La femme et la résistante, Joséphine Baker au-delà du music-hall

Après plusieurs conférences sur Madame de Maintenon, l’autrice Sabine Doumerg-Defaut s’attaque à une autre grande personnalité féminine : Joséphine Baker. La panthéonisation prochaine de l’artiste américaine a piqué la curiosité de Sabine, qui propose de faire découvrir quelques facettes méconnues de l’icône.

Pour beaucoup, Joséphine Baker est cette silhouette ondulante et habillée de bananes, un sourire lumineux, des yeux rieurs et surtout, une peau métisse si rare dans la France d’alors. Mais avant de prendre le nom Baker et d’enflammer les scènes parisiennes des années folles, Joséphine connaît une enfance d’une extrême pauvreté dans le Missouri, se marie à seulement 13 ans et trois ans plus tard, deux fois divorcée, tente sa chance comme danseuse à New-York. « Il fallait un tempérament exceptionnel pour mener une vie comme celle-ci, constate Sabine qui ne compte plus les anecdotes aussi drôles que surprenantes sur le comportement de l’artiste. Quand elle rencontre Martin Luther King pour la célèbre marche de 1963, elle le qualifie de « gros porc vulgaire », l’un de ses nombreux maris a même déclaré que le féminin de tyran était Joséphine Baker… Mais elle a été maltraitée dès son enfance et puis ceci n’enlève rien à ses bons côtés ». Résistante de la première heure, elle fréquente les salons mondains et recueille les confidences des officiers, dotée de sa plus grande arme : la séduction. Guidée par son amour de la France, elle collecte au fil des ans récompenses nationales et militaires.

Après la guerre, Joséphine Baker continue à se battre contre les diverses formes d’injustices et mène un réel combat pour une fraternité universelle. Sa « tribu arc-en-ciel » est un exemple parmi d’autres de son immense générosité puisqu’elle a adopté 12 enfants de nationalités différentes. Mais là encore, son altruisme se double d’une face sombre car les adoptions sont parfois faites contre le gré des parents biologiques. À partir des années 1960, les tournées ne suffisent plus à assurer son train de vie -il lui faut pas moins de quatre avions pour transporter son matériel- et sa carrière décline. Elle connaît des années difficiles au point de dormir devant la porte de son château des Milandes pour en empêcher la saisie, mais parvient tout de même à fêter ses 50 ans de carrière à Bobino, en 1975, le temps d’un spectacle très applaudi qui précède de quelques heures seulement son décès. Les multiples contradictions et secrets de Joséphine Baker sont à écouter trois jours avant son entrée au Panthéon, elle est la 6ème femme à y prendre place.

C. C

Samedi 27 novembre à 16 h 30.

Académie de Dijon, 5 rue de l’École de Droit.