Première commune de Côte-d’Or à s’être inscrite dans la démarche Agenda 21 et, depuis, citée aux Nations-Unies parmi les 3 exemples français pour l’Agenda 2030, Longvic a le développement durable chevillé au cœur. La première adjointe, Céline Tonot, nous détaille les engagements de cette commune, qualifiée de « ville nature », contre le réchauffement climatique et pour la préservation de la planète.
Dijon l’Hebdo : Longvic est présentée comme une « ville nature » par excellence. Est-ce parce que vous avez toujours été pionniers sur les démarches Agendas (21 puis 2030) mis en place par l’ONU pour intégrer les principes du développement durable dans les politiques publiques ?
Céline Tonot : « Nous nous sommes engagés dans cette démarche depuis 1995 avec Michel Etievant. A l’époque, nous parlions de Charte de l’Environnement, qui était essentiellement centrée sur le cadre de vie des Longviciens. L’amélioration de la qualité de vie est évidemment toujours d’actualité, parce que c’est le but lorsque l’on gère une collectivité, mais, en parallèle, nous avons souhaité travailler afin d’être en phase avec les Nations Unies qui se sont projetées au XXIe siècle avec les Agendas 21 et, depuis 2015, avec l’obligation pour l’ensemble des acteurs publics – Etats, collectivités, etc. – de s’inscrire dans une démarche d’Agenda 2030. Pour notre part, nous avons écrit notre agenda 2030 dès juin 2018 pour le finaliser en novembre. Longvic a été la première commune de Côte-d’Or à se doter d’un Agenda 21. Et nous avons encore été pionnière pour l’Agenda 2030. Pour preuve, nous sommes cités dans le rapport annuel que l’Etat français remet aux Nations Unies afin de faire un état des lieux du respect des engagements. Dans ce rapport figurent trois exemples : Strasbourg, Montpellier et Longvic ! Nous sommes très régulièrement conviés à Paris au Commissariat Général du Développement durable afin de pouvoir exposer la manière dont nous avons travaillé. L’objectif étant qu’ensuite les acteurs du territoire puissent s’inspirer de notre démarche ».
DLH : Comment avez-vous traduit localement l’Agenda 2030 ?
C. T : « La partie développement durable revêt trois aspects : l’économie, le social et la préservation des ressources. Au total, l’Agenda 2030 des Nations-Unies représente 17 objectifs de développement durable. Et les objectifs longviciens s’inscrivent dans ceux-ci afin de transformer durablement la ville. Nous sommes ainsi par exemple en train de réaliser l’écoquartier Les Pommerets à taille humaine. Lorsque l’on parle d’écoquartier, il s’agit normalement d’un lieu avec une forte densité. Nous avons choisi, pour notre part, de répondre à des demandes de Dijon métropole afin de pouvoir avoir des maisons particulières. Il y aura certes du collectif mais tout cela répond à un cahier des charges très stricte que nous avons écrit avec l’aménageur où toutes les normes environnementales devront être respectées. Nous avons même travaillé avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) sur ce dossier. Nous ferons également dans les prochaines années un nouvel écoquartier sur Valentin, un quartier dit « caserne » qui a été laissé par l’armée suite au départ de la BA 102. Nous voulons le renouveler mais avec une véritable dimension durable et une plus grande ouverture sur la ville ».
DLH : Quelle a été l’implication des habitants dans la réalisation de l’Agenda 2030 ?
C. T : « L’élaboration de nos Agendas s’est fait grâce à des réunions de créativité avec les habitants. L’éco-construction est dans nos gènes. Pour l’Agenda 2030, nous avons tout de même enregistré plus de 200 contributions. Et, eu égard aux attentes des Longviciens, à savoir, en premiers, le cadre de vie et la santé, nous avons mis en place un référent technique Agenda 2030 et une référente Santé. Pour l’implantation de panneaux photovoltaïques, les habitants peuvent ainsi se tourner vers notre référent technique. Et comme nous allons aussi en doter l’hôtel de ville, afin d’être pleinement autonome, nous aurons un panneau information présentant notre production et notre consommation afin de sensibiliser nos concitoyens. Rénovéco, de la métropole, effectuera également une permanence à Longvic… »
DLH : Dans « ville nature » figure évidemment la dimension espaces verts. Est-ce le levier principal que vous utilisez afin de lutter contre le changement climatique ?
C. T : « Notre préoccupation d’implantation de parcs au sein des quartiers est permanente. Nous souhaitons verdir la ville le plus possible. Sachez que nous avons un tiers de notre surface qui est végétale. Nous allons continuer. Nous avions déjà réalisé un projet avec Forestiers du Monde le long de la Coulée verte et nous avons d’autres lieux possibles au sein même des quartiers sur lesquels nous envisageons de faire de même. Notre objectif est de végétaliser mais aussi de créer des îlots de fraicheur, comme nous l’avons fait place Diawara dans le quartier du Bief du Moulin, afin que les Longviciens puissent vivre au mieux les épisodes de canicule. Notre objectif est que chaque quartier et que chaque école disposent de leur espace ombragé ».
DLH : Qu’avez-vous également mis en place pour le développement des modes de transport doux ?
C. T : « Durant ce mandat, nous allons œuvrer de façon importante pour le vélo. Je rappelle que Longvic a été la première commune de la métropole à avoir des pistes cyclables – rue Armand-Thibaut – et nous avons une politique de soutien d’achat. Nous avons inscrit pour la 2e année une enveloppe de 8000 euros à cette fin dans notre budget. Celle-ci concerne à la fois le vélo classique et le vélo électrique neuf et d’occasion. Les aides peuvent atteindre pour un vélo classique jusqu’à 50% du montant total dans la limite de 150 € et pour un vélo électrique jusqu’à 25% dans la limite de 300 €. Nombre des demandes émanent de quartiers populaires et c’est une belle satisfaction pour nous. Nous avons créé un groupe vélos au sein de la commune, avec des élus, des agents et de membres du conseil citoyen. Nous avons ainsi travaillé, à nouveau en concertation, sur les lieux d’implantation les plus adaptés des stationnements vélos. Nous avons également réalisé une chrono-carte afin de connaître les temps de déplacement jusqu’aux sites importants de la métropole, à l’instar de l’Université. Tout cela est en lien avec les pistes cyclables et l’axe vert que nous voulons réaliser…
DLH : « Pouvez-vous nous en dire plus sur cet axe vert ?
C. T : « Celui-ci démarre du canal, passe par l’écoquartier du Bief du Moulin, la mairie, la passerelle sur l’Ouche que nous avons implantée dans la continuité, puis le quartier des Prévots. Et, à travers champs, il rejoint enfin le collège. Inscrit dans le PLUI-HD, il sera finalisé à l’issue du mandat et, à terme, les trois écoquartiers seront reliés par une voie réservée exclusivement aux modes doux. En synergie très forte avec Dijon métropole, nous nous penchons aussi sur un autre axe de taille, les voies de halage le long du canal, qui, depuis l’aéroport, mènent jusqu’à la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin. Il faut valoriser ce parcours… Et nous travaillons aussi avec la Région et la métropole à l’installation d’une halte ferroviaire mais c’est un dossier qui nécessite du temps ».
Propos recueillis par Camille Gablo
Alimentation durable : « Longvic renouera avec ses racines »
Dijon l’Hebdo : Vous êtes également particulièrement attachée au développement de l’alimentation durable…
Céline Tonot : « Le projet qui me tient particulièrement à cœur car il dépasse Longvic et s’intègre parfaitement dans la métropole est, en effet, le système alimentaire durable à l’horizon 2030. Il était prévu initialement à côté de l’écoquartier Les Pommerets d’autres zones à urbaniser. Nous les avons, à travers le PLUI-HD de la métropole, réorientées vers des zones agricoles. Par ce bais, Longvic renouera avec ses racines puisque, historiquement, nous sommes une ville de maraîchage. Produire local, produire différemment, avec, pourquoi pas, de la permaculture, mais aussi produire en ayant recours à l’insertion… tel est le tournant durable que nous voulons prendre. Nous avons depuis 6 ans mis à disposition un terrain municipal à un maraîcher qui fait un panier hebdomadaire que l’on peut retrouver sur le marché de Dijon. Nous avons aussi un jardin partagé au cœur du Bief du Moulin où les gens du quartier travaillent déjà en permaculture. Et je veux rappeler que le canton de Longvic est un canton particulièrement agricole. C’est aussi la raison pour laquelle nous souhaitons prendre toute notre part au projet alimentation durable. Comme le dit fort justement mon collègue Christophe Lucand, le canton de Longvic est une petite Côte-d’Or. On y trouve la Ville, l’industriel, la campagne, le viticole, le terroir… Avec Gevrey-Chambertin, nous disposons tout de même du canton disposant du nombre de grands crus (9) le plus important de France. Nous sommes reconnus au niveau des Climats par l’Unesco et, dans le même temps, l’ONU nous reconnaît pour notre Agenda 2030. Notre engagement doit être à la hauteur ! »