Le nez sur le guidon

Vous avez aimé le Tour de France 2019, vous vibrez depuis la fin août à chaque étape du millésime 2020. Vous avez bien raison ! Mais savez-vous que cela fait de vous un ringard, un esprit arriéré ? C’est ce qu’a affirmé – pour justifier le refus d’accueillir le départ de l’édition 2021 – la maire socialo-écolo de Rennes, Nathalie Appéré. Dénonçant un «événement du passé et arriéré, générateur de pollution ». Pourtant en 2015, Bernard Hinault, lors d’une 8e étape à Rennes précisément, lui avait remis un maillot jaune. A l’époque, elle clamait haut et fort son enthousiasme pour cette « fête sportive si populaire ». Aujourd’hui, notre Nanard national lui colle à juste titre un carton rouge et lui demande de « fermer sa gueule » (sic). Voilà qui est envoyé ! D’où vient l’incohérence de la dame ? La faute à qui ? Aux Tables de la loi promulguées par les écolos auxquels elle a dû se rallier afin de décrocher son actuel deuxième mandat. Le plus abracadabrantesque, c’est que rien n’est plus « biotiquement » correct que le deux-roues et qu’au cours de ses deux campagnes municipales Madame la Maire avait enfourché le slogan : « Rennes capitale de la bicyclette et ville exemplaire pour l’empreinte carbone ». Il s’agissait bien sûr de s’attirer le vote d’électeurs défenseurs du tout-vélo. Nul doute ! Ceux-ci apprécieront de voir le Tour 2021 leur passer sous le nez au profit de Brest.

Pourquoi Madame la Maire a-t-elle ainsi lâché les freins ? La réponse est simple : pour garder sous sa coupe l’actuel conseil municipal prompt à la contestation, elle n’a pas hésité à se parjurer et se mettre dans la roue de l’un de ses adjoints verts bon teint, qui s’est plu à prononcer devant des représentants de la presse locale la sentence lapidaire : « le Tour de France = argent roi, sponsoring, business télé, dopage ». On mesure là toute l’ineptie d’une pseudo-morale intégriste, la faiblesse d’un argumentaire éculé. A défaut de posséder de solides bases en matière d’économie ou de gestion municipale prospective, les Verts s’acharnent ainsi à bousiller la joie ainsi que les plaisirs que procure au public le Tour de France.

Conseil du jour : que ces ayatollahs du mal-vivre étriqués dans leurs tristes diktats se mettent en jachère ou aillent au diable vauvert…

Ne quittons pas le monde politico- sportif : abordons le récent… lâcher de ballons du siècle PSG / Bayern Münich. Là encore, l’intolérance, le « clubisme » apparaissent comme les nouvelles plaies de la société française : avant de se rétracter sous la pression populaire, le préfet des Bouches du Rhône avait interdit le port du maillot du PSG dans les rues de Marseille – redoutant que ce gadget vestimentaire soit assimilé à une déclaration de guerre par les supporters de l’OM !

Foot toujours, on se souvient des nombreux cocoricos poussés par les média et les politiques – dont l’incontournable milieu de terrain Jean Castex – juste avant le choc des titans PSG / Bayern Münich. Tout ce joli monde avait soigneusement occulté le fait que le club parisien n’a plus grand-chose de français avec un financement 100% qatari… On connaît l’issue du match pour lequel les pouvoirs publics avaient mis le paquet : déploiement à Paris de trois mille policiers afin de contrer les actes de violence et distribution gratuite de deux mille masques chirurgicaux pour tacler Covid dossard 19 ! Mazette ! On se demande où se situe la logique des politiques, quand on voit le 1er Ministre ainsi que Jean-Michel Blanquer refuser la gratuité desdits masques aux jeunes élèves et adolescents scolarisés. Lorsque les historiens du futur décrypteront le déroulé de l’An 1 du Coronavirus, quel jugement porteront-ils sur une époque où le vainqueur de l’étape du jour du Tour 2020 est dorénavant accueilli sur le podium non plus exclusivement par de jolies hôtesses mais également par des jeunes hommes ? Et ce, au nom d’une ridicule application des textes parité hommes/femmes. Décidément le 21ème siècle a le nez sur le guidon !

Marie-France Poirier