Rassurer le client qui se rend aux Halles de Dijon n’est pas simple. C’est pourquoi « Cicekli frères primeurs » ont continué leur service de livraison à domicile durant le confinement. Faire plaisir à la clientèle est l’une de leurs principales convictions et cela passe non seulement par ce service à domicile mais aussi par le choix du bon fruit.
Depuis l’âge de dix ans, Daniel Cicekli côtoie l’univers des marchés. La bonne humeur des commerçants et la relation avec le client sont des valeurs qui ont encouragé Daniel à devenir primeur. Mais pas uniquement ! C’est par amour des bons fruits et légumes qu’il a choisi de faire ce métier. Daniel et son frère gèrent l’entreprise « Cicekli frères primeurs » depuis trente belles années.
Chaque mercredi, ils se rendent à Lyon, au marché de gros Corbas. Ils partent à deux heures du matin et reviennent l’après-midi avec une camionnette pleine de bonnes choses. Ce marché satisfait amplement les deux primeurs : « On y trouve vraiment tout ce qu’il nous faut, même s’il est plus petit que celui de Rungis ».
Pour Daniel et son frère, la sélection des grossistes est filtrée avec précision. Un travail d’investigation qui s’est fait avec le temps. Les produits sont recherchés pour leur qualité et leurs bienfaits. Les deux frères favorisent le petit producteur qui aura pris soin de bien cueillir ses fruits, de leur prêter une attention toute particulière. Le label rouge et l’origine française des produits sont les deux points sur lesquels les frères sont rigoureux. Cette transparence sur la provenance des produits permet de rassurer le consommateur. Cependant, tout ne s’achète pas en France. Les mangues, ananas, fruits de la passion ne viennent pas de la métropole. Ce sont les seules exceptions. Par exemple, pour avoir de la mangue en décembre, les frères Cicekli ont recours à des exportateurs de l’île de la Réunion.
Pour être un bon primeur, il faut connaître les saisons et les pays dans lesquels les produits recherchés sont les meilleurs. Les exportateurs qui ont le plus de succès et qui produisent des fruits de qualités restent l’Afrique du Nord et l’Amérique latine selon Daniel Cicekli. La mondialisation ralentit le rythme des saisons. Et pour cause, avec l’agriculture intensive qui maximise la production, le développement de transport provocant une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, le climat est très impacté. Les saisons en souffrent. Ainsi il n’est pas rare de trouver des courgettes en décembre dans les grandes surfaces. Un modèle que les frères Cicekli sont loin de suivre. Cela va à l’encontre de leurs valeurs. C’est pourquoi ils évitent le plus possible les importations par camions et d’autres déplacements qui ont un impact conséquent sur la taxe environnementale.
Pendant le confinement, les fruits se sont avérés être une réelle source de plaisir. Un regain d’énergie nécessaire pour surmonter cette période difficile ! Cependant, marché et confinement ne font pas toujours bon ménage. « 90 % de notre clientèle ne venait plus au marché » explique le primeur. Alors pour remédier à cela, les frères Cicekli ont trouvé la solution. Ils ont pour habitude de livrer les produits chez leurs clients, même en dehors du confinement. Ce service de livraison gratuite a pu compenser un minimum l’absence des clients au marché. De Dijon à Beaune, en passant par les petits villages de la route des grands crus, les frères Cicekli se sont rendus avec plaisir chez leurs clients. Le chiffre d’affaires a été maintenu mais les marges ont été réduites par les frais d’essence.
En ce qui concerne la reprise, Daniel ne sait pas à quoi s’attendre. La peur du Coronavirus est encore trop présente et les clients n’osent pas sortir. Mais grâce à son service de livraison, il saura toujours satisfaire les besoins de ses clients.
Daniel souhaite remercier chaleureusement le maire, François Rebsamen, et l’équipe des Halles pour avoir géré aussi bien cette période si compliquée. Sous les Halles de Dijon, chaque client entrant ou sortant est comptabilisé. Ce filtrage est effectué par des vigiles à l’entrée ainsi qu’à la sortie car il n’y a que deux portes de disponibles sur les huit. Le port du masque est obligatoire, que ce soit pour les clients ou pour les commerçants. Interdiction de toucher quoique ce soit. Pour Daniel Cicekli, cette interdiction allait de soit et il l’appliquait bien avant le confinement. « De base, on interdisait à nos clients de toucher nos aliments, on n’a pas attendu le confinement pour interdire. On sert nous même les clients ».
Et puis n’oubliez pas que c’est la saison des fruits rouges ! Daniel vous conseille une belle salade de fruits exotiques ou encore un fraisier avec de belles gariguettes, de quoi vous redonner le sourire et plein de vitamines après ce déconfinement !
Alice Capezza
