Dominique Grimpret : « Quand on est élu local, quoi de plus beau que de construire une école ? »

Ahuy, commune au nord de Dijon qui a su conserver son esprit village va vivre des prochains mois riches en actualités. La construction d’un groupe scolaire qui va permettre de réaménager les locaux de la mairie qui accueille jusqu’alors l’école primaire, la poursuite de l’implantation d’une zone d’habitations sur 25 hectares, et, normalement, l’aménagement du « fameux » rond-point de la Lino qui génère tous les problèmes de circulation que l’on sait. Tour d’horizon avec Dominique Grimpret, le maire d’une commune classée au printemps dernier en première position des communes de Côte-d’Or de moins de 2 000 habitants où on vit le mieux.

Dijon l’Hebdo : Le grand projet de ce mandat, c’est la création d’un nouveau groupe scolaire, regroupant à la fois les écoles maternelle et élémentaire. Les travaux ont-ils démarré ?

Dominique Grimpret : « C’est parti ! La géothermie a été posée et la maçonnerie a débuté. En dehors de la construction de l’église, en son temps, c’est le plus gros chantier de l’histoire de la commune d’Ahuy. Et quand on est élu local, quoi de plus beau que de construire une école ? Le bâtiment propose une interprétation contemporaine de l’architecture vernaculaire de la grange. C’est un volume simple et rassurant. Il créé une unité pour l’ensemble des fonctions sous un toit commun. Ses dimensions -75 m de long par 18 m de large- lui confèrent une stature d’équipement public tout en maintenant une échelle humaine et domestique avec ses toitures à deux pans et sa faible hauteur ».

DLH : A quelle date devrait être achevée cette opération ?

D. G : « Normalement, si rien ne vient perturber le bon déroulement des travaux, en juin 2023 pour être en mesure de faire la rentrée scolaire en septembre 2023. Cela n’empêchera pas les enfants de s’approprier leur école pendant sa construction. Ils auront l’occasion de mettre des nichoirs dans les façades et de s’occuper d’un jardin potager à leur disposition mais aussi de tous les habitants qui le souhaitent ».

DLH : Et c’est un projet résolument orienté vers l’écologie ?

D. G : « La démarche développement durable intégrée à ce projet a pour objectif l’intégration la plus conforme aux approches environnementales à toutes les phases de la construction et de la vie d’un bâtiment : conception, réalisation, utilisation, exploitation, maintenance, adaptation et déconstruction.
A travers le traitement de l’architecture du groupe scolaire et de ses aménagements, c’est un parti pris démonstratif qui est proposé : offrir aux enfants d’Ahuy un lieu d’apprentissage lui-même support pédagogique de sensibilisation à l’environnement. L’image du bâtiment est le reflet des intentions : un lieu chaleureux et accueillant intégrant une démarche environnementale assumée. Le bois est omniprésent avec la visibilité d’éléments de charpente et l’habillage partiel en façade. Le projet s’inscrit dans une démarche RT2012 Cep-60%. Une isolation en laine de bois couplée avec un chauffage au sol et une VMC double flux assurent le confort et la qualité de l’air. La mise en place d’une surventilation nocturne et de puits climatiques garantie également un confort d’été. Au-delà de la Qualité Environnementale du Bâti, le projet s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire en favorisant l’emploi de matériaux biosourcés et locaux. Le projet s’engage clairement en faveur d’une économie locale et des valeurs écologiques que l’on doit aux générations futures.

DLH : Et vous avez même fait le choix de potagers partagés ?
D. G :
« L’implantation du bâtiment et sa forme permet de dégager un vaste espace pour les potagers tourner à la fois vers l’espace public et les espaces extérieurs de l’école. On y voit l’opportunité de créer une interaction avec l’extérieur et le voisinage. Actuellement sur le site de la future école, une association a créé un potager et mis en place des bacs à compost. Nous proposerions de leur prêter un potager en échange d’organisation d’ateliers avec les enfants. Le potager des enfants est dans l’enceinte de l’école et le potager de l’association est ouvert sur l’espace public. C’est une vitrine d’un engagement citoyen bienveillant. Une placette avec des gradins est aménagée devant le potager de l’association et peut devenir un lieu d’événement autour de l’alimentation type point relais pour des paniers des AMAP (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne). Rappelons que nous sommes également à proximité immédiate du restaurant scolaire.
Sous la toiture, chaque potager possède son cabanon pour ranger les outils, une table de travail et une cuve de récupération des eaux pluviales pour l’arrosage. Le biotope est une vitrine du parti pris du projet en faveur de l’environnement. C’est un laboratoire pour les enfants pour générer de la biodiversité. Le biotope se compose d’une zone humide d’infiltration des eaux pluviales plantée. Ils pourront au fur et à mesure l’incrémenter avec la mise en place d’hôtels à insectes, de nichoir et de nouvelles plantations ».

DLH : Que va devenir le groupe scolaire existant ?
D. G :
« On ne peut pas parler de groupe scolaire. L’école maternelle actuelle, celle qui est à proximité de la construction actuelle, sera dédiée au péri-scolaire, l’accueil de loisirs et à la cantine. Quant aux locaux de l’école primaire qui sont actuellement dans les locaux de la mairie, ils seront restitués à la mairie qui réorganisera ses bureaux et ses services de façon plus efficiente ».

DLH : On peut imaginer que la construction de ce nouveau groupe scolaire répond au projet ambitieux de renouvellement urbain, à savoir la création à l’horizon 2030 d’une zone d’habitations de 600 logements sur une superficie de 25 hectares découpée en 14 tranches successives. Où en est-on aujourd’hui ?

D. G : « Nous en sommes aux tranches 7 et 8. Au bout du compte, ce ne seront pas 600 logements qui seront construits mais plutôt 550, voire même un peu moins dans les dix ans qui viennent ».

 

DLH : Ce projet de renouvellement urbain impacte forcément la démographie. Combien avez-vous d’habitants aujourd’hui et combien y en aura-t-il à cet horizon 2030 ?

D. G : « J’aime bien mettre en perspective les chiffres d’aujourd’hui par rapport à ceux de 1997 où nous étions 1 400. Il y avait, à l’époque 9, classes scolaires. En 2015, il n’y en avait plus que 5 avec 1 132 habitants. Aujourd’hui, nous sommes 1 549 selon le recensement officiel qui a été effcetué en février dernier. En 2030, nous devrions atteindre les 2 100 habitants ».

DLH : Imaginez-vous la création d’autres services pour répondre aux besoins de la population ?

D. G : « Ce seront surtout des services à destination des enfants. Je pense notamment à des aires de jeux mais aussi à tout ce qui relève de leur accueil. Il nous faudra aussi développer toutes ces manifestations qui créent du lien pour que les gens se croisent et vivent ensemble ».

DLH : En avril dernier, le Journal du Dimanche publiait « le palmarès 2021 des villes et villages où on vit le mieux », élaboré par l’association du même nom sur les 34 837 communes que compte la France métropolitaine. Ahuy arrive en 39e position des communes de moins de 2 000 habitants et en première position des communes de Côte-d’Or de moins de 2 000 habitants. Quels sont les ingrédients qui vous ont permis d’être dans cette position pour le moins enviable ?

D. G : « Nous avons la chance d’être situé en zone péri-urbaine. Les services de soins et les hôpitaux sont à proximité. Ensuite, il y a notre histoire et la configuration géographique de la commune qui offre une belle qualité de vie avec la forêt toute proche. N’oublions pas, non plus, la place « Coeur de village » qui a réussi à concilier développement urbain et esprit village. Il y a encore une particularité souriante. On remarque qu’au fil du temps, beaucoup d’enfants d’Ahuy se sont mariés avec des enfants d’Ahuy. Un pourcentage assez élevé par rapport à ce qu’on peut voir ailleurs. Et puis il y a aussi des lieux où les gens aiment se retrouver que ce soit dans une salle des fêtes digne de ce nom, une bibliothèque récente ou encore une vraie place animée par ses commerces. Vous ajoutez à cela de belles manifestations organisées par la commune et les associations, que nous ne manquons pas de soutenir, et vous avez tous les ingrédients du bien vivre ensemble ».

 

DLH : Votre commune est plus étendue qu’on pourrait l’imaginer. De l’autre côté de la Lino, bon nombre des entreprises et des commerces de la zone d’activités sont sur Ahuy. Pour autant, du fait du lieu où elles sont implantées, elles ne partagent pas forcément les problématiques de la commune. Quelles sont vos relations avec tout ce monde économique ?

D. G : « Etant moi-même chef d’entreprise, j’ai toujours porté un regard particulier sur le monde économique. En 2008, j’ai tenté de réunir tous les acteurs de la zone dans le cadre d’une association. Aujourd’hui, ces entreprises avec d’autres de Fontaine-lès-Dijon et une partie de Dijon sont regroupées au sein d’une association qui s’appelle Cap Suzon au sein de laquelle la commune est d’ailleurs adhérente. Après, ce n’est pas la commune mais la métropole qui gère toutes les zones d’activités économiques quelles que soient leurs tailles. Et nous servons de lien utile pour accompagner toutes les demandes qui sont formulées. C’est important ».

DLH : Restons sur la Lino. Enfin surtout pas aux heures de pointe… Plus sérieusement, en avril 2019, cela fait donc plus de deux ans et demi, vous avez démarré « une bataille » pour mettre sur la voie une solution afin que les nombreux bouchons qui se forment au rond-point , sur votre commune, sautent une fois pour toute. Plus de deux ans et demi après votre initiative, où en est-on ?

D. G : « Les services de la préfecture vont nous présenter les projets retenus pour apporter les vraies solutions attendues. L’idée générale, c’est que le rond-point ne fasse plus office de rond-point et qu’il soit impossible d’en faire le tour afin de ne pas générer de bouchons. Il faut donc créer des entrées et des sorties de chaque côté de la Lino ».

DLH : Vous avez été le premier à monter au créneau pour modifier ce rond-point. N’est-ce pas surprenant qu’une telle démarche n’ait pas trouvé d’écho auprès d’autres élus ?

D. G : « C’est effectivement très étonnant que la commune de Fontaine-lès-Dijon, également très impactée, n’ait pas réagi. J’avoue être très surpris. On a l’impression que les élus des communes voisines ont fermé les yeux ou détourné la tête, considérant que c’était à Ahuy de se débrouiller. Une attitude pour le moins surprenante car les bouchons, ce sont bien des problèmes que tout le monde partage ».

DLH : La pression fiscale locale est-elle toujours aussi faible sur les habitants ?

D. G : « A Ahuy, nous avons une pression fiscale qui est très élevée. A la fois les bases et les taux. C’est comme ça depuis 1970. Le taux de taxe foncière est aujourd’hui de 21. Nous avons réussi à le baisser de 0,70 il y a trois ans. Il est hors de question de le faire évoluer vers la hausse. Nous avons la chance d’avoir des bonnes recettes et une zone d’activités qui versent une bonne partie de la taxe foncière. Et plus il a de constructions, plus il y a de taxes foncières qui rentrent… La bonne nouvelle, c’est la suppression de la taxe d’habitation qui devrait être effective pour tout le monde en 2023 ».

DLH : Ahuy a été parmi les fondateurs du district de l’agglomération dijonnaise. Qu’apporte aujourd’hui la métropole à une commune comme la vôtre ?

D. G : « La liste est longue et il faudrait du temps pour énumérer concrètement tout ce que cela nous apporte. Plus globalement, il faut bien reconnaître que les petites communes sont les grandes gagnantes de cette intégration à la métropole dijonnaise. Les transports en commun, le traitement des ordures ménagères, les voiries… sont des services de qualité qu’il serait difficile d’offrir aujourd’hui à notre population ».

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre