« Un apprenti pour relancer votre club »

Aujourd’hui, la quasi-totalité des compétitions sportives de la saison est arrêtée entraînant avec elle une baisse du nombre de licenciés. La crise sanitaire a ainsi un impact économique sur les structures entrepreneuriales sportives, mais aussi sur le monde amateur. Pour relancer la machine, Formapi a une solution : l’embauche d’apprentis qui amèneront, tout à la fois, leur professionnalisme, leur dynamisme et leurs idées novatrices. Explications avec Bernard Depierre, son président.

Dijon l’Hebdo : L’embauche d’apprentis peut-elle vraiment remettre les clubs et associations dans le sens de la marche ?

Bernard Depierre : « Elle peut y concourir. Ne nous voilons pas la face, les chiffres sont très alarmants selon les sports avec des pertes de licenciés de 15 à 45%. N’oublions pas que la saison sportive 2020-2021 n’a duré qu’un mois. Le 28 octobre tout s’est arrêté. Les présidents de clubs ont quasiment perdu tout contact avec les dirigeants et les licenciés. La reprise qui se dessine peut être favorisée par la présence d’apprentis. C’est pour cela que nous avons lancé une grande campagne de communication, à la fois sur les médias classiques mais aussi sur tous les réseaux sociaux. Des salons virtuels ont été organisés dans les UFA historiques de Bourgogne – Franche-Comté. On a relancé les contacts avec les maires pour les convaincre d’embaucher et deux de nos collaboratrices ont pour mission de joindre tous les présidents de clubs de foot, de basket, de rugby, de natation et de sports équestres. L’objectif, c’est de présenter tous les avantages à accueillir un apprenti pour relancer l’activité des clubs avec des aides d’Etat qui restent identiques à celles de l’an dernier : 5 000 euros pour un apprenti mineur, 8 000 euros pour un apprenti majeur. Un coût quasi nul, dans la plupart des cas, pour les employeurs ».

DLH : Le covid ne vous a pas épargné non plus ?

B. D : L’an dernier, au premier confinement, la fermeture des lycées et universités nous a amené bon nombre de jeunes soucieux d’assurer leur avenir. Mais l’arrêt des compétitions, à l’automne dernier, a bien évidemment fait baisser le nombre des demandes. Vous ajoutez à cela la fermeture des salles de sport qui recrutaient une centaine d’apprentis par le biais de notre structure. Fin mai, nous serons, je l’espère, revenus quasiment à l’équilibre ».

DLH : Le CFA du Sport a laissé la place à Formapi. Pourquoi avoir changé de nom ?

B. D : « Nous sommes désormais le plus gros CFA du Sport de France. Nous avons pris une dimension nationale en nous installant à Pau avec les quatre grands sports basket, rugby, foot et hand, à Grenoble avec le rugby et le hockey-sur-glace, à Bourgoin-Jallieu avec le rugby, à Roanne avec le basket, à Bourg-en-Bresse avec le foot, le basket et le rugby, à Strasbourg et Troyes avec le foot. Sans oublier une multitude de structures, à Rodez, Niort, Boulogne-sur-Mer, par exemple, qui ne sont pas encore constituées en unité de formation… C’est pour cela que nous ne pouvions donc plus nous appeler CFA du Sport Bourgogne – Franche-Comté ».

DLH : Formapi, à la différence de la quasi-totalité des centres de formations, est un CFA hors les murs. Qu’est-ce que cela signifie ?

B. D : « Ca veut dire que nos apprentis travaillent dans leurs clubs mais aussi sur notre plate-forme numérique. Ce système est très performant. Pour faire simple, on ne peut pas passer à la leçon 2 si on n’a pas acquis la leçon 1. On a en quelque sorte inventé le télé-travail avant les contraintes du covid. Et puis chaque apprenti se voit doter d’un ordinateur ».

DLH : Y a-t-il un profil type d’apprenant au sein de Formapi ?

B. D : « C’est un sportif ou une sportive de bon niveau régional, de 18 à 30 ans, motivé(e) par son sport et qui n’a pas forcément souhaité prolonger ses études afin de privilégier une formation lui permettant d’intégrer un emploi ».

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre

Témoignages sur les terrains

Daniel Fezeu : « Mon profil présente l’avantage du tout en un »

Educateur au sein du DFCO Association, Daniel Fezeu est l’entraîneur-adjoint de la réserve mais également intervenant au sein de la préformation du grand club de football dijonnais, de l’école de foot aux U15. Mais à 29 ans, ce dernier nourrit une particularité, il fait partie des plus « vieux » apprentis de FORMAPI. « J’ai un peu moins de 30 ans, j’arrive à la limite d’âge » rigole-t-il. Après avoir décroché le BMF et le BEF (Brevet d’Entraîneur de Football), il y a quelques années, Daniel FEZEU s’est donc remis cette année dans le grand bain de l’apprentissage. Une opportunité également offerte par l’alternance.

Cette fois, l’éducateur a opté pour le titre professionnel Chargé de Promotion et Marketing Sportif à DFCO Formation. A domicile donc. « Au départ, j’avais un peu d’appréhension, me replonger dans les études, l’écart d’âge avec les autres apprentis, mais finalement ça s’est fait tout seul ! J’ai saisi cette opportunité d’enrichir ma formation avec cette nouvelle corde à mon arc ».

Un pendant essentiel aux yeux de Daniel : « Avec la crise du COVID, les clubs vont devoir relancer la machine, trouver des solutions pour récupérer des licenciés, retrouver des partenaires…. Plutôt que prendre des éducateurs d’un côté et des chargés de marketing/communication de l’autre, et bien un profil comme le mien présente l’avantage du tout en un. C’est d’autant plus intéressant que l’alternance permet d’être proche du terrain, en phase avec les attentes. En tous cas pour moi, c’est vraiment l’idéal ! ».

 

Baptiste Misandeau : « Tout à gagner pour les clubs »

Baptiste Misandeau est tombé dans le football quand il était petit. Educateur bénévole dès 16 ans, il a ensuite décidé de se former. Avec succès. BAFA, BPJEPS APT et BMF désormais en poche, il prépare actuellement un BPJEPS Sports Collectifs couplé à une certification VTT au sein de Haut Jura Sport Formation By FORMAPI. Au sein de Jura Sud, son employeur en alternance, il entraine les gardiens de Nationale 2. Lui, le Sarthois s’épanouit dans les montagnes jurassiennes, dans le cocon protecteur de Moirans-en-Montagne.

Son ambition est toute tracée : « Mon ambition première est de travailler dans le monde du football et pourquoi pas toucher le monde professionnel » explique Baptiste. « Mais en parallèle, je pense monter ma structure de Sport pour Tous afin de proposer mes prestations. C’est dans cette optique que j’ai souhaité diversifier mes formations afin de toucher un public sportif le plus large possible ».

Pour y parvenir, Baptiste Misandeau a toujours misé sur l’alternance : «J’ai fait toutes mes formations comme ça. Les connaissances on les apprend certes avec la théorie, mais les compétences on les acquiert grâce à la pratique sur le terrain. Pour les clubs, il s’agit d’une vraie plus-value en termes de compétences. Pour moi, ils ont tout à gagner à recruter un apprenti ».

 

Claire Morel : « Le plus adapté à la réalité du marché de l’emploi »

A 24 ans, Claire Morel affiche un cursus riche et varié. Classique tout d’abord : baccalauréat à Roanne, arrivée à Dijon pour deux tentatives en Fac de Médecine, puis une licence entraînement sportif en STAPS. Sauf que là, problème, les employeurs éventuels lui rétorquent tous la même chose. « Ils me disaient : vous avez la théorie mais vous manquez d’expérience » se souvient-elle. « Alors j’ai opté pour l’alternance. Au départ, passer d’un Bac +3 en poche à une formation niveau Bac, ce n’était pas évident dans ma tête… Mais je n’ai jamais regretté mon choix !»

Tour à tour, Claire enchaîne les apprentissages. Toujours avec réussite : BPJEPS Sports Collectifs à la JDA pour commencer, DEJEPS perfectionnement sportif à l’Elan Chalon ensuite, et, cette année, le titre professionnel chargé de promotion et marketing sportif au DFCO Formation. Avec toujours JDA Formation comme employeur. L’exemple parfait des parcours de formation proposés par FORMAPI et la force de son maillage territorial.

En se retournant, Claire Morel voit aujourd’hui les choses différemment. « Si c’était à refaire, je n’aurais peut-être pas fait STAPS. Attention, je ne regrette pas du tout la théorie que j’ai acquise mais d’un point de vue des clubs, des employeurs, cela les sécurise beaucoup plus de prendre un apprenti car on y gagne au centuple en expérience. C’est vraiment cela le critère numéro 1 aujourd’hui. La théorie, oui, mais plus sans pratique ».

(crédit photo : JDA Dijon Bourgogne Association)

 

Louis Demangeot : « On découvre la réalité et l’exigence de l’entreprise »

Comment allier carrière sportive et formation? Louis Demangeot a trouvé la solution à travers les parcours en alternance. Originaire du Creusot, ancien membre du Pôle Espoirs rugby à Dijon, le pensionnaire du CS Nuiton – son employeur actuel- a longtemps privilégié la trajectoire rectiligne des métiers du sport : Bac S en poche, Licence STAPS validée à Limoges lors de son passage au centre de formation d’Aurillac.

Vient alors l’heure du choix. En 2019. « Je me destine vraiment à entraîner » explique-t-il. « En sortant de STAPS, et en signant à Nuits Saint-Georges, je me suis naturellement tourné vers le DEJEPS Rugby délivré par la Ligue au CREPS de Dijon ». Une vraie découverte. « Franchement, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Devenir apprenti, mixer à la fois théorie et pratique….Mais c’est top, car on y découvre la réalité et l’exigence de l’entreprise ».

Aussi, après la validation de son DEJEPS en 2020, Louis rempile un an de plus. A 24 ans, le rugbyman prend alors le chemin… des stades de foot de DFCO Formation pour y passer le titre professionnel chargé de promotion et marketing sportif. « Là, je suis parti vraiment dans l’inconnu mais cela cadrait avec les besoins de mon club. Franchement ? C’est une révélation. De plus, et même si à moyen terme j’aimerais passer le DESJEPS Rugby à Marcoussis, il s’agit d’une vraie opportunité. Avec la crise du COVID, les clubs vont devoir beaucoup plus communiquer avec leurs partenaires, leurs licenciés. Pour relancer la machine, ils n’auront pas le choix ».