Rémy Heyte : « Se positionner sur des formations innovantes »

Fort de son réseau de 22 établissements et de 4 sites dans le département, le Greta 21 est celui de Bourgogne Franche-Comté qui propose le plus de formations professionnalisantes et qualifiantes. Plus de 3 000 stagiaires adultes bénéficient en moyenne chaque année de son savoir-faire, qui va de l’insertion jusqu’à des spécificités métiers parmi les plus pointues. Alors que cette rentrée marque l’arrivée d’un nouveau directeur opérationnel, le président du Greta 21, Rémy Heyte, qui est également le proviseur du lycée des Marcs d’Or, nous détaille les enjeux majeurs auxquels doit répondre cette structure. Dans une société et un monde du travail en perpétuelle évolution… notamment après la période Covid !

Dijon l’Hebdo : Le Greta 21 a abordé cette rentrée avec de nouveaux visages et notamment un nouveau directeur… 

Rémy Heyte : « Un nouveau directeur opérationnel a, en effet, pris ses fonctions le 1er septembre dernier, Bassam Taha, qui était jusqu’alors conseiller en formation continue (CFC). C’est ainsi quelqu’un de la maison qui prend la direction des opérations. Mais nous avons aussi accueilli, à l’occasion de cette rentrée, trois nouvelles CFC : Stéphanie De Palma sur le site d’Eiffel, Bénédicte De Sambucy sur le Castel et Sophie Vidal sur Beaune. Elles viennent apporter du sang neuf dans l’équipe qui compte, je le rappelle, 8 CFC. Et tous ont un objectif commun : continuer à mailler le territoire pour être au plus proche des besoins des demandeurs d’emploi et des entreprises et se positionner sur des formations innovantes, principalement en lien avec la transition énergétique et l’évolution des métiers vers le numérique ».

DLH : L’évolution des formations en adéquation avec celle du monde du travail représente-t-elle votre enjeu majeur ?

R. H. : « Nous devons être à l’affut des nouveaux besoins liés à l’évolution de la société. Cependant nous avons aussi au cœur de nos préoccupations la qualité des conditions de travail de nos collaborateurs. C’est l’un des enjeux de l’année en cours mais aussi de celles à venir. Nous devons permettre à nos collaborateurs de disposer eux aussi des outils adaptés à l’évolution du monde de la formationNous avons également un autre objectif : celui de demeurer présent dans les territoires ruraux. Nous voulons conserver ce lien de proximité avec les personnes de la ruralité et c’est d’autant plus essentiel en Côte-d’Or. Il nous faut continuer de proposer des formations pour ces territoires ».

DLH : Sur quels territoires justement rayonne le Greta 21 ?

R. H. : « Nous sommes forcément très présents sur la métropole dijonnaise mais nous sommes aussi en Haute Côte-d’Or, avec trois sites à Montbard, Semur-en-Auxois et Châtillon-sur-Seine, sur Beaune et le Val de Saône, avec Auxonne et Saint-Jean-de-Losne, pour ce qui est du fluvial. Cela contribue à notre objectif d’être présents sur la transition écologique en formant sur le transport fluvial »

DLH : Pouvez-vous nous donner quelques exemples de formations innovantes que vous avez développées ?
R. H. :
« Ce sont des formations sur des métiers qui sont en train d’évoluer. Je prends un exemple : dans le bâtiment, le recours aux outils numériques se fait de plus en plus présent, en lien avec la transition énergétique. Ce sont des formations qui sont en rapport avec le BIM (la numérisation des bâtiments). Mais je pourrais également citer les formations qui ont trait avec le développement de l’hydrogène dans les transports, l’intelligence artificielle… »

DLH : Est-ce grâce à votre chiffre d’affaires parmi les plus élevés de lAcadémie que vous pouvez développer de telles formations ?

R. H. : « Nous avons un chiffre d’affaires qui nous positionne deuxièmes parmi les quatre Greta de l’Académie de Dijon, sachant que nous travaillons toujours sur un équilibre au niveau des financements entre les fonds publics et les fonds privés. Nous sommes grosso modo sur du 50/50. Nous avons un panel de stagiaires accueillis qui est assez large, avec des publics très éloignés de l’emploi – pour lesquels nous travaillons dans le domaine de l’insertion et un public qui souhaite un renforcement des compétences métiers. A l’instar des métiers du bâtiment qui tendent à se digitaliser, comme je le disais plus haut, de la maroquinerieEt nous sommes aussi en phase avec les enjeux sociétaux. C’est pour cela que nous avons un carnet de formations très vastes. Il est très vaste en termes de publics accueillis mais aussi de secteurs d’activité ».

DLH : C’est toute la difficulté du pilotage du Greta. Vous êtes un organisme public de formation mais vous êtes sur un marché on ne peut plus concurrentiel, avec de plus en plus d’acteurs privés…

R. H. : « C’est clairement un subtil équilibre où il faut savoir être force de propositions, notamment sur l’insertion, et être innovant tout en respectant un budget. Notre atout réside dans notre capacité à avoir des finances saines pour être présents sur tous les marchés plus ou moins rentables au demeurant. Mais nous ne cherchons pas forcément la rentabilité, nous cherchons surtout la qualité du service rendu aux usagers… »

DLH : Eu égard à la veille que vous avez mise en place mais aussi aux sollicitations des entreprises, vous tentez aussi, j’imagine, de répondre aux demandes des secteurs en tension. Depuis la réouverture de leurs enseignes, les professionnels de l’tellerie-restauration tirent la sonnette d’alarme sur le manque criant de recrues. Vous disposez d’une force de frappe pour leur venir en aide ?

R. H. : « Absolument, en ce qui concerne le secteur de l’tellerie-restauration, nous sommes présents sur l’intégralité du territoire. Mais le bâtiment et les travaux publics représentent également des secteurs en tension. Notre site de Domois est très dynamique, très actif afin de répondre aux besoins des entreprises. Mais la maroquinerie est aussi touchée par ce phénomène. Nous pourrions presque dire aujourd’hui que nous sommes dans une période de plein emploi. Dans notre carte des formations, nous sommes en mesure de répondre aux besoins des entreprises. Les formations sont là, les besoins sont identifiés mais les difficultés auxquelles nous devons parfois faire face sont de trouver notre public. L’un de nos enjeux est ainsi d’aller chercher le public là où il est, notamment grâce à des dispositifs comme le « Dispositif d’accès à la qualification » (DAQ). Celui-ci permet de remettre en selle des personnes très éloignées de l’emploi, en leur donnant les clefs nécessaires pour, d’une certaine façon, se réinsérer dans la vie active avec tout un dispositif d’accompagnement parce que nous savons, au final, que l’emploi est là. Nous sommes toujours dans une approche partenariale : nous travaillons avec les autres organismes de formation mais aussi avec les branches, les fédérations, que ce soit l’UIMM, la FRTP, etc. Et ce, afin de s’allier, d’être plus forts pour aller chercher ce public qui manque et de satisfaire les postes à pourvoir. Et c’est en étant en phase avec les branches et les entreprises que nous pouvons sentir les tendances du marché. Cela nous a permis de nous positionner sur les formations hydrogène en lien avec une réelle volonté politique sur la métropole dijonnaise. Il nous faut être très attentifs par rapport à tout ce qui se passe autour de nous et, notamment, par rapport aux besoins des entreprises qui sont en perpétuelle évolution ».

DLH : Comme vous venez de l’évoquer, la métropole dijonnaise déroule actuellement le tapis rouge à l’énergie verte (lhydrogène) pour ses transports publics mais l’un des autres dossiers majeurs n’est autre que la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin qui ouvrira ses portes en avril. Le Greta 21 peut-il aussi accompagner les demandes qui se feront jour dans ce domaine étroitement lié au tourisme ?

R. H. : « Pour tout ce qui est en lien avec la gastronomie au sens large, nous avons deux sites phares : le lycée du Castel à Dijon et le lycée Désiré Nisard à Semur-en-Auxois avec la préparation de CAP en lien avec l’tellerie-restauration. Nous avons également des formations en lien avec le tourisme qui se déroulent sur Beaune. Le Greta peut ainsi se positionner pour tout ce qui va avec l’attractivité du bassin dijonnais et qui génère du tourisme ».

DLH : Nous sortons d’une période Covid avec les confinements successifs qui n’a pas dû être simple à rer. Comment le Greta 21 s’est-il adapté ?

R. H. : « Jai été élu président le 1er octobre 2019. J’ai ainsi plus présidé en période confinée plutôt qu’en période de vie normale. Je veux souligner la réactivité des collaborateurs du Greta 21 ainsi que des formateurs qui ont su immédiatement basculer de la formation en présentielle à la formation en distanciel. Et ce n’était pas chose facile. Ce n’était pas nos habitudes de travail. Ils ont fait preuve d’une adaptation et d’une réactivité incroyables. Notre principale préoccupation était le maintien du lien avec les stagiaires. Et ils l’ont parfaitement réussi… Cela nous a donné forcément de nouvelles habitudes de travail. Le télétravail s’est mis tout doucement en place même si ce n’est pas la panacée car nous sommes dans des métiers où le relationnel est prépondérant. Je veux également remercier nos financeurs qui ont aidé le GRETA 21 dans son adaptation, en particulier aux mesures sanitaires (conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté etc…). Nous sommes en mesure de proposer dorénavant des formations hybrides. Je veux insister sur le fait que la continuité de service a été pleinement assurée durant la période Covid… »

Propos recueillis par Camille Gablo