Constituant le 4e poste de dépenses budgétaires, véritable reflet du caractère essentiel qui lui est accordé, la culture à Talant évolue. Lors de la récente présentation de la programmation culturelle 2021-2022, en présence de l’aventurier-écrivain, Patrice Franceschi, dont tout un chacun connaît son engagement, sur toutes les mers et les continents, le maire Fabian Ruinet a fixé le cap : « Nos nouveaux rendez-vous, dans les murs – y compris l’Ecrin – et hors les murs vont nous permettre d’aller à la rencontre des Talantais, de participer au maintien et au développement du lien social ». Son adjoint Laurent Arnaud, croyant en une approche transversale et une équipe en mode projet, nous détaille cette nouvelle offre éclectique, ouverte afin qu’elle s’adresse à tous mais aussi qu’elle puisse être réflexive.
Dijon l’Hebdo : Si l’on ne devait retenir en substance qu’un unique message lors de la présentation de votre nouvelle saison culturelle, cela pourrait être celui-ci : la culture change de braquet à Talant…
Laurent Arnaud : « La culture est propre à l’homme, elle est essentielle à l’homme et évidemment aux Talantais. J’habite Talant depuis 2007 et j’ai toujours trouvé qu’il se faisait beaucoup de choses sur notre ville mais de façon cloisonnée et sans visibilité. C’était plus de l’animation culturelle et non de la culture au sens large. Avant de prendre mes fonctions, j’ai pris le temps de regarder ce qui se faisait ailleurs. Les autres responsables m’ont tous dit qu’il était nécessaire d’œuvrer au triptyque animations, événements et culture. Ensuite il faut placer le curseur pour favoriser l’égalité… »
DLH : Vous avez ainsi appliqué des méthodes marketing, telles le benchmarking, pour développer votre projet ?
L. A : « Je pense que dans la vie on n’invente rien. On reprend, on recrée, on met un peu à sa sauce. Je suis allé voir ce qui se faisait dans des communes de taille similaire, soumises aux mêmes problématiques, aux mêmes enjeux. Tout en étant de Talant, en sachant quelles étaient nos propres problématiques puisque j’y vis… Cette approche est peut-être liée à ma personnalité : je suis quelqu’un qui est plutôt dans l’écoute, dans l’empathie. Je prends le temps d’absorber et, après, les propositions sont faites avec et pour les gens ! Nous sommes réellement sur un groupe projet. L’important n’est pas de venir avec des propositions toutes faites. Nous identifions les besoins, nous écoutons et nous voulons du construire ensemble. C’est la base et ce n’est pas un slogan vide de sens, nous le faisons vivre. C’est ce qui caractérise aussi l’équipe municipale au sens large. Vous avez sur cette mandature une véritable équipe projet et terrain ».
DLH : Le fait qu’elle bénéficie du 4e poste budgétaire montre à quel point la culture est essentielle aux yeux de la municipalité…
L. A : « Oui ! Et ensuite il faut ajouter environ le même montant pour l’Ecrin (hors masse salariale) qui est un budget annexe. C’est important car cela montre que lorsque certains disent qu’à Talant il n’y a que l’Ecrin c’est complètement faux. Et l’Ecrin a vocation à évoluer, avec la montée en puissance de l’événementiel. Je salue là l’ancienne mandature qui avait constaté qu’il n’y avait rien sur le côté Ouest de Dijon, qu’une salle de ce type, avec une telle jauge (440 places pour les spectacles et 550 convives pour l’événementiel), n’existait pas non plus dans l’offre métropolitaine. L’Ecrin est ainsi on ne peut plus attractif sur la métropole mais aussi sur l’ensemble du bassin de l’Ouche… L’Ecrin représente notre vaisseau amiral mais celui-ci s’intègre dorénavant en pleine cohérence dans nos propositions culturelles dans leur ensemble ».
DLH : Rover le 17 novembre, Manu Katché le 6 janvier, Jane Birkin le 20 avril, Pauline Croze le 6 mai… Anthony Kavanagh le 4 novembre, Stéphane Guillon le 14 décembre… nous pourrions multiplier les belles soirées attendues à l’Ecrin. Qu’est-ce qui vous a animé pour développer cette programmation ?
L. A : « C’est une programmation équilibrée, variée, adaptée à la taille de la salle. On retrouve de la musique, du théâtre, de la danse, du cirque, de l’humour… Nous avons profité de l’année écoulée pour revoir les propositions tarifaires. Les têtes d’affiche ne sont pas galvaudées mais nos propositions sont abordables. Notre objectif est que tous les habitants de Talant puissent accéder à la culture. Pourquoi pas, sur un même lieu, faire une proposition musicale, une rencontre avec les artistes et, dans le même temps, amener les gens au livre ? Lorsque l’on a organisé les Médiévales, certaines personnes du quartier ont pu découvrir et entrer pour la première fois dans la bibliothèque. Pour moi, c’était gagné à ce moment-là ! Il nous faut lever les freins. Nous n’avons pas fait la gratuité de la bibliothèque pour la gratuité. Ce n’est qu’une étape, le lieu sera repensé afin que la bibliothèque devienne un véritable lieu de vie. Et un mélange des genres, une offre polyforme sur un même lieu peut, dans le tissu métropolitain, favoriser notre attractivité. Nous voulons afficher notre identité, que nous avons appelée Alt 360 – clin d’œil à l’altitude du Plateau mais soulignant aussi nos propositions culturelles transversales pour tout Talant – au cœur de la métropole. Nous avons un particularisme à Talant, nous sommes sur la colline, nous faisons partie du village mais nous sommes sortis trop longtemps de l’ensemble du réseau métropolitain. Nous aurons une vraie proposition culturelle talantaise, métropolitaine et pourquoi pas régionale. Les Ducs de Bourgogne parlent à tout le monde et Talant dispose d’un patrimoine rare ».
DLH : Pourquoi avoir convié Patrice Franceschi à l’occasion de cette Première ?
L. A : « Nous voulons donner à l’Ecrin une vraie identité, en faire un lieu de culture et de réflexion. Patrice Franceschi, dont beaucoup ont suivi ses aventures sur la Boudeuse, qui est un écrivain engagé, humaniste, sortait son livre. Et celui-ci a mis la barre haut en terme de réflexion. Notre objectif est d’amener les gens à réfléchir… »
DLH : Vous avez ouvert le Grenier de Talant au Collectif d’artistes Art’Go. Cette proposition de résidence est-elle symbolique de la nouvelle politique culturelle que vous développez ?
L. A : « J’ai eu l’opportunité de rencontrer Mme Studio qui m’a expliqué que le collectif auquel elle appartenait ne trouvait pas de résidence. Nous avions un espace, le Grenier de Talant, où il n’y avait que 3 ou 4 expositions à l’année. Nous lui avons proposé de s’y implanter : le collectif est venu avec un vrai projet et nous avions, quant à nous, de belles propositions à leur faire pour le territoire. Ils feront de l’art dans la rue avec des œuvres magistrales par exemple une fois par an. Nous avons, il ne faut pas l’oublier non plus, proposer nombre de résidences durant le Covid pour des artistes qui subissaient les difficultés que l’on connaît. Que ce soit à l’Ecrin ou dans la salle Gabin… Et tous ces gens-là auront, qui sait, de superbes projets dans l’avenir ! Nous leur avons ouvert nos portes et, si leurs propositions s’intègrent dans notre projet de territoire, nous seront là pour les encourager. C’est en substance notre philosophie. C’est simple et cela va marcher ! »
DLH : Lorsque vous avez présenté votre schéma d’orientations culturelles, vous avez constaté « l’atomisation et le cloisonnement » dont souffrait ce secteur précédemment. Comment avez-fous fait changer les choses ?
L. A : « C’était lié à la structure des services. La période de Covid a été un véritable levier sur le management. Nous avons refait travailler ensemble les différents services qui, précédemment, étaient cloisonnés : bibliothèque multimédia, culture, médiation culturelle. Tout le monde avance désormais dans le même sens autour d’une vraie culture projet. Les gens travaillent ensemble avec une programmation transversale à l’année, une remise au pot des budgets. Cela permet d’avoir une véritable offre globale sur l’année et nous travaillons en partenariat avec le tissu local. Nous agissons en lien avec toutes les associations culturelles. C’est essentiel pour pouvoir travailler bien et fort ! Ainsi organisons-nous une grande réunion avec l’ensemble des partenaires au cours de laquelle nous leur disons : voici une programmation, souhaitez-vous être parties prenantes, voulez-vous nous apporter des projets et intervenir sur nos événements ? Cela répond à l’enjeu que nous nous sommes fixés : avoir une vraie politique de territoire et une identité globale. Comme nous avons 5/6 4 quartiers qui ne communiquent pas trop, pour toutes les raisons que l’on connaît, qu’elles soient sociales, géographiques… notre objectif est de proposer des solutions adaptées aux différents quartiers mais avec une identité globale. Si bien que nous avons à la fois des propositions dans nos murs culturels habituels et hors nos murs… »
DLH : Le 19 juin dernier, la municipalité a renoué avec les grandes fêtes populaires sur le Plateau de la Cour du Roy à Talant. Une manifestation conviviale qui, deux semaines après la réouverture des commerces et des restaurants, a redonné le sourire à beaucoup. Cette fête s’inscrira-t-elle dans la durée ?
L. A : « C’était le premier événement de taille qui a eu lieu sur la métropole à la sortie du Covid. Ce n’était pas rien. Nous avons intégré les associations. Notre objectif était de faire une fête, mais pas sur le modèle de ce qui se déroulait précédemment. Nous avons voulu mailler notre territoire, que les gens puissent se retrouver. C’était une première et nous allons travailler à son amélioration. C’est ce qui remplace nos Feux de la Saint-Jean mais avec de vraies propositions, que ce soit au niveau culturel ou patrimonial. Cela deviendra l’un des points phares de la vie talantaise ».
Propos recueillis par Camille Gablo