Nadjoua Belhadef, adjointe dijonnaise déléguée au commerce et à l’artisanat, est sur tous les fronts actuellement, eu égard, notamment, aux mesures restrictives dont les professionnels subissent de plein fouet les affres. Dernière en date : le passage du couvre-feu à 18 heures.
Dijon l’Hebdo : Comment allez-vous épauler encore plus les commerçants et les restaurateurs qui dorénavant doivent fermer leurs portes à 18 heures ?
Nadjoua Belhadef : « C’est une véritable double peine pour les commerçants et restaurateurs dont beaucoup avaient fait des propositions pour se réinventer. Parmi celles-ci, le click & collect et la vente à emporter qui représentent un budget notamment en matière de packaging… Ceux que j’ai contactés s’accordent tous à dire que le créneau 18-20 h était très important, car c’est le sortir du travail. Nous attendons d’avoir la preuve de l’efficacité de cette mesure. Les commerçants n’arrivent pas à la comprendre parce qu’elle a été mise en place à la dernière minute. Je comprends que les chiffres évoluent en permanence, qu’il n’est pas évident de se projeter mais les commerçants ont besoin de savoir, d’être rassurés sur la pérennité des aides du gouvernement et des collectivités tout au long de la crise. François Rebsamen l’a dit et je le répète : pour notre part, nous confirmons et confortons nos dispositifs ».
DLH : Où en êtes-vous de la consommation du Fonds de relance économique métropolitain que vous avez mis en place ?
N. B : « Ce Fonds a été abondé à hauteur de 1,5 M€. 780 000 € ont été, pour l’instant, consommés par 68 entreprises. Tout est fait en lien avec la CPME, le MEDEF, la CCI, la CMA, les experts-comptables, ce qui nous permet d’être au plus près des professionnels. Ces aides que nous avons octroyées – jusqu’à 15 000 euros par entreprise – redonnent une bouffée d’oxygène et du baume au cœur. Nous avons également mis en place beaucoup d’exonérations depuis le premier confinement. Sachez qu’eu égard au couvre-feu nous travaillons avec les locomotives du territoire sur des ouvertures plus tôt, le dimanche, et sur la pause méridienne. Nous sommes dans une situation aujourd’hui où nous sommes acculés face à des mesures nationales, sûrement nécessaires en raison de la crise sanitaire, mais qui ne permettent pas à nos chefs d’entreprise de travailler en sérénité. J’en veux pour preuve la question des vaccins ! »
DLH : Vous faites référence au lancement de la campagne de vaccination…
N. B : « Les chefs d’entreprise ne comprennent pas qu’on leur dise que c’est un problème de logistique. Comment est-ce possible, alors que nous sommes la 5e puissance mondiale, d’être, dans ce domaine, derrière des états qui ne disposent pas des mêmes infrastructures ! Nous sommes tout de même ici sur un territoire d’innovation, de recherche, avec un savoir-faire incroyable, des écoles d’ingénieurs… Les chefs d’entreprise nous disent : il faut vacciner et on y va ! Mettre sous perfusion, c’est bien. Il y a eu un vrai accompagnement. Mais nous sommes face à un manque de visibilité, de réactivité et une annonce des décisions sans concertation. Nous sommes face à beaucoup d’incompréhensions. Il y a un décalage avec la réalité du terrain. Nous sommes dans cette situation incroyable alors que chaque jour compte et chaque jour coûte ! »
DLH : Quel message souhaitez-vous adresser aux chefs d’entreprises ?
N. B : « Dijon et la métropole attirent et ce, encore maintenant. Je veux donner un message d’espoir. C’est dur mais nous sommes là aux côtés des professionnels. Les entreprises continuent de proposer, de se projeter. Savoye Logistics va venir se développer en passant de Ladoix-Serrigny à la métropole. Des grandes entreprises lancent des investissements. Je suis contactée par des marques de prêt à porter qui veulent s’installer. Il faut essayer de prendre tout ce qu’il y a à prendre en ce moment. Nous sommes tous dans le même bateau, nous nous soutenons et nous avançons… ».
Propos recueillis par Camille Gablo