Thierry Falconnet : « Chenôve se relève toujours ! »

Réélu avec 66,25% des voix dès le premier tour des élections municipales, Thierry Falconnet a dû tout de suite gérer la période de confinement. Et il a dû « faire face » à la fois pour lui, puisqu’il a été frappé très rapidement par le Covid-19, mais aussi pour l’ensemble de ses concitoyens… Chenôve a, notamment, montré l’exemple pour les populations les plus fragiles. Passé le déconfinement, une nouvelle crise lié à l’épisode dit « tchétchène » s’abattait sur la Cité des Bonbis. Et là aussi, le maire est monté au créneau et sa voix a porté…

Dijon l’Hebdo : Vous vous souviendrez longtemps, j’imagine, à la fois de votre élection et de la semaine qui a suivi…

Thierry Falconnet : « C’est une période inédite, donc forcément nous n’y étions pas préparé. Mettre entre parenthèses le pays, confiner la population avec des règles assez drastiques justifiées par l’urgence sanitaire était une situation où un maire ou n’importe quel élu n’était pas préparé. J’ai été élu le 15 mars et la France a été confinée le 18. Dès le lundi matin, il a fallu préparer le confinement. Le retour aux réalités fut donc très brutal. Il nous fallu préparer les mesures de protection de la population et envisager une organisation interne de confinement, c’est à dire mettre quasiment toute la machine municipale en sommeil tout en gardant une capacité d’action suffisante pour affronter ce que nous ne savions pas ce que serait le confinement. C’était une équation avec de multiples inconnues. Pour ce qui me concerne, très vite, j’ai été malade. Quatorzaine, isolement complet… je suis malgré tout resté en contact avec ma première adjointe et le directeur général des services dont je salue l’action durant ce temps de vacance ».

 

DLH : Comment êtes-vous venu en aide aux populations les plus fragiles ?

T. F : « Cette crise sanitaire a mis en évidence très rapidement l’extrême fragilité et l’extrême vulnérabilité d’une commune comme la nôtre, frappée par la pauvreté de sa population sur le quartier politique de la ville. Celle-ci avait un besoin fort de la puissance publique de proximité qui, de fait, n’existait plus ou alors sous des contraintes énormes. Seuls une quarantaine d’agents sur les 460 que compte la collectivité ont maintenu la présence municipale sur le territoire. Très vite s’est posée la question de la subsistance. Ce fut le cas, par exemple, des familles dans un grand dénuement qui pouvaient bénéficier d’un tarif préférentiel à la cantine scolaire et qui devaient alors assumer les dépenses de consommation. Le CCAS a dû faire face. Avant même que le chef de l’Etat n’envisage son allocation, nous avons mis en place une allocation municipale complémentaire afin de venir en aide aux familles les plus en difficultés. La question de la protection des personnes âgées a été également prégnante. Sur la base du plan canicule qui comptait environ 140 personnes identifiées, nous avons relancé le recensement des personnes fragiles et isolées. Et ce sont près de 300 personnes qu’il a fallu accompagner quasi-quotidiennement. Contre la fracture numérique, synonyme de décrochage scolaire, j’ai aussi pris la décision de mettre à disposition des familles concernées une centaine de tablettes, en plein accord avec l’Education nationale ».

 

DLH : Comment vos administrés ont-ils vécu cette période délicate ?

T. F : « Le premier cas un peu emblématique de Covid est intervenu à Chenôve avec le docteur Chauve, si bien que la peur s’est répandue dans la population… Cette période de confinement a mis à rude épreuve les habitants de Chenôve, et notamment les habitants du quartier politique de la ville à qui je rends une nouvelle fois hommage. Même s’ils ont été montrés du doigt au début du confinement lorsque l’on entendait que le confinement n’était pas respecté dans les quartiers populaires, bien au contraire, à Chenôve, il l’a été ! »

 

DLH : Chenôve est une commune solidaire. Comment cela s’est-il manifesté dans cette crise ?

T. F : « Nous avons distribué dans les boîtes aux lettres près de 77 000 masques d’abord chirurgicaux puis en tissu mis à disposition par la métropole. Les 1500 masques réalisés par les couturières solidaires du 21 ont été distribués aux personnes âgées. Ce fut un engagement fort des élus de l’ancienne et de la nouvelle équipe qui ont fait ce travail à la satisfaction de la population. Je suis assez fier d’être à la tête d’une ville aussi solidaire dans une période comme celle-là. On dénigre beaucoup Chenôve, pour des raisons parfois objectives. Je pense aux questions de sécurité et d’ordre public. Mais c’est à la fois cette ville qui défraie la chronique pour de mauvais raisons mais aussi une ville d’intense solidarité. Cet humanisme qui irrigue notre ville représente une véritable force pour conduire une politique municipale avec la confiance renouvelée de mes concitoyens lors des élections. C’est une ville de résilience : elle peut mettre le genou à terre mais elle se relève toujours ! »

 

DLH : Quel impact aura eu la crise sanitaire sur les finances communales ?

T. F : «  Aujourd’hui, je suis en mesure de dire que la crise sanitaire aura coûté à la Ville de Chenôve environ 350 000 €, compensé, pour partie, par la participation de l’Etat. Nous attendons toujours celle-ci au demeurant pour l’achat de masques. Mais il y a toute une série de dépenses induites, comme le renforcement du personnel dans les écoles, qui sont strictement à la charge de la commune. Dans notre ville qui compte un quartier politique de la ville d’intérêt national, nous notons aussi déjà les effets sociaux, avec l’explosion d’aide à la subsistance. Et puis, tous les petits boulots, comme les vacataires, les contractuels, les intérimaires, sont aujourd’hui les premières victimes d’une reprise économique qui tarde. Avec l’annonce du président de la République qui envisage une augmentation de 2 millions de demandeurs d’emplois à l’horizon de la fin d’année 2020, on sait qu’ici à Chenôve les répercussions seront majeures. Je n’exclue pas, comme dans d’autres pays, des émeutes de la faim ! Il va falloir faire face… c’est pour cela que nous avons voté un budget de notre CCAS en augmentation conséquente. Cela m’amène aussi à envisager, dans le plus grand sérieux, l’instauration dans les 6 ans à venir d’un revenu municipal garanti ».

 

DLH : Et Chenôve a également subi l’épisode dit « tchétchène… », un épisode durant lequel vous avez particulièrement fait entendre votre voix…

T. F : « Cette situation n’est pas nouvelle. Cela fait plus d’un an que j’alerte les pouvoirs publics à tous les niveaux sur les différents phénomènes auxquels nous assistons sur le territoire de Chenôve. Je pense aux incinvilités, à l’insécurité routière, aux rodéos, aux trafics de stupéfiants qui minent au quotidien la vie des habitants, au premier chef ceux du quartier politique de la ville car ce sont les premières victimes. La population la plus fragilisée se trouve encore plus vulnérable qu’elle ne l’est. Je me bats sur ces questions. J’ai parfois l’impression d’hurler dans le désert mais je pense que si nous voulons tirer durablement cette ville vers le haut, avec tous les projets d’avenir qu’elle porte, il faut que l’action publique de l’Etat, de ce gouvernement et de ceux qui suivront soit forte ».

 

DLH : Quel message avez-vous adressé à l’Etat lors de ces journées et nuits difficiles ?

T. F : « L’épisode dit tchétchène est pour moi la négation de ce que doit être l’action de l’Etat dans une crise telle que l’ont connue le quartier des Grésilles et, de manière collatérale, Chenôve. Qu’une prétendue communauté tchétchène, car, je le redis, je ne connais qu’une communauté, c’est celle des citoyens français à égalité de droit, de devoir et de dignité, règle ses comptes avec une autre prétendue communauté – maghrébine –… que cette dernière fasse œuvre de rétorsion vis à vis de tout un quartier, d’une ville et que cela se règle dans une mosquée avec un responsable religieux qui se met en scène… c’est la négation pour moi de ce doit être l’Etat républicain ! Je salue et je continuerai de saluer l’action de la Police, de la Justice pour que les fauteurs de trouble dans quelque camp qu’ils se trouvent, soient interpelés, jugés et condamnés. J’ai été entendu, enfin, par Laurent Nuñes, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur lorsqu’il est venu à Dijon. Nous avons obtenu pendant plusieurs jours un renfort de Compagnies républicaines de sécurité qui ont travaillé à l’apaisement de la ville. Je salue cette décision prise par le gouvernement mais, demain, les problèmes seront toujours là. Je souhaite que la volonté politique soit fortement exprimée à travers une politique de sécurité publique pour tous, pour tous les quartiers, pour toutes les villes. Il faut que l’ordre républicain soit respecté partout sur le territoire national pour que nous puissions par ailleurs déployer nos politiques publiques généreuses, de résorption des inégalités, en direction de la jeunesse, de la culture, des sports… L’un ne va pas sans l’autre ! De manière à ramener durablement la paix dans nos villes, nos communes et nos quartiers ! »

Propos recueillis par Camille Gablo