Jean Battault : « A la santé de l’édition 2021 ! »

La Foire aura 100 ans l’an prochain…

Dijon l’Hebdo : Quel est votre état d’esprit à ce moment qui aurait dû être marqué par l’ouverture officielle de la Foire internationale et gastronomique de Dijon ?

Jean Battault : « Evidemment beaucoup de tristesse, d’amertume et de déception. Je pense évidemment à toutes celles et tous ceux qui font le succès de la Foire : les visiteurs, les exposants, les bénévoles… Comme toute l’équipe de Dijon Congrexpo, ils sont absolument désolés. Désolés d’avoir été prévenus aussi tardivement, désolés de ne pas participer à ce qu’ils appellent leur grande fête annuelle. Je pense à tous ceux qui avaient préparé la Foire avec le professionnalisme, la rigueur, la minutie que l’on sait. L’Amicale des cuisiniers de Côte-d’Or qui a travaillé d’arrache pied pour faire aboutir des recettes à faire saliver les visiteurs, pour doter les concours de lots importants… La fédération des chasseurs qui fait de la Foire un podium pour mettre en avant tous les efforts consentis pour la préservation de la nature… Je pense aussi aux commerces du centre ville qui ne bénéficieront pas des retombées de l’événement… On retire le micro à tous ces gens-là. C’est dommage. Mais il faut penser à demain. Et tout le monde a en vue l’édition 2021 qui marquera le 100e anniversaire de la création de la Foire. Et là, on veut être à la hauteur de l’événement ! »

 

DLH : L’Irlande qui a également fait les frais de l’annulation de la Foire peut-elle être l’invitée d’honneur de l’édition 2021 ?

J. B : C’est à voir mais c’est encore un peu tôt pour le dire. Posons nous toutes les questions. Faut-il un hôte d’honneur pour célébrer cette centième édition ? Gastronomie, convivialité, promotion des produits locaux… N’est-ce pas là tout simplement la thématique du 100e anniversaire ? La décision, nous la prendrons en concertation avec nos partenaires. Il ne sera pas question de bousculer tout ce qui motive nos visiteurs. On ne touchera évidemment pas aux incontournables que sont le Grand prix de la gourmandise, la table de Lucullus, la journée de la chasse, le pavillon du conseil départemental qui fait la promotion de tous les produits de Côte-d’Or… Mais ce sera peut être l’occasion, tout en conservant les grands axes qui font la réputation et le succès de la Foire, de proposer des concepts additionnels même si la Foire se renouvelle d’elle-même, naturellement. Nous avons, chaque année, 20 % des exposants qui n’étaient pas présents à la précédente édition ».

 

DLH : L’annulation de cette édition 2020 n’empêche pas certains commerces de faire quand même la Foire, à leur façon, en proposant des promotions, des tarifs spéciaux comme si l’événement se déroulait normalement…

J. B : « C’est important de le signaler car c’est la démonstration que la Foire est un vrai temps fort qui manque terriblement dans la démarche commerciale des acteurs économiques locaux. Un certain nombre d’entre eux s’approprie, peu importe et, finalement, tant mieux, l’événement dont l’absence fait cruellement défaut. D’une certaine manière, je considère cela comme une reconnaissance. Lorsque j’évoque les 6 millions de chiffres d’affaires induits et leur retombée sur l’agglomération dijonnaise, c’est bien la preuve de leur réalité.

Le temps de la Foire est un temps fort pour le commerce du centre ville et pour le commerce en général. On ne le dit pas assez. Je ne veux pas remonter à l’époque de la « Quinzaine commerciale » durant laquelle la synergie était évidente. Je ne peux que me féliciter du partenariat renforcé ces dernières années avec Shop in Dijon et son président Denis Favier. Cela faisait un moment que j’incitais la ville commerçante à se mettre au ton et au rythme de la Foire gastronomique. Nous y sommes parvenus avec bon nombre de magasins qui ont su relayer l’événement au travers d’une animation et d’une décoration particulière. C’est un vieux rêve qui est devenu réalité ».

 

DLH : La Foire, c’est le premier événement populaire de Bourgogne – Franche-Comté mais pas que…
J. B :
« La Foire, ce n’est pas uniquement un événement contenu dans l’enceinte du Parc des Expositions. C’est quelque chose qui dépasse largement les contours de la ville. C’est aussi un état d’esprit. Qui mobilise les restaurateurs, les chocolatiers… sans oublier le monde agricole qui trouve là un formidable moyen de s’exprimer et de montrer la qualité de ses productions.

On s’interroge beaucoup sur la motivation des gens à venir à la Foire. Cette motivation n’est pas forcément celle qu’on imagine. Elle est irrationnelle. On s’aperçoit que c’est sentimental. Beaucoup de visiteurs ont connu la Foire quand ils étaient enfants. Ils y vont aujourd’hui en famille, avec des amis. On voit d’ailleurs une sociologie différente en fonction des heures d’ouverture et pendant les nocturnes.

J’attribue ce succès à notre capacité à réunir tout ce qui est satellite à la Foire. Je les ai cités : l’Amicale des cuisiniers, la fédération des chasseurs, le Grand prix de la Gourmandise qui est une manifestation nationale et, plus largement, tous ceux qui utilisent la Foire, notamment beaucoup de bénévoles, pour faire la promotion de leurs beaux produits ».

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre