Jean-François Dodet : « Il faut faire preuve d’innovation » 

Se présentant pour la première fois devant les Epleumiens comme tête de liste, Jean-François Dodet, qui n’a eu à affronter aucune opposition, a été élu dès le premier tour des municipales avec 100% des voix. Tout comme les membres de sa liste « Saint-Apollinaire ensemble » qui fait la part belle au renouvellement (pas moins de deux tiers) mais aussi particulièrement rajeunie. Installé le 26 mai, le successeur de Louis Berthou et de Rémi Delatte a un maître-mot, l’innovation, afin de répondre aux nombreux défis de notre époque. Qu’ils soient sanitaires, écologiques, citoyens, sociaux… et la liste est loin d’être exhaustive !

Dijon l’Hebdo : Quels enseignements avez-vous tirés de la période complexe – et c’est un doux euphémisme – du confinement ?

Jean-François Dodet : « Le confinement a été un coup de tonnerre dans un ciel bleu ! Personne ne l’attendait et nous nous sommes tous retrouvés, que ce soit l’Etat mais aussi les collectivités, devant le mur. Un temps d’adaptation de l’ensemble des acteurs a été nécessaire. Des personnes ont vécu cette période pas forcément négativement parce que cela a remis du lien dans les familles, entre voisins, cela a permis de retrouver le temps du temps, d’adapter les façons de travailler – je pense notamment au télétravail qui va s’inscrire dans la durée… Dans ce qu’il faut retenir de positif, la solidarité s’est également exprimée très fortement. Même les services publics devront s’adapter à de nouvelles demandes : peut-être assistera-t-on à moins de consommation et plus de participation de la part de nos concitoyens ? Ils ont plus envie de collectif aujourd’hui qu’avant le confinement. Les aspects négatifs sont inhérents au fait que nous n’étions pas préparés à cette pandémie. Sur les masques, nous avons tout de même vécu du grand n’importe quoi, avec des positions contradictoires dans les déclarations. Je ne parlerai même pas des tests. La commission d’enquête de l’Assemblée nationale a du travail ! Mais il va falloir aussi que les collectivités fassent leur analyse. Toutes ont été en difficulté pour mettre en place les actions. Les collectivités n’étaient pas prêtes mais le citoyen non plus. Il n’est jamais prêt à affronter une crise quelle qu’elle soit alors qu’il doit également jouer pleinement son rôle. Et on voit que cela peut fonctionner : les couturières qui nous ont aidé pour les masques représentent des citoyens qui se prennent en main. On ne peut pas tout attendre de l’Etat, c’est aussi à nous de prendre les choses en main, ce que nous avons fait à Saint-Apollinaire ! »

 

DLH : Tous les sondages l’ont montré : jamais les citoyens n’ont été aussi proches de leur maire que durant la crise sanitaire. Cela doit tout de même vous faire plaisir…

J.-F. D : « Nous avons connu les deux extrêmes. Rappelez-vous « balance ton maire » et, maintenant, il n’y aurait pas mieux que le maire. Je me méfie de ces deux positions. Durant la crise, les citoyens se sont tournés vers l’échelon de proximité, à savoir le maire, mais je ne suis pas certain que l’Etat ait toujours aidé les maires dans leur prise de décisions. Nous avons souvent été lâchés dans la nature. Imaginez quand même que nous avons un président de la République qui annonce début avril que tous les Français auront des masques et ensuite un secrétaire d’Etat qui précise, sans véritable concertation, que ceux-ci seront distribués par les communes et les grandes surfaces. Tout le monde s’est alors tourné vers le maire, alors que les masques manquaient en France. Nous avons vécu de multiples situations comme celles-ci. Je n’en veux ni au préfet ni aux administrations de l’Etat, dans leurs échelons régional et départemental, qui ont fait, comme nous, le maximum ».

 

DLH : C’est un exécutif largement renouvelé que vous pilotez désormais à Saint-Apollinaire. Etait-ce une condition sine qua non afin d’inscrire un peu plus Saint-Apollinaire dans le XXIe siècle ?

J.-F. D : « Déjà, le confinement a été une période compliquée car nous avions, jusqu’à l’installation, l’ancienne et la nouvelle équipe municipale. C’était certes plus simple d’être élu directement au 1er tour mais nous avons dû aussi nous adapter à cette situation. Nous avions fait le choix de renouveler au deux tiers la liste mais aussi au niveau de l’âge, puisque la moyenne aujourd’hui est denviron 46 ans. Cela correspond à la typologie de notre ville quil il faut maintenant préparer à 2030. Cela nous oblige à sortir de notre zone de confort mais c’est une excellente chose. Dans le même temps, il faut faire preuve d’innovation… »

 

DLH : L’innovation semble, en effet, être dans votre ADN… et je ne dis pas cela parce que vous êtes médecin !

J.-F. D : « Nous allons en effet innover dans nos politiques publiques. Au niveau social – au moment où la métropole reprend la compétence sociale du Département, ce qui n’est pas une mince affaire –, nous allons le faire grâce à l’adjoint qui est un des plus jeunes du conseil, Adrien Huguet. Il a une véritable vision dans le domaine, comme on a déjà pu le voir sur les différents dossiers qu’il a eu à gérer. L’innovation se doit aussi d’être de mise dans la transition écologique. Il ne nous a pas fallu attendre les résultats des municipales au niveau national pour percevoir le caractère indispensable du développement durable. Et je ne parle pas d’écologie punitive. Notre objectif est de faire avancer concrètement les choses ? J’ai confié cette délégation à Maxime Ambard, un jeune professeur à l’Université de Bourgogne, qui a d’ores et déjà élaboré un projet d’envergure en matière de réhabilitation pavillonnaire. Nous aurons également le terrain du SDIS où le PLUi-HD prévoit la construction de 220 logements – nous ferons une offre pour l’acquérir à la rentrée – nous devrons réfléchir à la construction d’un nouveau quartier dans l’esprit de la transition écologique. Dans le domaine de l’enfance-petite enfance, là aussi, je souhaite modifier la donne mais il va falloir là bousculer un paradigme : il est très difficile d’obtenir une place dans les crèches hors des rentrées de septembre et les coûts entre tous les dispositifs de garde, dans le public ou le privé, peuvent aller de 1 à 10 aujourd’hui… Le système n’est pas équitable et il est nécessaire de placer l’intérêt de l’enfant avant toute chose. Ainsi pour les 15 premiers mois de lenfant, nous pourrions créer une maison des assistantes maternelles ouverte à tous quel que soit le mois de lannée et ensuite on basculerait, selon le souhait des parents, sur un autre équipement collectif. L’idée serait de créer un véritable parcours évolutif de la petite enfance de la garde des 3  premières années jusqu’à lentrée à l’école maternelle»

 

DLH : Dans votre programme, l’innovation citoyenne est aussi prégnante…

J.-F. D : « Nous allons mettre en place des assises citoyennes. L’organisation sera confiée à un habitant de la commune, une personne qualifiée. A l’occasion d’une réunion publique, les élus et notamment les adjoints répondront aux interrogations des citoyens tirés au sort sur les listes électorales. Nous allons aussi poursuivre les comités citoyens, tels que celui de la Redoute. Enfin – et cela est en lien avec la crise sanitaire que nous venons de vivre –, le Plan de sauvegarde communal de Saint-Apollinaire comprend, tout de même, la distribution d’un comprimé d’iode à toute la population dans les 6 heures qui suivent une alerte nucléaire. Vous imaginez après ce que l’on a vécu pour distribuer 3 masques. Nous monterons fin septembre ou début octobre une opération citoyenne grandeur nature. Plutôt qu’un comprimé d’iode, nous donnerons des masques pour rappeler en début dautomne que le COVID 19 est toujours présent ».

Propos recueillis par Camille Gablo

 

Céline Rabut : « En mode projet pour le sport et la culture »

Dijon l’Hebdo : Vous êtes issu du monde associatif et économique. Comment appréhendez-vous cette nouvelle délégation élargie ?

Cécile Rabut : « Nous allons passer en mode projet. Avec deux conseillers délégués en charge plus spécifiquement de la culture et du sport, nous composons une véritable équipe afin de proposer aux Epleumiens des choses complémentaires sur ces deux pans essentiels de la vie locale, en cette période un peu compliquée. Nous mettrons en place un Comité sport et un autre dédié à Médi@lud afin de voir comment les gens peuvent se sentir concernés et peuvent faire des propositions. Eu égard à ce que nous venons de vivre, les associations vont souffrir et nous nous devons d’être à leurs côtés. Si les conditions sanitaires le permettent, nous ferons une fête conjointe du sport et de la culture afin que les habitants puissent aller à la rencontre de l’ensemble du tissu associatif. Cela permettra de participer à sa redynamisation… La date des 12 et 13 septembre est retenue ».