Guillaume Ruet : « Face à la crise, l’investissement… »

Sa liste ayant bénéficié de 65,59% des voix le 15 mars dernier, Guillaume Ruet a retrouvé son siège de maire de Chevigny-Saint-Sauveur. Mais trois jours après cette brillante victoire qu’il n’a pas dégustée, il devait affronter le confinement et la première crise sanitaire de son histoire (comme nous tous au demeurant !) Cet édile s’est mobilisé au quotidien pour l’acquisition de masques mais aussi pour la solidarité. Et aujourd’hui il entend faire de l’investissement un levier pour lutter contre la crise économique… Interview d’un maire LR qui souhaite que Chevigny prenne toute sa place dans Dijon métropole.

 

Dijon l’Hebdo : Quels ont été les principaux enseignements de la période inédite de confinement et de la suite ?

Guillaume Ruet : « Il a fallu faire face à une situation inédite et c’était évidemment compliqué puisque nous avons navigué complètement à vue. Il fallait à la fois assurer le confinement de la mairie et des services municipaux mais aussi la solidarité vis à vis des personnes les plus fragiles. Nous avons fait face ! Il a fallu ensuite organiser le déconfinement et, au final, cela s’est avéré beaucoup plus complexe que la période précédente. La première étape était de devoir fournir des masques. Le président de la République a annoncé que l’Etat en fournira aux mairies, mais en réalité, on a dû se débrouiller tout seul. A Chevigny-Saint-Sauveur, la Mairie a fait appel à des bénévoles qui se sont mobilisés pour confectionner 12 000 masques en 3 semaines, soit un par habitant. La métropole est intervenue également. Si bien que nous avons dû assumer les promesses non tenues du gouvernement. Ensuite, il a fallu aussi rouvrir les services, et notamment les écoles, avec des protocoles sanitaires compliqués. Ce ne fut pas, là non plus, une mince affaire. Nous avions des consignes qui changeaient en permanence… Les élus locaux sont formidables ! Malgré les délais impossibles qui leur sont données, les consignes contradictoires, ils sont toujours là et font toujours face. C’est la raison pour laquelle le maire représente la figure politique la plus respectée. Droite et gauche confondue, les maires assument leurs responsabilités ».

 

DLH : Comment expliquez-vous le paradoxe entre le lien fort des citoyens avec leur maire durant la crise sanitaire et l’abstention encore une fois record lors des récentes élections municipales ?

G. R. : « Comment voulez-vous motiver les gens à aller voter quand, la veille du premier tour des élections municipales, le Premier ministre annonce la fermeture des bars-restaurants, l’avant-veille c’était les écoles. Beaucoup de Français ont eu peur. En temps normal, ce niveau d’abstention n’aurait pas dû être au rendez-vous pour des municipales. Et je pense que la population reste attachée à ses élus communaux parce qu’elle compte beaucoup sur eux. Lorsqu’il y a des crises, ils sont toujours là, ils ne se défilent pas. Des grandes régions, des grandes intercommunalités ont été créées mais les seuls réellement à portée de main et « dengueulade » restent les élus communaux. Les gens ont toujours besoin de l’échelon de proximité ! »

 

DLH : Vous êtes élu dès le 15 mars mais vous ne pouvez pas installer la nouvelle équipe. Cette transition qui, en réalité, n’a pas pu s’opérer n’a t-elle pas été délicate.

G. R. : « Ce n’était pas simple. Nous nous quittons le 15 mars au soir en ayant remporté l’élection mais sans pouvoir fêter cette victoire. Le confinement intervient juste derrière. L’ancienne équipe qui avait vocation à passer le relai a été amenée à poursuivre quelque peu. Dans le même temps, la nouvelle équipe ne pouvait pas se réunir et ne pouvait pas non plus être installée. Mais nous avons gardé le lien entre nous. Cela ne nous a pas empêché d’agir, notamment, dans la gestion des masques. La difficulté était bien présente mais lorsque l’on a de la bonne volonté, on y arrive toujours. Chacun a travaillé et dorénavant l’équipe peut mettre en place le programme pour lequel nous avons été élus pour les 6 prochaines années ».

 

DLH : Avez-vous calculé les répercussions sur votre budget de la crise sanitaire ?

G. R. : « La crise va entraîner sur les finances de la commune un déficit estimé entre 350 000 € et 600 000 € si des complications sanitaires interviennent encore. Nous avons dû faire face à des dépenses supplémentaires (entretien, achat de gel hydroalcoolique, de produits, etc.) mais surtout à des recettes à la baisse (enfance-jeunesse, piscine, location de salles, loyers…) A cela il faut ajouter une diminution des droits de mutation. Et nous ne chiffrons pas les effets indirects d’une future crise économique ».

 

DLH : Face à cette situation, quelle est votre stratégie financière ?

G. R. : « J’ai fait le choix d’un budget offensif. Plutôt que de diminuer nos investissements pour absorber le déficit consécutif au Covid-19, j’ai préféré dire : certes le contexte est compliqué mais c’est le moment où la collectivité a une responsabilité économique et sociale et doit investir. Notre objectif est de nourrir le carnet de commandes des entreprises locales. Cela permet de donner du travail afin de ne pas ajouter de la crise à la crise. C’est la raison pour laquelle, par rapport au projet de début d’année, nous avons gonflé le budget d’investissement de 350 000 €. Une somme que nous allons consacrée à la réfection d’une école alors qu’à l’origine ces travaux auraient dû être réalisés en 2021 ou 2022. Nous avons décidé d’apporter notre pierre au plan de relance par l’investissement auprès des entreprises locales. Ce ne sont pas de simples cadeaux et de l’argent perdu mais ces investissements sont ciblés vers des services utiles à la ville et à la population ».

 

DLH : Quelles mesures allez-vous prendre pour lutter contre la crise sociale, corollaire de la crise économique ?

G. R. : « Je pense que nous allons subir une crise économique et sociale très grave à partir de la rentrée, voire en 2021. On ne la mesure pas complètement aujourd’hui et j’espère avoir tort mais tout porte à croire que beaucoup de personnes vont se retrouver sur le carreau. Nous augmenterons le budget du CCAS à la rentrée afin d’abonder le fonds de secours si besoin… Cela permettra un coup de pouce aux personnes démunies. Nous jouerons notre rôle de levier et d’accompagnement avec les moyens dont nous disposons. Nous avons la chance d’avoir été une ville bien gérée jusqu’à présent et nous avons quelques marges de manœuvre. Cela devrait permettre de passer la vague. On voit bien en période de crise à quel point le sérieux et la rigueur budgétaires sont essentiels ».

 

DLH : Quels sont vos principaux projets pour ce mandat ?

G. R. : «Côté investissement, la priorité est porté vers lentretien du patrimoine scolaire. Cette année, nous investissons 750 000 € dans la réfection de l’école Ez-Allouères. Sur le mandat, est prévu une réhabilitation profonde et une rénovation thermique du groupe scolaire Buisson-Rond.

Nous lançons aussi en fin dannée la réalisation de deux tennis couverts qui verront le jour en 2021. Et nous avons également plein dautres projets pour les 6 ans qui viennent. Tout cela, c’est de l’investissement public, avec de l’emploi à la clef. La rénovation et notamment thermique d’un groupe scolaire suivra dans les années qui viennent… »

 

DLH : Vous aviez également mis en avant dans votre programme la sécurité…

G. R. : « La question de la sécurité est, en effet, aussi au cœur de mon engagement et de mon action. C’est la raison pour laquelle nous allons embaucher deux policiers municipaux supplémentaires. Les périodes de confinement et de déconfinement ont parfaitement montré que nous avions besoin d’une police municipale de terrain, d’une police de proximité, à l’écoute mais aussi présente pour garantir la tranquillité publique ».

 

DLH : Les élections municipales ont aussi montré l’appétence des Français pour l’écologie…

G. R. : « Il y a une aspiration des Français vers la qualité de vie et la crise sanitaire ne fait quaccentuer cette tendance de fond. Et cela passe par l’environnement et le développement durable de la ville. A Chevigny-Saint-Sauveur, nous avons la chance d’avoir un cadre de vie agréable et nous allons continuer nos actions pour le préserver. Nous avons un agenda 21 et le développement durable transpire désormais dans toutes nos politiques. La transition écologique et la lutte contre le réchauffement climatique sont au cœur de notre projet pour les 6 années qui viennent. Notre projet phare est le « Défi 1000 arbres » qui prend encore plus de sens aujourd’hui…Nous travaillons dailleurs sur un projet de micro-forêt urbaine que nous allons dévoiler dici quelques mois ».

 

DLH : Comment Chevigny-Saint-Sauveur se comportera-t-elle au sein de Dijon métropole où vont aussi apparaître de nouveaux visages ?

G. R. : « Depuis que j’ai été élu en 2019, je fais tout pour que Chevigny prenne toute sa place au sein de Dijon métropole. C’est un partenaire incontournable de la ville et nous travaillons ensemble. Je ne peux pas me plaindre. J’ai de bonnes relations avec l’exécutif et les services métropolitains. L’échange est très constructif. Je défends naturellement Chevigny qui n’est pas n’importe quelle commune : avec 11 500 habitants, c’est la 4e par sa démographie, c’est la porte d’entrée Est de Dijon. Nous avons de belles entreprises avec des acteurs économiques majeurs du territoire. Nous avons de formidables atouts. Nous avons aussi des revendications fortes en matière de transports en commun. C’est utile pour Chevigny de s’insérer dans les politiques de la métropole comme c’est important pour la Métropole de pouvoir compter sur Chevigny. Cest gagnant-gagnant ».

Propos recueillis par Camille Gablo