Les brèves de Jeanne Vernay

Coeur de clown

Cœur de clown ! C’est là le titre judicieusement choisi du spectacle théâtral que la Compagnie Les Amulectrices présentera à ltel de Vogüé les 7 et 8 juillet prochains. Avec une forme atypique puisque la comédienne Anne-Lise Blachot, qui a écrit le texte, occupera, pour la première fois, la scène seuleDans un solo de clown au féminin qui vous fera rire, pleurer et finalement grandir. En s’appuyant sur des morceaux de vie personnelle, loin d’être toujours agréables, parfois même graves, mais toujours dédramatisés pour aller chercher la drôlerie partout, y compris dans les drames, petits ou grandsCar la visée est bien, dans une théâtralisation surprenante et une profonde harmonie, de marier émotion et rire en donnant constamment le dernier mot au second. Les quatre périodes de l’existence du clown, depuis son enfance jusqu’à l’âge mûr, engloutiront vos moments de tristesse sous l’humour, les pétillements burlesquesEt toujours sous un bombardement de surprises complètement inattendues, ne serait-ce que dans l’agencement des mots, amplificateur du comique. Souvent rehaussé d’ailleurs par une actualité que l’auteur a su inviter : le clown adolescent manifeste avec les gilets jaunes ; vieux, il s’interroge : comment rester jeune, éviter lalzheimer ? Un spectacle drôle avant tout, mais également riche : on sent qu’Anne-Lise Blachot a fouillé sa création et qu’elle n’a pas été laissée seule pour la préparation. Adeline Moncaut a prêune main expérimentée pour une coécriture réussie et la famille est largement intervenue dans l’arrangement des chansons ou l’adjonction de bandes-sons. Enfanté lors des confinements, mis souvent à profit pour créer autrement, un spectacle rocambolesque, au sens profond. Dont la forme si particulière restera…Venez le découvrir en réservant au 06 16 10 24 76 (conditions sanitaires et jauge respectées / ouverture des portes à 19 H 45 / Hôtel de Vogüé, rue de la Chouette / 10 € pour les non-adhérents ; 8€ pour les adhérents)

Rendons à César

L’Auditorium de Dijon vient d’être nommé « Auditorium Robert Poujade ». A juste titreLa disparition, l’an dernier, de l’ancien maire de la Cité des Ducs méritait en effet un hommage à la dimension de l’homme politique respecté qu’il fut et qui a beaucoup œuvré pour le Dijon du XXe siècle. Et son successeur a su donner la symbolique adéquate en mettant l’éclairage sur une des réalisations les plus emblématiques des cinq mandats de celui qui le précéda, remarquée jusqu’à l’international pour son acoustique Sans omettre, lors de l’intervention officielle devant la plaque apposée sur le boulevard de Champagne, « là où elle sera visible de tous », une seule des nombreuses qualités de celui qui entretint avec Dijon une relation ininterrompue de trois décennies : une pugnacité dans l’engagement pour sa ville et ses habitants, sans égal au niveau de la longévité depuis l’établissement du Droit de la commune… Une intelligence politique doublée d’un solide pragmatisme et d’une mise à l’écart sans faille de tout sectarismeUn hommage rendu avec d’autant plus de poids qu’il s’appuya sur une objectivité républicaine, sachant dépasser les clivages politiques avec une seule visée : inscrire dans la mémoire collective la fonction et l’action d’un homme qui fut un grand maire de Dijon.

La couleur du siècle

C’est le titre choisi par le musée des Beaux Arts pour présenter l’exposition qu’il organise actuellement autour du peintre dijonnais André Claudot. Un artiste lié fortement à Dijon puisqu’il y naquit à la fin du XIXe, fit ses études au lycée Carnot, publia ses premiers dessins libertaires dans le journal étudiant Dijon Escholier, entra à l’Ecole des Beaux Arts où il revint enseigner en 1935. Il résida quelques années à Couchey. Avant de s’installer définitivement dans la Cité des Ducs et de prendre, aux lendemains de la Libération, la présidence de l’Essor en organisant ses premiers Salons. Dans les années 50, il crée, dans son atelier de la rue Musette, l’école de peinture « lAtelier ». « Militant pour le bonheur et la fraternité des hommes », André Claudot fut surtout un artiste engagé qui parcourut son siècle en menant des combats sur de nombreux fronts, son œuvre devenant naturellement son moyen d’expression et souvent de lutte Il soutint l’Espagne républicaine face au franquisme, peint contre l’occupation nazie et le régime de Vichy qui lui interdit d’enseigner Plus tard, ses toiles montreront sa profonde opposition à la guerre du Vietnam et au conflit algérien. Et lexposition rétrospective qui se tient jusqu’au 20 septembre vous permettra de découvrir ce parcours artistique et militant qui, tout en ravissant le regard, vous fera cheminer au long des grands événements du XXe siècle. En ayant pour guide un « acteur-peintre » de son Histoire.

Une bataille touristique

Celle que mène actuellement le MuséoParc Alésia suscite lintérê; elle apporte un « nouvel éclairage sur l’histoire », la célèbre galerie des combats ayant cédé la place à une scénographie entièrement revisitée. Après d’importants travaux, le site ouvre maintenant une nouvelle page avec un parcours nouveau, permettant une véritable immersion au cœur du siège dAlésia et de la cité gallo-romaine. Une exposition permanente modernisée, enrichie des objets découverts lors des fouilles, jamais montrés jusque-là. Avec le dessein d’offrir aux visiteurs un parcours plus ludique, accessible, pédagogique, s’appuyant sur des technologies d’avant-garde pour profiter de l’architecture circulaire qui symbolise l’encerclement des Gaulois par les Romains. Une frise du temps interactive accompagnera les visiteurs qui pourront même participer à des combats grandeur-nature en manipulant virtuellement des armes gauloises ou romaines grâce à un écran équipé dun système performant de détection des mouvements. Cette modernité, qui a nécessité un investissement de trois millions d’euros cofinancés par le Conseil départemental, aide à mieux appréhender le lointain passé… D’autant que l’éajoutera des événements importants : spectacle De Bello Gallico les 10 et 11 juillet, Festival Image des 21 et 22 et week-end Pax-Romana les 14 et 15 août.

Autre voyage dans le passé

Quittons la période gallo-romaine pour bondir à la jonction des XVIIe et XVIIIe siècles. La Citadelle de Besançon qui fut tour à tour cité fortifiée, caserne, prison d’état, camp de prisonniers et dépôt militaire, aujourd’hui lieu culturel et site touristique, propose à présent un espace de découverte permanent original : une chambrée de soldats de l’époque de Louis XIV. L’endroit présenté correspond à un modèle-type qui se développe lors du règne du Roi-Soleil. Jusqu’alors, les militaires étaient logés chez l’habitant dans leur ville de garnison, mais vers 1690, sous l’impulsion de Louvois et Vauban, les premières casernes se répandent avec des chambres de douze hommes, qui ne sont pas de simples dortoirs, mais des lieux de vie, d’échanges, servant à dormir, cuisiner, se nourrir, se divertir. Le public peut déambuler à son gré dans la chambrée reconstituée. L’éclairage, grâce à des sources lumineuses diffuses pour reproduire les flammes des lampes à huile, participe à limmersion Un équipement de réalité virtuelle particulièrement au point offre même la possibilité d’espionner, à travers le mur, la chambre voisine de l’officier, recréée en 3D, le visiteur ayant la possibilité de fouiller le lieu en cliquant sur des points d’intérêts qui renseigneront sur les différentes conditions de vie en fonction du niveau social.