Langue de bois, langue de vipère

Plagions la formule d’Albert Camus afin d’écrire : « Penser contre la bêtise et pour l’homme encore et toujours… ». Certes, notre grand écrivain et philosophe aimait trop les voitures de sport. Il n’empêche que son intelligence, sa clarté intellectuelle filaient à vive allure. A l’aune de la standardisation où tout est jugé au baromètre de la surchauffe de la planète, les grands prêtres écolos de Côte-d’Or le considéreraient comme la Peste ! Si j’évoque ce grand humaniste, cet amoureux de la vitesse, ce veilleur de la conscience politique que fut Camus, c’est parce que je viens de prendre connaissance du communiqué du Pôle Ecologique du coin pondu le 1er avril – la date constitue en soi une arrête qui empêche d’en gober le contenu. Et dire que les brigades vertes qui constituent l’entité s’y sont mises à plusieurs – Europe écologie les Verts, Génération écologie et Cap écologie – afin de dénoncer la décision de la préfecture de Côte-d’Or de renouveler pour quatre ans l’homologation du circuit automobile de Dijon-Prenois, au moment, « où l’Assemblée Nationale examine la loi Climat et Résilience.» Fin de citation de la verte indignation.

Tout d’abord, je me permets de dire qu’une fois encore ces chapelles de la salade et de la limace font allégeance à l’intégrisme, à la dictature de la pensée univoque des Bisounours fort prisée aujourd’hui. Voilà promulguée la Bible de l’Interdit, dans l’espoir d’édifier la foule des pèlerins-lambda qui trouvent plaisir et détente – Dieu sait, si on en a besoin en ce printemps – à regarder à la télé les manifestations du sport automobile. Enfin et surtout, les écolos – faux rêveurs et en réalité fossoyeurs – refusent de considérer l’impact économique sur le secteur de l’hôtellerie, de la restauration, du commerce de détail ainsi que les retombées bénéfiques en matière d’activités de sous-traitance et d’emplois induits par les circuits automobiles. La Bourgogne ne peut absolument pas faire l’impasse… Il suffit de se rappeler que l’abandon de Magny-Cours au profit du circuit de formule 1 Paul Ricard n’a fait qu’accélérer le processus d’enclavement de la Nièvre.

Mettre au point mort tout un pan notoire de l’économie de la Côte d’Or, est-ce ce à quoi les Verts veulent aboutir ? Je leur conseille de mettre de l’engrais dans leur réflexion, qui croupit dans la religion du refus, qui n’est jamais boostée par une réelle connaissance du monde de l’économie moderne. Par paresse intellectuelle ou mus par une mauvaise foi coupable (?), ils feignent d’ignorer que de nombreux chefs d’entreprise, et non des moindres, ne les ont pas attendus pour rendre leurs chaîne de fabrication bien moins polluantes. Les Verts ont quoi : 40/50 ans d’existence en politique ? Or, ils n’ont jamais progressé dans un argumentaire au niveau des pâquerettes. Leurs maires, leurs élus, leurs doctrinaires ne cessent d’envoyer des peaux de bananes au patrimoine qu’est le Tour de France, quitte à prendre des décisions néfastes au PIB de leurs cités, interdire les traditionnels sapins de Noël (parce que ce sont des arbres coupés), ou encore tailler les ailes à des aéro-clubs sous prétexte que les enfants doivent faire d’autres rêves…

Revenons à ce triste et affligeant communiqué du 1er avril qui est de la même veine : y est également vilipendé le Conseil départemental pour son attribution de subventions de 200 000€ à Dijon-Prenois. Le Pôle Ecologie enfourche bien évidemment la ritournelle du « co-voiturage, de l’auto-partage, du vélo, de la marche (sic).» Je ne résiste pas au plaisir de mentionner les noms de ces moteurs de cette ivraie de la pensée : Catherine Hervieu pour EELV, Karine Savina pour Génération écologie et Jean Rapenne pour Cap Ecologie – qui n’a rien du Cap de Bonne espérance. Tchao, les …pantins !

Marie-France Poirier