Vœux impies… et jeux interdits

Je rêve… Je rêve pour m’évader de la nébuleuse Covid. J’émets des vœux pas forcément pieux, car j’en ai par-dessus la tête de cette absence d’adrénaline ainsi que de ce manque d’audace qui marquent au fer rouge la période. Le virus nous contraint à vivre trop tièdement, trop précautionneusement. Sans intensité ni audace – alors que c’est le sel de la vie !

Est désormais déclaré hérétique tout quidam qui franchira le plus petit des tabous. Prenons un cas tout simple : en ménagère modèle, j’aime aller au Marché des Halles régulièrement. Et pour conclure en beauté mon achat de salades / courgettes, que faisais-je avant que ne soit instauré le black-out total sur les bistros ? Eh bien, je m’offrais un expresso au zinc d’un café… Avec le recul, ce geste anodin me semble d’un hédonisme insensé propre à Grandgousier, le héros de Rabelais. Notre liberté d’action, tout comme notre opportunité à grappiller une nanoseconde de plaisir rétrécissent comme peau de chagrin… Or, justement il m’est apparu l’urgence absolue de prier Saint-Sylvestre d’accorder à nouveau ces petits bonheurs du jour, ces grands riens riches en émotion et bien d’autres comme… Oui, comme ? Celui de pouvoir à nouveau musarder dans les musées dijonnais au gré des envies du moment : un jour -je l’espère- je grimperai à nouveau jusqu’à la donation Granville au Musée des Beaux-Arts, puis j’enclencherai sur la magnifique collection des Primitifs ; un autre, je filerai au Musée Magnin pour me réjouir l’œil des peintres de l’Ecole Vénitienne ou ceux de la France des 17ème et 18ème . J’éprouve la nostalgie des visites guidées et des conférences – aujourd’hui réfugiées dans les sous-sols de ma mémoire. Il s’agit-là d’un temps heureux et libre pas si lointain, mais désormais absent de la vie. Je croise les doigts pour que le magicien Vaccin terrasse une bonne fois pour toutes la Fée Covid-Carabosse… Vous l’avez compris : vivre à l’air libre, c’est retourner au concert, au ciné – même si je suis devenue addict à « Canal+ à la Demande », au plus fort de mes soirées covidiennes. C’est ainsi que je me glisse avec bonheur et volupté dans les épisodes du « Bureau des Légendes ». C’est fantastique, car tout est permis sur la planète de ces agents doubles ou de ces espions machiavéliques qui avancent, eux aussi, masqués, mais dans un tout autre brio que le nôtre ! Alors mettons-nous vite-vite en mode « Alien 4 La Résurrection » et souhaitons-nous une France dopée à la vitamine C et à l’enthousiasme, dès le 1er janvier prochain. Voilà le vœu ultime que j’accroche aux douze branches de l’arbre de vie 2021…

M-F. P