Saviez-vous que la première association française faisant du trading en cryptomonnaie est implantée dans la métropole dijonnaise ? Plus de 30 salariés redonnent aujourd’hui vie aux anciens locaux de Plasto à Longvic, dans une véritable ambiance de start-up inspirante. Un seul exemple mais nous pourrions les multiplier : le qualificatif de durable est accolé à celui de Direction des ressources humaines… Proposant des services d’investissement crypto-actifs aux particuliers comme aux entreprises, RR Crypto, conseillée par des grands noms – Légi Conseils dans le domaine juridique ou encore Emmanuel Robin pour l’aspect financier – travaille actuellement avec l’AMF (Autorité des marchés financiers) pour évoluer vers le statut de société. Le président-fondateur Vincent Ropiot nous emmène à la découverte d’un nouveau monde… qui pourrait être encore plus révolutionnaire que celui de 1492 ! Interview d’un explorateur (visionnaire) que 1500 investisseurs – pour la plupart locaux – ont d’ores et déjà rejoint simplement par le bouche à oreille. Il faut dire que, chez lui, innovation se conjugue avec bienveillance !
Dijon l’Hebdo : Vous œuvrez dans le domaine encore abscons des crypto-actifs, même si beaucoup connaissent le Bitcoin, véritable « roi de la crypto-jungle ». Pouvez-vous nous en dire plus sur la genèse de la cryptomonnaie ?
Vincent Ropiot : « Le Bitcoin a vu le jour en 2008 et le premier fut émis l’année suivante grâce à Satoshi Nakamoto, personnage ou groupe légendaire sur lequel le mystère demeure encore malgré le nombre de recherches qui ont été effectuées depuis. Mais les racines des crypto-actifs ont été plantées dès les années 90 par le mouvement des Cypherpunks, regroupant des personnes réfléchissant à un concept de peer to peer, c’est-à-dire la finance décentralisée, avec des transactions sans intermédiaire. L’enthousiasme autour de ce nouveau process est apparu aux Etats-unis en premier lieu et a rapidement traversé les frontières du monde. La cryptomonnaie est créée sur une base technique appelée la blockchain, permettant la rapidité et la sécurité de la transmission d’informations. Plusieurs concepts se sont développés, à l’instar d’Ethereum qui est aujourd’hui la 2e cryptomonnaie la plus connue… »
DLH : Comment a débuté votre propre aventure dans le domaine ?
V. R : « Un ami m’a parlé de la cryptomonnaie dès 2013. J’ai effectué des recherches et je suis tombé sur le « White Paper » de Bitcoin ainsi que sur des forums où des personnes échangeaient sur ce sujet. J’ai tout de suite adhéré à l’idée et j’ai pensé que ce système ne pouvait avoir que de l’avenir. J’ai ainsi décidé d’acheter mes premiers Bitcoins cette année-là. Aujourd’hui on le voit beaucoup comme un outil spéculatif mais à cette époque mon idée était simplement de posséder ce type de monnaie révolutionnaire. Je ne cherchais pas forcément de la rentabilité en euros. Le fait que ce système préserve l’anonymat et favorise la transparence de toutes les transactions m’a séduit d’emblée. Si bien que les a priori sur la cryptomonnaie qui serait souvent utilisée sur le dark web (ndlr : web clandestin) n’ont pas lieu d’être (…) Mais les scam (cyber-arnaques) autour de ce système, qui existent malheureusement encore, ont entretenu ces a priori ».
DLH : De de votre première acquisition de Bitcoins au trading dans le domaine, il y avait un (grand) pas à franchir…
V. R : « En 2016, on commençait à parler de trading sur les crypto-actifs. Je m’y suis forcément intéressé et je me suis formé de façon totalement autodidacte. J’ai eu la chance d’être épaulé par un grand nom du trading. Précisons que ce marché est différent des marchés traditionnels : il n’existe pas d’ouverture ni de fermeture et il n’est pas régulé. En 2017, nous avons assisté à la forte hausse du Bitcoin qui est monté jusqu’à pratiquement 20 000 dollars. Forcément, à ce moment-là, en ce qui concernait les investissements dans le domaine, la spéculation était au rendez-vous mais ce qui nous intéressait était de continuer à fructifier ces investissements car nous croyions dur comme fer à ce système. Il a pris de l’ampleur en 2017 et aujourd’hui nous sommes encore à un autre niveau… Nous avons réussi à nous développer sans être des devins du marché ! »
DLH : Pouvez-vous nous expliquer les fondements de votre méthode de trading ?
V. R : « Beaucoup de réflexions ont été menées sur le sujet. Nous avons une chance sur ce marché : ce sont les stablecoins, sur lesquels nous allons chercher des performances. Je considère qu’un trader, en cryptomonnaie, c’est 90% de psychologie, 7 % de fondamental et 3 % de technique. La psychologie représente indéniablement le nerf de la guerre surtout dans ce marché très volatile. Il faut être robotique mais savoir écouter ses émotions. Le recul est essentiel. Au niveau fondamental, il faut connaître tout ce qui se passe dans le monde, économiquement, géopolitiquement, etc. Il est nécessaire d’observer avec attention les projets (cryptos) mais aussi aussi les groupes à l’origine. On a vu que des groupements institutionnels américains ont acheté en masse du Bitcoin et, forcément, cela impacte le marché. Pour la technique, nous avons différents outils issus du système classique mais il n’est pas nécessaire de rechercher la complication ».
DLH : Combien d’investisseurs vous ont déjà rejoint ?
V. R : « Leur nombre s’élève à près de 1 500 aujourd’hui sans aucune démarche de communication de notre part. Tout cela s’est fait grâce au bouche à oreille. Et nous avons tous les profils d’investisseurs, de tous âges, de tous les milieux sociaux… et c’est là où l’aventure est intéressante. Ce dont je suis le plus fier, c’est cette rencontre de personnes de différents horizons, qui, pour 90%, sont issues de la région. Au-delà de la gestion de l’investissement qui plait forcément parce que les marchés se déchaînent – il ne faut pas oublier que cela reste un marché volatile et les performances de 2021 ne seront pas forcément les mêmes qu’en 2020 –, notre maître-mot est de démocratiser la cryptomonnaie ».
DLH : Vous avez eu l’idée d’utiliser votre savoir-faire afin de venir en aide aux entreprises en difficultés depuis le début de la crise du Covid-19…
V. R : « Nous faisons des mandats pour les personnes morales. Nombre de structures sont en difficultés. Notre première idée était de venir en aide à ces structures. Sans proposer pour autant de solution miracle puisqu’il n’y a aucune garantie sur le marché, mais, au vu de nos analyses et des décisions prises en 2020, nous étions relativement confiants pour pouvoir soutenir la trésorerie de certaines sociétés. Cela a très bien fonctionné et celles qui nous ont fait confiance ont pu pallier leur manque d’activités par un rendement sur le marché des crypto-actifs l’année dernière. C’est une énorme satisfaction… »
DLH : RR Crypto est, pour l’instant, une association. Vous attendez les autorisations afin de la faire évoluer vers une société… Qu’en est-il de la législation française aujourd’hui par rapport à votre activité ?
V. R : « Des procédures existent pour encadrer les activités gravitant autour de la cryptomonnaie, notamment la loi Pacte dont a découlé le statut de PSAN (prestataire de service sur actif numérique). Nous sommes actuellement en procédure pour devenir PSAN auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF) mais nous allons chercher un peu plus loin car nous voulons obtenir l’agrément. Comme c’est un univers nouveau, nous avons dû aussi nous adapter aux demandes de l’AMF qui, elle-même, doit s’adapter à cet univers. Loin de l’image de gendarme financier, l’AMF, avec qui un vrai travail collaboratif a vu le jour, a réellement à cœur de tout maîtriser. Deux points sont particulièrement importants : la sécurité informatique et la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Notre association a été créée avant la loi Pacte et elle peut, grâce à cette antériorité, continuer à exercer jusqu’en juin prochain. C’est à cette date, au maximum, que notre dossier sera déposé… »
DLH : Pourquoi avoir choisi de vous implanter à Longvic plutôt que rejoindre une mégapole, comme Paris, par exemple ?
V. R : « Je suis Dijonnais de naissance et cela me tenait à cœur de créer RR Crypto ici. J’aime ma région, j’aime ma ville. C’est ici qu’est née cette énergie entre Dijonnais et nous avons actuellement une trentaine de salariés, pour la plupart originaires de la capitale régionale et de Beaune. Nous avons besoin de traders, de développeurs, de conseillers au contact avec les investisseurs, d’un pôle comptabilité, d’un pôle contrôle interne… Nous avons grossi rapidement et budgétisé une augmentation conséquente de notre effectif. La cryptomonnaie faisant un peu peur, nous avons eu des difficultés à trouver des locaux mais nous avons avancé avec des personnes qui connaissaient le procédé. Nous avons aménagé dans les anciens locaux de Plasto et c’est une fierté de pouvoir exercer à Longvic mais aussi dans la métropole dijonnaise ».
DLH : Pour vous, la cryptomonnaie, boudée encore par le système financier actuel, représente-t-elle véritablement l’avenir ?
V. R : « La cryptomonnaie et le Bitcoin notamment existent depuis 12 ans. Cela a pu perdurer malgré toutes les contraintes économiques et géopolitiques. C’est un système aujourd’hui prisé par les institutionnels et les grands groupes privés. Elon Musk et Tesla ont investi récemment plus d’1,5 milliards de dollars en Bitcoins. Nous assistons à une véritable effervescence autour de ce phénomène dans le monde entier. Selon moi, son utilisation sera incontournable dans les prochaines années. Le système financier actuel et la cryptomonnaie peuvent être complémentaires. J’en suis persuadé et nous arrivons sur ce chemin-là ! Dès que la réglementation et le cadre seront mis en place, l’Europe y viendra aussi… »
Propos recueillis par Camille Gablo
Lexique
Bitcoin : Monnaie numérique – crée en 2009 par Satoshi Nakamoto – décentralisée, contrairement aux monnaies émises par les banques et les gouvernements
Blockchain : Une base de données transparente et sécurisée qui permet la transmission d’informations sans organe de contrôle
Bull run (au sens littéral, course de taureaux) : Déchaînement du marché des cryptomonnaies
Crypto-actifs : Monnaie virtuelle dont la création et l’échange se font par le biais d’un système informatique décentralisé
Ethereum : L’une des cryptomonnaies les plus populaires après Bitcoin utilisée pour de nombreux projets autour de levées de fonds appelées ICO
Peer to Peer : Modèle de réseau informatique décentralisé où chaque client est un serveur
Stablecoin : Un actif numérique répliquant la valeur faciale d’une monnaie fiduciaire créé afin de se prémunir de la forte volatilité du marché