A l’aube de cette année 2021, où l’enjeu majeur n’est autre que la campagne de vaccination afin de sortir de la crise sanitaire mais aussi économique et sociale, la première adjointe de François Rebsamen, Nathalie Koenders, est sur le pont sur nombre de dossiers : la transition écologique, la tranquillité publique mais aussi d’autres sujets qui lui tiennent à cœur, à l’image de l’égalité hommes-femmes. Et au mois de juin, des élections attendent la conseillère départementale PS. Rentrée politique avec une élue sur tous les fronts…
Dijon l’Hebdo : La Côte-d’Or a basculé dans les départements où le couvre-feu est effectif à partir de 18 h. Cette mesure, vilipendée par nombre d’élus locaux, était-elle selon vous indispensable afin de juguler la pandémie sur notre territoire ?
Nathalie Koenders : « Est-ce que cette mesure est indispensable ? Est-elle efficace ? C’est l’avenir qui nous le dira. Bien sûr, nous aurions préféré ne pas faire partie des départements concernés mais, voilà, c’est le choix national qui a été fait. C’est un coup dur pour les commerçants et pour les restaurateurs. Les gens qui sortaient du travail pouvaient aller acheter à emporter. J’espère que les professionnels pourront retrouver le plus rapidement possible un mode de fonctionnement normal. Pour cela, il faut réellement accélérer la campagne de vaccination ».
DLH : Parlons donc du lancement de la campagne de vaccination…
N. K : « Cela me laisse dubitative. Les chiffres pourraient prêter à sourire si la situation n’était pas aussi grave. La comparaison avec les autres pays est peu flatteuse alors que l’on fait partie des premières puissances mondiales. Cela en dit long sur la lourdeur administrative de la France. Il faut vraiment accélérer la vaccination parce qu’elle permettra de sortir de la crise. C’est l’urgence et, comme l’a dit François Rebsamen, la Ville de Dijon a proposé de mettre tous les moyens municipaux à disposition pour participer à l’accélération de cette vaccination. De nouveaux centres pourraient être ouverts ».
DLH : Vous étiez présente lors de la venue de la ministre déléguée à l’égalité hommes-femmes, Elisabeth Moreno. Les confinements successifs (avec, notamment les violences faites aux femmes ou encore les difficultés économiques), n’ont pas arrangé la situation dans le domaine. Comment, dans ces conditions, faire avancer les choses ?
N. K : « Nous avons eu l’honneur, avec mon collègue Christophe Berthier, d’être présents à la première visite ministérielle de l’année d’Elisabeth Moreno. La Ville de Dijon est particulièrement attachée à l’égalité femmes-hommes, comme le prouve notre label égalité-diversité. Cela illustre notre engagement dans le domaine. Tout comme, dans ce nouveau mandat, la délégation portée par ma collègue Kildine Bataille. D’un point de vue personnel, je suis une militante dans l’âme sur ses valeurs. Durant le confinement, les violences faites aux femmes ont malheureusement augmenté. Il faut que l’on travaille encore plus sur ce sujet avec les associations Solidarité Femmes ou Amis Mots qui réalisent des actions formidables. Encore faut-il que l’aide du gouvernement perdure… Il faut dénoncer sans relâche ces violences et pousser les victimes à porter plainte… Il faut que les pouvoirs publics soient là pour les accompagner et les aider dans leur nouvelle vie. Mais le confinement a aussi montré que les femmes ont été en première ligne : les infirmières, les aides soignantes, les caissières… Et sans omettre les charges domestiques qui pesaient sur elles durant cette période. Je ne veux pas tomber dans la caricature car beaucoup d’hommes ont participé mais les chiffres montrent que nous sommes encore dans une société très patriarcale ! »
DLH : Vous avez fait preuve de transparence l’année dernière sur votre état de santé afin là aussi d’aider nombre de femmes à briser ce qui reste encore malheureusement pour beaucoup tabou. C’était là aussi une façon d’apporter votre pierre à l’amélioration de la condition féminine ?
N. K : « Ce n’est jamais facile de se livrer sur une partie de sa privée. Si je l’ai fait, c’est déjà par souci de transparence vis-à-vis des Dijonnaises et des Dijonnais car je savais que j’allais devoir m’absenter quelques temps. Et j’ai pensé qu’en tant que femme publique mon témoignage pouvait servir à d’autres femmes. Si c’est le cas, tant mieux. J’ai reçu beaucoup de témoignages de sympathie et je pense aussi aujourd’hui à toutes ces femmes qui se battent contre la maladie, contre le cancer… »
DLH : Et comment allez-vous ?
N. K : « Tout va bien. Je suis en rémission… »
DLH : Dans le nouvel exécutif municipal dijonnais, François Rebsamen vous a confié, comme première adjointe, un véritable ministère d’Etat avec, parmi vos délégations, la transition écologique, le climat et l’environnement. Certes, la santé est omniprésente aujourd’hui dans les attentes de vos administrés, Covid oblige, mais l’appétence est forte aussi pour le développement durable…
N. K : « C’est un enjeu majeur déjà pour la planète et nous voyons que, 5 ans après, les objectifs fixés par la COP 21 sont loin d’être atteints. La victoire de Joe Biden aux Etats-Unis sera, j’espère, gage d’espoir. Nous partons du principe que chacun doit agir à son échelle et les collectivités territoriales sont en première ligne. Il faut, avec des projets structurants, mener de front deux objectifs : l’adaptation et la lutte contre le changement climatique. C’est ce que nous avons fait avec la mise en place du tramway ou encore la piétonnisation et c’est ce que nous faisons aujourd’hui avec le projet hydrogène pour l’ensemble de la flotte bus et les bennes à ordures ménagères. Ce projet a d’ailleurs été récompensé fin décembre à la mairie de Paris par le grand prix de l’année au Forum 0 Carbone. Je pourrais encore citer le projet Response à la Fontaine d’Ouche ou le lancement de la convention citoyenne sur le climat qui me tient particulièrement à cœur. Celle-ci permettra à l’ensemble des citoyens de la ville de s’impliquer davantage… »
DLH : Les écologistes ont fait le choix électoral de se présenter seuls lors des dernières municipales à Dijon. Comment jugez-vous leurs prises de position sur les sujets durables que vous portez dorénavant ?
N. K : « Je regrette tout d’abord leur choix. Il existe quelques points de divergence entre nous – et c’est normal – mais nous partageons l’essentiel. Nous avons déjà démontré que la Ville de Dijon et la métropole ont un engagement fort en matière d’écologie réelle. Lorsqu’ils étaient dans la majorité, ils ont porté beaucoup de projets avec nous. Ils sont dans l’opposition mais nous continuons encore à avoir un dialogue constructif ».
DLH : Vous avez aussi en charge la tranquillité publique. Dans ce domaine, Dijon a modifié sa stratégie en décidant l’armement létal de sa police municipale, tout en poursuivant, dans le même temps, l’augmentation des effectifs de policiers municipaux. Cela suit-il son cours ?
N. K : « Nous avons lancé l’acte II du recrutement. C’est difficile car beaucoup de villes ont fait de même et nous nous sommes aperçus que nombre d’entre elles n’assuraient pas la formation des nouveaux policiers. Si bien que des agents arrivent, sont formés et partent par la suite. La loi nous permet de demander à la ville qui va les accueillir de prendre en charge une partie de la formation mais nous n’avons pour l’instant aucun moyen de les retenir. Nous y travaillons avec le maire. Les formations pour l’armement débutent prochainement. Et nous préparons avec l’Etat, la préfecture et la justice, la signature prochaine d’un contrat de sécurité intégrée afin de mettre les moyens alloués en face des objectifs de chacun. Je me réjouis, au demeurant, que l’engagement pris par le Premier ministre, avec le ministre de l’Intérieur, ait été tenu et que 20 policiers supplémentaires soient arrivés récemment à Dijon. Mais nous resterons vigilants pour les prochaines années… »
DLH : Lors de la dernière session du conseil départemental, vous êtes montée au front sur le dossier de la LiNo. La majorité départementale n’a pas, selon vous, les moyens financiers pour prendre en charge et faire évoluer cette liaison ?
N. K : « Durant 40 ans, la droite a géré la Ville, le Département et la Région et le dossier de la Lino n’a pas avancé. Il faut s’en souvenir. Et aujourd’hui le Département souhaiterait récupérer la gestion de la Lino… Cela prête à sourire alors que le Département devrait déjà se concentrer sur ses missions principales, à savoir l’action sociale, l’aide sociale à l’enfance, les EHPAD, les grands projets qui concernent l’humain… C’est d’autant plus nécessaire dans le contexte sanitaire que nous traversons. Je n’occulte pas le problème de l’échangeur d’Ahuy qui va être réglé. Une réunion prochaine avec le préfet se tiendra sur ce dossier pour lequel il reste dans le cadre du contrat Etat-Région un peu plus de 3 M€ ».
DLH : Vous ferez partie de celles et ceux qui incarnerez fortement les Forces de progrès lors des échéances départementales qui devraient se dérouler en juin prochain. Eu égard aux conditions sanitaires qui auront des répercussions sur la campagne et l’organisation du scrutin, l’abstention ne vous inquiète-t-elle pas ?
N. K : « J’espère déjà que ces élections pourront se dérouler dans les meilleures conditions au mois de juin lorsque l’on voit l’état d’avancement de la campagne de vaccination. Mais, pour le moment, je me concentre sur les actions pour faire face à la crise sanitaire, économique et sociale ! »
DLH : Et quid des élections régionales qui se tiendront concomitamment ?
N. K : « Ce n’est, là encore, pas le temps de l’élection mais c’est vrai que le moment venu il faudra que la gauche rassemblée et unie soit à la hauteur ! »
Propos recueillis par Camille Gablo