Les brèves de Jeanne Vernay

Est-ce bien raisonnable ?

Franchement, de qui se moque-t-on ? Etait-ce bien utile d’aller outre Atlantique chercher un cabinet de conseil américain pour accompagner le gouvernement dans sa stratégie vaccinale. Le cabinet McKinsey toucherait ainsi 2 millions d’euros par mois pour s’occuper du cadrage logistique et de la coordination opérationnelle… On croit rêver ! Et cela au même moment où s’est créé très officiellement le Haut Conseil d’orientation pour la stratégie vaccinale…

On parle volontiers du mille-feuille administratif français. Celui que nous sert la Santé en France est franchement indigeste et a de quoi donner de belles allergies. En dehors du ministère de la Santé et sa cohorte de directeurs, sous-directeurs, chefs de services, attachés, chargés de missions, collaborateurs (trices) divers et variés… n’oublions pas la Direction générale de la Santé, la Direction de la Santé publique, Santé publique France, la Direction de la Haute Autorité de Santé, la Direction de l’Agence nationale sanitaire, la direction de l’Alliance nationale pour les Sciences de la Vie et de la santé, l’Agence Epidémiologie France, le Centre national de Recherche Scientifique en virologie moléculaire, l’Agence nationale de sécurité du médicament et de la santé, le Conseil scientifique de la Présidence de la République, le Haut Commissariat de lutte contre les épidémies, le Haut Conseil de veille sanitaire, l’Agence nationale de Sécurité de Logistique Médicale. Et je suis quasiment sûre d’en avoir oublié. Je n’ose pas imaginer les décisions ou orientations prises par ces organismes. Doivent-elles être soumises à la validation de leurs trop nombreux confrères ? Si oui, ce n’est pas demain qu’on sera vacciné cher lecteur. Ni même après-demain. Une situation qui n’aurait pas manqué d’inspirer Hugo, Péguy ou encore Balzac…

Potiche

Qui a dit que notre ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, ne servait à rien depuis le début de la pandémie ? Un collectif d’artistes pour le moins facétieux vient de lui trouver un rôle conforme à son talent du moment et plus particulièrement « un emploi fictif créé par Jean Castex ». Le spectacle, proposé par la « Comédie du Pouvoir, théâtre privé de public », s’intitule tout simplement « Potiche ». La « mise en pièces » est évidemment signée Emmanuel Macron. N’oublions pas les frais de représentation qui s’élèvent à 12 500 €… même s’il n’y a pas de représentation. On a bien compris que pour ces artistes privés de tout spectacle La République en Marche rime avec la culture à l’arrêt…

Difficile de faire passer la pilule

« Tu vas te faire vacciner toi ? Je sais pas… Peut-être… Et puis non, on ne mesure pas les conséquences… » Ces réflexions, nombreuses, nous les entendons un peu partout. Moi, ça me laisse perplexe tous ces « antivax » qui répandent leurs théories fumeuses sur les réseaux sociaux. Prenons l’exemple de Pfizer. En 1998, ce laboratoire a mis sur le marché une pilule bleue en forme de losange. Ca y est ? Vous vous souvenez chers messieurs qui prenez le viagra pour stimuler vos ardeurs fatiguées ou oubliées ? Est-ce que vous posez au moins la question : « A votre avis, c’est dangereux pour ma santé ? ». Et puis le tabac, l’alcool, le Nutella… et j’en passe tellement la liste est longue… c’est bon pour la santé ? Personnellement, je dirais non mais j’aimerais avoir l’avis des « antivax »…

Ceci dit, les difficultés françaises ne semblent pas avoir surpris grand monde. À l’orée du démarrage de la vaccination en France, le 27 décembre dernier, un media japonais prévoyait déjà que le pouvoir se heurterait à la méfiance historique des Français.

Rhabillé pour l’hiver

Vaccinations encore avec les réactions de la presse internationale qui moque la lenteur de notre pays. Voici un florilège de titres, ou plutôt de scuds, recueillis ici ou là : « Le désastre vaccinal français”, écrit Die Welt à Berlin. Un « scandale d’État », pour The Daily Telegraph à Londres. « Le cercle vicieux de la méfiance française »estime à Bruxelles Le Soir. Et outre-Atlantique, « La France échoue à faire ce qui devrait être sa spécialité”, titre Bloomberg aux États-Unis… C’est ce qu’on appelle « se faire rhabiller pour l’hiver ».

Une dernière pour la route

Allez, encore une petite, une dernière, sur les vaccinations. J’ai bien ri avec ce montage photo qui montre une de nos plus célèbres présentatrices météo devant la traditionnelle carte de France, rebaptisée pour l’occasion « carte des vaccinations ». On peut y lire ainsi les vaccinations recueillies dans les principales villes : 0 à Grenoble, 0 à Strasbourg, 1 à Dijon, 2 à Lyon, 3 à Bordeaux et 6 à Nice qui bénéficie visiblement d’un micro-climat sanitaire…

Calculs et calculs

Notre ami Jérôme n’est pas qu’un spécialiste en informatique. L’humour, il le manie à toutes les sauces. Certes, parfois, ce n’est pas du meilleur goût mais il nous fait rire et c’est bien là l’essentiel en ces temps de déprime. Je ne résiste pas à vous communiquer la dernière recueillie ce dimanche au cours du déjeuner qu’on a pris grand soin à stopper à 17 h 30… Couvre-feu oblige. Notre ami a constaté que les fêtes de fin d’année avaient été un peu chargées… Du coup, il a calculé son IMC (Indice de masse corporelle) : 1 m 80 pour 88 kg. Il est donc en surpoids. Pas grave, Jérôme, c’est quelqu’un qui a une volonté de fer. Il nous a annoncé qu’il attaquait dès cette semaine un nouveau challenge de 6 mois pour atteindre 1 m 89 !

Une histoire de boulanger

C’est une histoire qui m’a émue. Celle de ce jeune Guinéen, apprenti boulanger à Besançon qui s’est vu signifier par les autorités de quitter le territoire français. Son employeur a entamé une grève de la faim et se dit « prêt à tout » pour garder son apprenti dans son équipe. Ca me rappelle l’histoire d’un de nos plus grands humoristes : Fernand Reynaud, né en 1926 et mort en 1973. Si vous êtes trop jeune, allez sur youtube. C’est un grand moment. Ce sketch s’intitule « J’suis pas un imbécile », une vraie leçon contre le racisme. En voici un court extrait : Cela se passe dans un village où vit un « étranger ». « On ne l’appelle pas par son nom, on dit : Tiens, voilà l’étranger qui arrive. Sa femme arrive, on dit Voilà l’étrangère ! Souvent je lui dis : Fous le camp ! Pourquoi tu viens manger le pain des Français ?
Alors une fois au café, il ma pris à part. Je n’ai pas voulu trinquer avec lui, hé, un étranger !
Je ne vais pas me mélanger avec n’importe qui, parce que moi, je ne suis pas un imbécile, puisque je suis douanier. J’aime pas les étrangers qui viennent manger l’pain des français.(…) Un jour , il nous a dit J’en ai ras le bol de vous… Je men vais ! Alors il a pris sa femme, ses enfants, et il est monté sur un bateau, et il a été loin, au-delà des mers. Et depuis ce jour-là, bah on ne mange plus de pain… » C’était le boulanger…