Président de la fédération Les Républicains de la Côte-d’Or, François-Xavier Dugourd est d’ores et déjà en campagne au début de cette année qui devrait voir en juin l’organisation des élections départementales et régionales. Le 1er vice-président du conseil départemental ne mâche pas ses mots quant à la gestion macroniste de la crise sanitaire… Mais pas seulement !
Dijon l’Hebdo : Nous ne pouvons pas débuter cette interview sans évoquer la crise sanitaire. La Côte-d’Or a basculé dans le rouge et glissé vers le couvre-feu à 18 heures. Cela vous inquiète-t-il ?
François-Xavier Dugourd : « Complètement ! C’est extrêmement inquiétant parce que l’on voit bien les atermoiements de la décision publique au plan national. Cette inconséquence a des conséquences très graves sur le terrain. Il y a des problématiques sanitaires mais aussi économiques, sociales, culturelles. Les dégâts sont considérables. Ils le sont aussi sur le plan psychologique. Je sens monter un niveau de désespoir, d’inquiétude, de peur susceptible de se transformer en colère. Je sens vraiment un état d’exaspération de notre pays. La situation des familles, des entreprises, des salariés se dégrade tous les jours et l’année 2021 risque d’être terrible car nous n’en sommes qu’au début des répercussions sur le plan économique. Pour preuve, la progression très importante des demandeurs du RSA. La situation des jeunes nous inquiète aussi et le Département, avec François Sauvadet et la majorité départementale, prendra des mesures fortes lors de la session extraordinaire du 25 janvier pour les moins de 25 ans. Un grand nombre d’entre eux deviennent de plus en plus démunis. Et c’est sans compter l’absence de perspectives ! »
DLH : J’imagine que le début de la campagne de vaccination vous a laissé dubitatif ?
F-X. D : « Je vais essayer de limiter les critiques parce qu’il faut être unis le plus possible. Cependant, depuis le début, la gestion de cette situation sanitaire par le gouvernement, par le président de la République, est catastrophique. C’est hallucinant ! Il y a eu une absence de prévision et d’anticipation, illustrée notamment par les masques puis les tests. Le manque de lits de réanimation est apparu flagrant. Et, aujourd’hui, cette campagne de vaccination pour laquelle nous sommes la risée du monde ! C’est révélateur d’un Etat omnipotent mais qui est souvent impotent en réalité. Nous le voyons tous les jours dans les allers-retours, l’absence de bon sens dans toute une série de décisions. La distinction des commerces essentiels et non essentiels n’était pas bonne. Il fallait prendre plutôt les espaces publics qui protègent les personnes de la pandémie. C’est incohérent et il n’y a aucune vision de terrain. On a le sentiment que ce pouvoir n’a confiance en personne. Il ne fait pas confiance aux élus locaux, aux corps intermédiaires, aux professions médicales pour vacciner… mais, plus largement, il ne fait pas confiance aux Français. Les attestations obligatoires de déplacement multiples et variées, qui sont une spécificité française, ou encore le couvre-feu à 18 h, absurde et dangereux pour la survie de certains commerces ou restaurateurs, montrent que le gouvernement ne fait pas confiance à la responsabilité des Français qui ont compris et respectent les gestes barrières ».
DLH : Le soutien logistique pour le transport des vaccins mais aussi financier proposé par le Département pour la mise en place de centre de vaccinations a-t-il reçu l’aval du préfet ?
F-X. D : « Depuis le début, beaucoup de collectivités se sont impliquées fortement alors que la santé n’est pas de leur compétence. Elles ont vu qu’il fallait pallier les failles de l’Etat. Le Département s’est engagé à travers toute une série d’actions, et notamment sur les masques en lien avec les maires et en direction des collégiens. Nous avons aussi décidé d’aider pour la vaccination. C’est la seule solution aujourd’hui. Il faut qu’elle soit la plus rapide possible. Or l’organisation et les moyens mis en place par l’Etat sont insuffisants. Et le Département a le lien avec les plus fragiles dans son ADN. C’est là aussi hallucinant : nous apprenons que l’Etat intervient dans un certain nombre d’EHPAD sans qu’il ne soit informé alors que, par la loi, nous avons la coordination de la politique gérontologique. Comment un Etat peut se priver de ce capital d’actions, de connaissances et de relais que peuvent avoir les collectivités ! »
DLH : Lors de la session budgétaire du Département, en décembre dernier, la LiNo a suscité de vifs échanges. Votre souhait est-il toujours d’en faire une 2x2 voies et de modifier le rond-point d’Ahuy ?
F-X. D : « Dans ce dossier qui date de 40 ans, le Département a toujours été moteur alors que l’on ne peut pas dire que le maire de Dijon a encouragé ce projet dès l’origine. Nous avions réussi à l’époque à obtenir une déclaration d’utilité publique à 2 x 2 voies. Avec les freins mis par la mairie de Dijon, sous la pression des écologistes, certaines parties du trajet ont été limitées à 2 x 1 voie. A l’époque, au conseil municipal de Dijon, je me souviens de mes interventions où j’expliquais que c’était contre-productif d’un point de vue écologique, puisque cela allait provoquer des bouchons et donc de la pollution. C’est exactement ce qui se passe… C’est la raison pour laquelle, avec François Sauvadet, nous sommes prêts au Département, bien que ce ne soit plus de notre compétence, à nous investir sur ce dossier avec les autres collectivités… »
DLH : Eu égard aux récentes déclarations de François Sauvadet, on pouvait penser que les relations s’étaient apaisées entre le Département et la Ville de Dijon…
F-X. D : « Je crois qu’en fait du côté de la mairie de Dijon c’est compliqué. On voit bien que le maire de Dijon n’aime pas le Département. C’est viscéral. Il a essayé de nous éliminer par les urnes, il n’y est pas arrivé. Aujourd’hui, il essaye par la loi sur les métropoles. Nous sommes là, il va falloir qu’il s’y habitue encore un certain nombre d’années parce que je pense que nous avons un rôle important à la fois sur l’action sociale, sur la jeunesse mais aussi sur l’équilibre du territoire. Le département de la Côte-d’Or a une vraie vocation : c’est le lien entre la ville et la campagne. J’aime Dijon, je suis un urbain mais je sais que l’on ne peut pas se passer du milieu rural. Le Département a besoin d’une métropole qui soit forte, plus forte qu’aujourd’hui, mais aussi d’un territoire rural qui travaille étroitement avec le milieu urbain ».
DLH : Les élections départementales (et régionales) devaient se tenir en juin. Rien n’a encore été officialisé. Comment mener campagne dans un tel contexte d’incertitudes ?
F-X. D : « Je vais déjà être intéressé par ce que diront les candidats issus de la majorité municipale dijonnaise. Il va falloir qu’ils nous expliquent comment ils peuvent se présenter aux élections départementales alors que leur patron pense qu’elles sont inutiles puisque le Département n’a pas d’intérêt. La problématique de santé est primordiale mais, néanmoins, la vie démocratique doit se poursuivre. Cela ne sera pas simple parce que la parole publique, avec les atermoiements du gouvernement, est décrédibilisée et le climat de peur qui s’est installé partout n’est jamais bon pour faire un choix serein. Eu égard à la situation sanitaire, il faudra aussi trouver des moyens, à la fois pour la campagne et l’organisation du scrutin, afin que se déroulent dans les meilleures conditions ces élections ».
DLH : On voit en tout cas que la campagne est lancée. Allez-vous présenter un nouveau binôme sur votre canton ?
F-X. D : « C’est un peu tôt. Il faudra que vous demandiez à Danielle Darfeuille avec laquelle je travaille depuis des années en formidable intelligence. C’est une personne avec des qualités humaines exceptionnelles. Elle fera part de sa décision dans les semaines à venir. Je peux vous annoncer pour ma part que je suis candidat… »
DLH : Lors de la dernière visite de Gérard Larcher, vous avez lancé qu’il « y avait une occasion en or à ne pas manquer » lors des élections régionales. En êtes-vous encore convaincu ?
F-X. D : « Oui ! Il existe une vraie opportunité pour changer les choses dans cette région. Une région qui ronronne, et je dirais même pire sur un certain nombre de sujets. Il est capital qu’il y ait un nouveau souffle. Nous pouvons l’impulser avec Gilles Platret, avec Jean-Marie Sermier. Une belle alliance de la droite et du centre peut gagner cette région. L’objectif n’est pas de la gagner mais de mener une politique qui soit tout autre, en particulier dans le domaine économique, de l’attractivité du territoire et en matière touristique… Mais cela ne va pas être simple, eu égard au contexte national et aux votes extrêmes qui ont déjà été forts précédemment et qui peuvent peut-être être renforcés par la situation nationale ».
DLH : En vue de la présidentielle de 2022, il manque une figure tutélaire dans votre parti. Là, ce ne sera pas simple non plus…
F-X. D : « C’est sûr que l’on ne trouve pas un Sarko tous les matins ! Comme beaucoup de formations politiques, notre mouvement a connu des difficultés. C’est vrai que la présidentielle et les européennes ont été dures pour nous. Mais un vrai renouveau s’est enclenché en profondeur. Un travail de fond est mené en terme de projet mais l’une des clefs pour gagner la présidentielle est l’incarnation de ce projet. Et c’est vrai que ce n’est pas simple de trouver le profil. Il y a beaucoup de talents dans notre mouvement ou dans les gens qui sont proches de nous. Il faut arriver à trouver le meilleur d’entre nous, enfin d’entre eux. Les élections régionales vont être intéressantes puisque des leaders régionaux sont de potentiels candidats à la présidentielle. Beaucoup aurait aimé, moi le premier, que François Baroin se décide mais peut être que ce n’est pas totalement perdu… Je reste confiant parce que nous avons des gens d’à peine 40 ans qui représentent de vrais talents. Beaucoup de choses s’éclairciront au printemps… »
Camille Gablo