Nadjoua Belhadef « Consommons local, utile et solidaire ! »

Même si l’épée de Damoclès du Covid revient en force au-dessus de nos têtes, 5e vague oblige, Dijon s’est parée de ses plus beaux atours pour les festivités de Noël. Retour du marché, de la grande roue, de la patinoire, du sapin géant place de la Libération, 10 km de guirlandes dans toute la ville, 80 sites illuminés… Et la liste est loin d’être exhaustive. L’adjointe déléguée au commerce et à l’artisanat, Nadjoua Belhadef, dévoile les actions majeures de la Ville pour que toutes et tous puissent fêter Noël dans les meilleures conditions. L’occasion aussi d’ « inviter les Dijonnais et les habitants de la métropole à consommer local… »

Dijon l’Hebdo : Le marché de Noël, la grande roue et la patinoire avaient cruellement manqué l’année dernière. Ils effectuent leur retour mais la Covid s’invite malheureusement à nouveau autour de la table des festivités de Noël…

Nadjoua Belhadef : « Je suis tout de suite entrée en contact avec le directeur de cabinet du Préfet, pour être tenu au courant des évolutions de cette nouvelle vague. Actuellement, deux sites recueillent le pass sanitaire : la grande roue et la patinoire. Le fait que nous ayons un marché de Noël ouvert, non enclavé, aéré fait que celui-ci n’est pas nécessaire. En revanche, il faut garder le masque, respecter les gestes barrières pour espérer retrouver Noël dans les meilleures conditions. Pour l’instant, nous sommes dans l’attente d’informations au jour le jour ».

DLH : Avec humour – mais ceci traduit la promotion de la capitale régionale qui vous anime au quotidien –, vous avez déclaré que, pour les Festivités de Noël, il y avait deux capitales : Times Square et Dijon… Avec le sapin de 18 m en armature métallique (rappelant celui implanté devant le Rockefeller Center), réalisé par une entreprise de l’Yonne, qui regroupe 361 Nordmann du Morvan, n’est-ce pas l’économie locale que vous souhaitez mettre en lumière ?

N. B : « Notre objectif est, en effet, en permanence de soutenir l’économie locale et, là, cela prend une dimension supplémentaire puisque nous le faisons aussi dans un souci environnemental. A l’image des illuminations qui sont 100% LED…Le sapin géant est dans une démarche 100% bourguignonne et les Nordmann originaires du Parc naturel régional du Morvan qui le composent seront ensuite recyclés par broyage pour les paillis ou du compost. Mais je veux insister aussi sur les chalets du marché de Noël qui ont été réalisés par la société locale EMA qui a remporté l’appel d’offres ou encore la bulle particulièrement appréciée installée place Darcy que l’on doit à une entreprise de Marsannay-la-Côte, RoseBasilic… L’économie locale est, là aussi, mise en lumière ! Et je veux véritablement saluer l’action des agents On Dijon grâce auxquels Dijon est illuminée aujourd’hui. Ils ont travaillé durant deux mois, chaque nuit. C’est un travail conséquent ! »

DLH : Des événements, à l’instar des repas de Noël des aînés, ont malheureusement déjà dû être annulés…

N. B : « Il n’aurait pas été raisonnable que nous maintenions ces événements pour ce public. Il est hors de question que nous exposions les aînés à un risque. Aussi avons-nous préféré être sur du préventif et, malheureusement, ces repas ne peuvent se dérouler dans les conditions actuelles ».

DLH : Vous le répétez à satiété : le centre-ville de Dijon représente le plus grand centre commercial à ciel ouvert de Bourgogne Franche-Comté. C’est une façon d’inviter les gens à venir y faire leur course ?

N. B : « Oui ! Et, comme l’on nous martèle toute la journée la 5e vague, l’inquiétude commence aussi à monter chez les commerçants. Des questions se posent forcément et toutes les réponses ne sont pas encore là. Aussi, autant que faire se peut, j’invite les Dijonnais et les habitants de la métropole à consommer local et à réaliser leurs achats auprès des commerçants dijonnais. Nous avons des commerçants dynamiques, nous avons une diversité qui permet de répondre à toutes les envies de Noël. Consommons local, consommons utile et consommons solidaire ! »

DLH : J’imagine que les décorations dans les vitrines mais aussi, parfois, sur les façades des commerces, comme c’est le cas dans le quartier des Arts, doit vous enchanter ?

N. B : « Entre la rue de la Chouette et la rue Verrerie, l’atelier Oyat qui s’est associé avec l’ensemble des commerçants a, en effet, réalisé des choses magnifiques. C’est réellement sublime. Je conseille à tout le monde d’aller voir. Les compositions sur les façades sont incroyables. Nous avions récompensé l’Atelier Oyat dans le cadre du Label Ville et on voit bien aujourd’hui que cette reconnaissance était plus que méritée ! »

DLH : Le centre-ville n’est pas le seul quartier à être placé sous les projecteurs durant cette fin d’année. Pourquoi avoir habillé de lumière pas moins de 80 sites dans toute la ville ?

N. B : « C’est véritablement la volonté qui est la mienne à travers toutes les actions que porte la Ville mais aussi à travers la convention qui nous lie à Shop In Dijon. D’ailleurs la première action de mon mandat a été de rencontrer l’ensemble des Unions commerciales sur tout le territoire. Le centre-ville est important – c’est la vitrine de la ville – mais les 9 quartiers le sont tout autant. Cela me tenait à cœur, cela nous tenait à cœur que l’ensemble des quartiers soient illuminés pour ces fêtes de fin d’année ».

DLH : Quelles actions avez-vous mises en place afin que tous les enfants, et notamment ceux issus des familles défavorisées, puissent fêter Noël ?

N. B : « Nous distribuons 30 000 tickets à des associations qui interviennent auprès des publics défavorisés et nous organisons également le Noël solidaire. C’est une opération qui me tient elle aussi particulièrement à cœur : avec l’appui du Conseil municipal des enfants, nous récoltons des cadeaux, nous réalisons des partenariats avec des magasins de jouet pour offrir des présents à plus de 1 500 enfants. Les années précédentes, nous organisions une grande manifestation salle des Etats pour la remise de ces cadeaux. Nous ferons différemment cette fois-ci et nous les ferons distribuer afin de de ne pas nous retrouver dans des situations sanitairement compliquées ».

DLH : Le gouvernement a lancé, le 1er décembre, les Assises du commerce, premières du nom, afin de relever les défis de demain… Vous devez observer avec attention quelles actions vont être préconisées au cours de ces rencontres ?

N. B : « Quatre enjeux ont été retenus pour ces premières Assises du commerce. Comment adapter le commerce aux nouveaux modes de consommation ? Sont abordées là les solutions numériques, les préoccupations environnementales et sociétales, la compétition sur les prix… Comment préserver et développer le commerce dans les territoires? Il est question ici du soutien au commerce de proximité et au besoin criant du développement de la logistique du dernier kilomètre, et notamment dans une démarche environnementale, avec le recours, par exemple, à des véhicules électriques. Comment renforcer la compétitivité et l’équité entre les différents acteurs ? Il s’agit là d’aborder les conditions équitables de concurrence mais aussi celles du financement notamment sur les questions numériques et environnementales. Comment favoriser l’emploi dans le commerce ? Le risque de destructuration de l’emploi, lié au changement de modèle économique, est bien réel. Il s’agit d’identifier les pistes de formation des salariés et des indépendants. Sachez que nous avons réalisé une belle opération à Dijon illustrant notre volonté d’avancer dans ce domaine : la course d’orientation du commerce. Plus de 500 élèves des collèges et lycées mais également des élèves en réinsertion de l’Ecole de la deuxième Chance, de la Mission locale… y ont participé sur deux jours. Et ce, en partenariat avec plus de 50 commerçants. Je tiens à souligner la mobilisation de ceux-ci en pleine période de préparation de Noël. Ils ont été nombreux à recevoir des groupes d’élèves pour leur présenter les métiers du commerce. C’était une très belle opération que l’on a financée avec la Région et avec la CCI. Cela peut créer des vocations. Aujourd’hui, on parle de la vocation culinaire, de celle des artisans mais le commerce aussi représente des beaux métiers ! »

DLH : Des métiers qui, pour certains, ont été, lors des confinements, qualifiés de « non essentiels… »

N. B : « J’espère que cette erreur de langage ne sera pas reproduite. Parler de caractère essentiel et non essentiel fut quelque peu violent. Pourquoi ? Parce que toutes les affaires sont essentielles pour les gérants. Nous avons également beaucoup d’indépendants à Dijon et, pour eux aussi, leur commerce est essentiel et, déjà, à leur survie. Cela peut paraître futile mais cela ne l’est pas : chacun a son propre essentiel ! Il faut respecter le travail de chacun et faire en sorte que nous dépassions la crise sanitaire pour que chacun trouve et garde sa place. Ce n’est pas évident… »

DLH : Au niveau national, le taux de vacance dans les centres-villes des grands pôles urbains est passé de 6,7% à plus de 10% entre 2014 et 2020. Comment Dijon peut-elle afficher un taux bien en dessous dans le domaine ?

N. B : « Nous sommes à un taux de vacance dans le secteur piéton du centre-ville de 5%. Les ouvertures ne se sont jamais arrêtées et beaucoup sont encore prévues rapidement. Des petites boutiques ont même vu le jour. Quatre vont ouvrir rue du Bourg, que ce soit dans la cosmétologie environnementale ou dans le prêt à porter. Nous recevons également beaucoup de prospects qui recherchent des locaux sur Dijon. Nous aurons une très belle enseigne de déco dans la rue Piron et j’en suis ravie. Dijon reste une ville très attractive parce que nous avons aussi su créer des conditions favorables au dynamisme du centre-ville, avec des parkings, les aménagements piétons, l’accessibilité en tram… Les animations que nous mettons en place, telles les Jeudi’jonnais ou Garçon la Note, y participent aussi pleinement. Nous essayons d’utiliser tous les leviers à notre disposition pour favoriser l’activité commerciale. Et nous sommes en contact permanent avec le tissu commercial de proximité. Cela compte de pouvoir monter des projets ensemble ! »

Propos recueillis par Camille Gablo