Dominique Grimpret : « Le plus grand projet de notre histoire »

N’ayant eu aucune opposition à affronter, c’est avec 100% des voix que la liste « Ahuy, continuons ensemble » pilotée par Dominique Grimpret a été élue le 15 mars. Le premier magistrat, conforté dans sa politique de transformation de sa commune mais en gardant l’esprit village afin de favoriser le vivre ensemble, a retrouvé son siège le 23 mai dernier. Et après la place centrale, véritable lieu de vie durable où se sont implantés plusieurs commerces et professionnels de santé, le lancement du lotissement du Clos des Aiges, la réalisation de la salle polyvalente L’Aqueducienne, le maire fixe le cap pour les prochaines années, avec la réalisation d’un nouveau pôle scolaire. Financièrement, ce sera le plus important projet de cette commune forte aujourd’hui de 1 549 habitants. Dans la métropole, Ahuy continue sa marche en avant…

Dijon l’Hebdo : Comment avez-vous géré la crise sanitaire et le confinement dans votre commune ?

Dominique Grimpret : « Nous avons dû gérer plusieurs choses Je pense notamment à l’aide apportée à la population, en matière de courses alimentaires, de médicaments… Grâce à des bénévoles, cela s’est très bien passé. La commune a fait le lien et a pu communiquer par mail avec les habitants. Forts de plus de 600 boîtes mails, nous touchons quasiment tout le monde. Nous avons également apporté des informations par un affichage à la bibliothèque, à la boulangerie. Je voulais absolument faire une distribution de masques avant le 11 mai. Aussi le 13 avril, j’ai commandé des masques homologués à une entreprise listée par la Préfecture et celle-ci était basée dans l’Yonne. Je suis allé les chercher dans ce département limitrophe afin de les distribuer les 6, 7 et 8 mai. Nous avons commencé par les personnes les plus fragiles et les plus âgées et ensuite nous avons poursuivi pour tous les habitants. Fin mai, nous avons fait une nouvelle distribution de masques en tissu. Chaque habitant d’Ahuy a reçu ainsi 6 masques. J’ai voulu également mettre en place l’accueil des chauffeurs routiers qui souhaitaient prendre des douches et dormir, des gens sans lesquels la vie de notre pays n’aurait pas pu se poursuivre. Douze d’entre eux nous ont sollicités et cela leur a bien rendu service… »

 

DLH : Quel a été l’accompagnement de la commune lors de la levée du confinement ?

D. G : « Nous avons beaucoup travaillé, notamment pour la mise en place du protocole à la lettre pour la réouverture des écoles. Enormément d’enfants sont revenus dès le début. Les professeurs des écoles et les PEP 21, l’association en charge du périscolaire, ont tous joué le jeu à 200%. C’est très important. Nous avons utilisé toutes les salles disponibles : l’ancienne bibliothèque, la salle du conseil… Nous avons mis en place les SS-CC (Sport Santé - Culture Civisme) afin de pouvoir accueillir tous les élèves. Nous avons reçu nombre de félicitations de parents. Sachez que cela a fonctionné jusqu’aux vacances pour l’élémentaire, les enseignants ayant souhaité que cela se poursuive même lorsque l’école est redevenue obligatoire. Nous avons ainsi réparti les temps de élèves entre la classe et les PEP. Ce dispositif ainsi que les masques ont eu un coût pour les finances de la commune mais nous avons fait aussi des économies, sachant qu’il n’y a pas eu de Fête de la musique, qu’il n’y aura pas de 14 Juillet… Les pertes les plus importantes sont inhérentes à la location de l’Aqueducienne ».

 

DLH : Vous avez tout de même vécu, en tant que maire, un événement difficile durant cette période…

D. G : « J’ai en effet été agressé le 12 mai lorsque je suis arrivé sur le chantier de la place. Trois personnes qui travaillaient sur ce chantier municipal étaient vraiment trop proches les unes des autres. Je leur ai dit de mettre un masque. Lorsque je leur ai précisé que j’étais maire, l’un d’entre eux m’a poussé contre les barrières. Je me suis éloigné afin d’appeler les gendarmes. Alors que je les attendais, l’agression s’est poursuivie. J’ai naturellement porté plainte… Mais je regrette tout de même que le préfet n’ait même pas daigné me contacter. C’est tout de même un maire dans l’exercice de ses fonctions qui a été agressé. C’est bien la preuve que nous sommes seuls ! On peut parfois se demander si l’Etat est de notre côté ! »

 

DLH : Tournons-nous maintenant vers l’avenir. Qu’attendez-vous de la métropole de Dijon dans le prochain mandat ?

D. G : « J’espère que la métropole va fonctionner et que tout le monde s’y sentira bien et intégré. Nous le saurons le 16 juillet. Il y a aujourd’hui la loi Engagement et Proximité qui redonne le pouvoir aux communes dans les intercommunalités. J’ai proposé à François Rebsamen qu’il réunisse les maires avant qu’il ne convoque le conseil métropolitain Je souhaiterais que l’on se mette, en amont, d’accord sur les grandes lignes d’un projet. Je lui ai également proposé que toutes les vice-présidences, les délégations, présidences d’organismes extérieurs… soient partagées en deux : 50 % pour Dijon, 50% pour les autres communes… Il ne faut pas oublier non plus que de nouveaux maires ont été élus et attendent autre chose de la métropole. En tout cas, je crois pour ma part à la métropole et j’espère que nous partirons sur de bonnes bases ».

 

DLH : Avec le lotissement le Clos des Aiges, Ahuy change de dimension. Ce développement était-il indispensable ?

D. G : « Nous nous développons mais nous conservons un véritable aspect village afin de favoriser la qualité de vie des habitants. Les gens se connaissent tous, ils vivent bien ensemble. C’est cela qui est important. La vie associative et culturelle bat son plein ici, le club de foot est reparti… Tout est lié. Nous pouvons être fiers de ne pas être devenus une cité dortoir mais une véritable commune où le vivre ensemble bat son plein ! »

 

DLH : La place centrale que vous avez réalisée vit-elle bien ?

D. G : « Il manquait un véritable cœur de village à Ahuy, c’est pourquoi nous avons créé la place centrale. Elle vit parce que, en premier lieu, son esthétique est réussie. Avec les arbres qui vont pousser, cela fera un espace très ombragé. Elle vit aussi grâce aux aménagements faits par la commune. Nous avons notamment installé en septembre la bibliothèque du village, qui précédemment était au premier étage de la mairie. Cela a permis tout de même de passer de 70 à plus de 300 lecteurs. Nous avons aussi retrouvé des bénévoles. La place vit aussi grâce au marché, le vendredi de 16 h 30 à 20 h 30, qui regroupe de petits producteurs locaux. Elle vit par le bais des manifestations mais aussi et surtout parce que des commerçants s’y sont implantés. Cette centralité, qui avait été programmée dès 2007 dans le PLU, devrait s’achever par le transfert de la mairie dans une ferme située en face mais ce ne sera pas moi qui le ferai. Pour l’instant, l’heure est à l’arrivée d’un restaurant dans le troisième bâtiment entourant cette place qui accueille déjà la bibliothèque. Cet établissement s’installera d’ici la fin de l’année… »

 

DLH : Et la future école qui représente le grand projet de votre nouveau mandat permettra de répondre aux besoins des nouvelles familles…

D. G : « Un recensement officiel a été effectué par la métropole en février et nous sommes 1549. Lorsque j’ai repris les rênes de la commune, nous étions 1216 selon l’INSEE. A terme, lorsque tous les projets seront achevés, la population devrait atteindre 2100 personnes. C’est une bonne taille. Cependant, même aujourd’hui, nous avons la taille critique afin de pouvoir réaliser des choses. Pour preuve à nouveau, le grand projet de ce mandat, la construction de l’école. Pour l’aménagement de la place et la bibliothèque, qui nous ont respectivement coûté 1 M€ et 400 000 €, nous avons tout payé sans emprunter. La vente des terrains des bâtiments nous a permis ce montage financier. Nous n’avons qu’emprunté pour les murs du restaurant. La réalisation de la salle des fêtes, l’Aqueducienne, s’est élevée à 2,5 M€, et, là, la future école représente 4 M€. C’est donc un projet d’importance pour notre commune. C’est même le projet le plus important de toute notre histoire… mais sachez que j’ai baissé les impôts les deux dernières années et que je ne les bougerai pas durant le mandat. L’école qui sera juste à côté de la bibliothèque – et ce n’est pas par hasard – a été imaginée dès 2007. Nous avions fait plus de 140 réunions pour le PLU. Cette école regroupera la maternelle et l’élémentaire qui sont aujourd’hui séparées… Au total, nous disposerons de 8 classes même si les prévisions laissent à penser que nous n’en aurons besoin que de 7. Cela nous laisse une marge de manœuvre pour l’avenir ! »

Propos recueillis par Camille Gablo