Thierry Falconnet : « Nous devons être offensifs »

Maire de Chenôve et Vice-président en charge du renouvellement urbain, des mobilités et des transports de Dijon métropole, Thierry Falconnet a décidé d’impulser un « tournant » durable à Chenôve. Pour favoriser la transition énergétique mais aussi pour arriver au 100% bio dans les cantines scolaires, il compte bien mettre en œuvre nombre de mesures environnementales fortes.

Dijon l’Hebdo : La transition énergétique représentait le 2e engagement fort de votre programme municipal. C’est dire à quel point cette question vous tient à cœur…

Thierry Falconnet : « Chenôve doit et va s’engager résolument dans la transition écologique afin de répondre à l’urgence environnementale, énergétique et au réchauffement climatique. Il est évident que nous devons agir sans attendre. À titre personnel, depuis longtemps, jen suis fermement convaincu. Bien évidemment, il y a eu les accords de Paris sur le climat, la COP 21, etc. Le cadre nous est donné par la politique internationale, nationale voire régionale, mais l’action locale est primordiale. Ensuite – et c’est au cœur de mon engagement et de celui de la majorité municipale –, la préoccupation écologique et environnementale doit en priorité s’adresser aux catégories sociales les plus défavorisées. Elle ne doit pas être l’apanage de celles et ceux qui ont les moyens de rénover leur logement pour se protéger des effets du réchauffement, qui ont la possibilité d’aller régulièrement sur des marchés bio pour s’alimenter de manière saine et équilibrée… Elle doit s’adresser aussi aux populations de nos quartiers et communes populaires. C’est un discours que je porte et ce sont des actes que je pose. C’est cela, à mes yeux, la social – écologie. La discrimination face à la transition écologique existe aussi ».

 

DLH : Quelles actions envisagez-vous pour faire perdurer le « poumon vert » de la métropole ?

T. F : « Je n’aime pas forcément l’expression « poumon vert », mais nous avons la chance d’avoir, sur Chenôve, un espace naturel protégé depuis très longtemps, le Plateau, qui avait subi une catastrophe en 2015 avec un incendie ayant détruit plus de 80 ha sur l’ensemble des communes du SIPLASUD (Syndicat intercommunal de sauvegarde et de mise en valeur du Plateau du sud dijonnais). Nous allons mettre en œuvre le Plan de gestion du Plateau en accord avec les communes composant le syndicat (1) et plus particulièrement Marsannay-la-Côte qui fut la plus touchée par l’incendie avec Chenôve. Ce sont des investissements importants, en lien avec Natura 2000, notamment en matière de protection de la biodiversité, des pelouses calcaires. Nous disposons d’un environnement naturel unique en Europe par sa faune et sa flore sur lequel nous allons replanter près de 20 ha de forêt… »

 

DLH : Pouvez-vous nous détailler quelques-unes des actions phares que vous allez mettre en place ?

T. F : « La transition écologique passe par des politiques publiques exemplaires. Nous sommes en 0 phyto depuis plus de 10 ans et nous avons été la 2e commune de la métropole à prendre un arrêté anti-glyphosate, Nous allons continuer dans cette voie en arrêtant l’utilisation de produits chimiques pour l’entretien des bâtiments communaux. Nous mettons en place pour les manifestations, lorsqu’elles pourront se tenir, des critères d’éco-conditionnalité. Nous menons une politique d’achat responsable en limitant les effets du gaspillage. Nous privilégions les matériels robustes et biosourcés, les consommables rechargeables, réutilisables, nous groupons les commandes notamment en utilisant la centrale d’achat de Dijon métropole. Pour les projets de construction que nous allons mener le futur gymnase du Mail, le centre de loisirs du Plateau que nous allons reconstruire suite à sa destruction partielle en mars 2020 ou encore l’école des Violettes – nous introduisons systématiquement le critère d’éco-performance dans le cahier des charges de nos marchés publics. La municipalité, par les projets qu’elle impulse, par son comportement, par son train de vie, doit être l’exemple que les habitants, que les acteurs économiques, associatifs, peuvent suivre ».

 

DLH : Comment allez-vous lutter contre les effets de la canicule ?

T. F : « Nous allons créer de nouveaux îlots de fraîcheur et poursuivre ainsi le mouvement engagé sur le précédent mandat afin d’adapter notre ville à l’urgence climatique. Nous avons planté la première forêt comestible de la métropole dans le quartier Édouard-Herriot avec l’association Pirouette Cacahuète. Il faut donner les moyens à l’ensemble des habitants de pouvoir se protéger et cela ne doit pas passer par une généralisation des climatisations qui, faisant du frais à l’intérieur mais rejetant de la chaleur à l’extérieur, œuvrerait contre le climat. Je préfère une politique basée sur la végétalisation, de renaturation de la ville. Et je veux évidemment citer notre futur parc à l’emplacement du centre commercial Saint-Exupéry où 4 ha seront végétalisés. C’est un projet d’ampleur qui est qualifié de pharaonique par mes adversaires politiques mais, en matière de transition écologique, nous ne pouvons pas faire dans la demi-mesure. Nous avions là un espace de béton, de bitume, et nous allons le transformer en un espace paisible, avec des arbres, des bosquets, des lieux où les familles, les enfants pourront se promener et profiter de la nature en ville. C’est un véritable écosystème que nous allons créer et un formidable défi que nous allons relever avec la SPLAAD dans le cadre du réaménagement de la centralité ».

 

DLH : Les enjeux environnementaux passent également par une sensibilisation forte des habitants…

T. F : « Je souhaite que les habitants soient parties prenantes de ces politiques publiques. C’est à mettre en relation avec tous les conseils participatifs que nous avons mis en place. C’est une préoccupation réelle et pas seulement électorale parce que l’écologie est l’affaire de tous. Nous avons inscrit dans notre programme la création d’un Observatoire de la transition écologique à Chenôve afin de pouvoir évaluer, impulser de nouvelles actions à l’initiative des habitants et ajuster nos politiques tout au long du mandat. Avec un adjoint en charge d’une délégation à la transition écologique et un conseiller municipal délégué au projet alimentaire de territoire, j’ai donné des signaux forts au-delà de la participation d’Europe – Ecologie-Les Verts à la majorité. Je ne suis pas un collapsologue, adepte de la théorie de l’effondrement total. Je ne souhaite pas que nos enfants vivent cela. En revanche, ce dont je suis convaincu, c’est qu’il faut agir fortement à l’échelle locale. Quand la région nous dit qu’il faut que l’on soit très exigeants sur des critères d’éco-responsabilité, je trouve que c’est une bonne chose. Le fait que nous ayons obtenu une subvention importante de sa part pour la reconstruction du gymnase du Mail, c’est certes une contrainte. Mais cette exigence représente aussi une incitation qui permet de faire avancer les choses, même si je ne suis pas partisan de l’écologie punitive. Nous serons offensifs sur ces questions car c’est l’avenir de notre planète, de notre jeunesse, de nos enfants, qui est en jeu ! »

Propos recueillis par Camille Gablo

 

« Un virage que l’on devra prendre »

DLH : Vous êtes 2e vice-président de Dijon métropole en charge notamment des transports et des mobilités. J’imagine que c’est un domaine où vous œuvrez aussi durablement…

Thierry Falconnet : « La question des mobilités est évidemment essentielle. Je souhaite que nous envisagions aussi la ville en termes de cheminements piétons et cyclables. Nous sommes aussi en relation avec l’association EVAD. Nous allons réhabiliter un certain nombre de voies sur la commune et pas des moindres. Je peux citer la requalification de l’avenue Roland Carraz qui sera orientée vers une utilisation plus intense des transports en commun avec, peut-être demain, des bus à hydrogène, et après-demain un prolongement de la ligne T2 du tram. J’ai toujours en tête cette volonté que je sais aujourd’hui envisagée par la métropole d’aller plus loin dans la desserte du Sud de l’agglomération et de transformer ce secteur en une véritable entrée Sud où on pourra laisser son véhicule et circuler grâce aux transports en commun. C’est une réflexion en cours. La situation sanitaire et ses conséquences financières n’aideront certainement pas à réaliser de tels investissements mais là-aussi, en termes de transition écologique, c’est un virage que l’on devra prendre ».

 

« Le passage au 100% bio »

DLH : Pourquoi avoir inscrit fortement Chenôve dans le projet TIGA d’alimentation durable de la métropole ?

T. F. : « Je l’ai inscrit volontairement dans le programme municipal afin de favoriser le passage au 100% bio dans nos cantines scolaires. Nous devons travailler d’arrache-pied avec Dijon métropole sur le projet d’auto-suffisance alimentaire porté par François Rebsamen et son conseil métropolitain. Aussi avons-nous fait des propositions d’aménager la zone Europa en zone de maraîchage bio, en permettant à des jeunes agriculteurs de s’installer et d’y pratiquer une agriculture raisonnée afin d’alimenter la métropole et la ville de Chenôve. Nous allons par exemple renouveler notre marché public de restauration scolaire qui sera clairement marqué par cette volonté ».