeler que ce projet majeur voit le jour en lieu et place de l’ancien hôpital général, dont la genèse remonte aux Hospices de Dijon fondés sur une île de l’Ouche par le Duc Eudes III de Bourgogne en 1204 (d’où l’appellation du Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine qui sera, lui aussi, partie prenante de la Cité).
Et c’est ainsi qu’est née cette marque particulièrement identifiante : « Mon boulot est de traduire des idées souvent complexes le plus simplement possible. Et là, il fallait que ce soit parlant localement mais que cela puisse s’exporter aussi. Aussi ai-je choisi 3 symboles de la gastronomie et du vin qui viennent s’amalgamer de manière élégante : une assiette, une fourchette et un verre de dégustation. Ce monogramme est devenu le sceau de la Cité qui a vocation à concrétiser un patrimoine immatériel ».
Quant à la couleur, certes, il a opté pour le noir en ce qui concerne l’institutionnel, afin de « créer une cohérence esthétique de sobriété et d’élégance inspirant le savoir-faire et les métiers d’art » mais il a aussi jeté son dévolu sur le jaune « inscrit dans l’inconscient collectif comme la couleur de Dijon ». La moutarde y est évidemment pour beaucoup : « C’est très intuitif. Nous nous sommes aussi aperçus qu’il existait, dans le référencer international, un jaune Pantone Dijon. Aussi, pour l’inscrire dans l’inconscient collectif, le jaune nous est apparu naturel ».
Ayant étudié à l’École de l’Image des Gobelins mais surtout à Maximilien-Vox à Paris, le lycée du Livre et des Arts graphiques, Karim Meza est allé plus loin en créant aussi une typographie propre à la CIGV : « Aujourd’hui, on s’aperçoit trop souvent, dans la création des logos, que la culture de l’imprimerie s’est perdue. Je me suis dit qu’il serait intéressant de définir une typographie très propriétaire de la CIGV. Et ici encore, j’ai voulu désacraliser la gastronomie dont la traduction visuelle est souvent ampoulée, avec une typo en empâtement, que je pourrais qualifier d’old fashion. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi une typographie particulière bâton contemporaine afin d’inscrire ce projet dans la modernité ».
Voilà comment, sous la plume de ce professionnel passionné, est né le logo, tel un avant-goût visuel de la CIGV. Et s’il vous fait penser aussi à des ailes, cela peut être à la fois pour marquer l’envol de la Cité mais aussi en référence à l’oiseau symbole de Dijon, la Chouette bien évidemment… Voilà, en tout cas, l’histoire de ce « chouette » logo, qui sera, on l’espère, croqué comme il se doit !
Camille Gablo
Le coq emblématique
Saluons le retour de l’emblématique coq au sommet de la chapelle Sainte-Croix-de-Jérusalem. A 30 m de hauteur… Dominant fièrement l’édifice classé monument historique et faisant admirer dans le ciel dijonnais sa nouvelle conception en cuivre pour remplacer le zinc d’origine trop abîmé. Avec une solide restauration des parties qui le supportent : d’abord la dépose de l’ancienne jupe en plomb portant des décors de style gothique rares, désormais conservée comme pièce archéologique et remplacée par un épi neuf muni d’éléments polychromes fidèles au passé, ensuite un cône de cuivre suffisamment rigide pour soutenir l’imposant volatile rajeuni de 4 kg et 50 cm de haut. Âme de l’édifice, le coq de la chapelle Sainte-Croix-de-Jérusalem, elle-même également restaurée, est ainsi en place pour présider de son solennel perchoir l’ouverture au printemps de la Cité internationale de la gastronomie et du vin…