Xavier Mirepoix : « A crise exceptionnelle, mesures exceptionnelles… »

Bourse d’entraide entre les entreprises sur toute la Bourgogne Franche-Comté, cartographie des commerces ouverts en lien avec l’opération du conseil départemental « Je veux du local », cellule de crise… la CCI Côte-d’Or Dijon Métropole et son président Xavier Mirepoix sont sur tous les fronts depuis le début du confinement.

Dijon l’Hebdo : Comment œuvrez-vous depuis la fermeture de votre accueil physique afin d’épauler au mieux vos ressortissants qui en ont bien besoin actuellement ?

Xavier Mirepoix : « Toutes les entreprises qui appellent sont immédiatement orientées vers des conseillers. Nous sommes opérationnels, de façon distancielle, et nous essayons de gérer au mieux la crise. Nous soutenons à la fois nos permanents qui en ont besoin et l’ensemble de nos ressortissants. Nous continuons de travailler avec les collectivités territoriales : j’ai écrit à l’ensemble des présidents de communauté de communes pour leur signifier également que s’ils avaient besoin nous étions là… Nous avons créé une cellule de crise spécial coronavirus pour l’ensemble de la Côte-d’Or et nous participons à des réunions régulières avec le secrétaire général de la Préfecture, le président de la Chambre de métiers et de l’artisanat et celui de la Chambre d’agriculture. Nous faisons remonter à l’Etat les informations du terrain, à l’instar, au début, par exemple des problématiques rencontrées avec la Direccte, en terme d’embouteillage au niveau des demandes. Je ne leur jette pas la pierre mais cela a été un peu compliqué. Nous tirons la sonnette d’alarme pour les situations les plus difficiles. Dans le même esprit, nous œuvrons au quotidien avec Dijon métropole ».

DLH : Le plan d’urgence du gouvernement est conséquent mais répond-il à toutes les situations ?

X. M : « Nous nous apercevons que, malgré toutes les aides, il demeure des gens qui passent à travers. Tous les banquiers ne sont pas à la même enseigne, certains sont réactifs, d’autres beaucoup moins. Aussi intervenons-nous pour que les banques épaulent aussi les personnes qui ont des fonds propres négatifs. J’ai l’exemple d’une entreprise de 35 personnes qui a investi il y a un an et à qui a obtenu une fin de non recevoir. Je trouve cela un peu gros ! Il faut tout du moins que les dossiers soient tous étudiés. Il ne faut pas non plus derrière que les entreprises subissent des taux d’enfer. Francis Pennequin a dit quelque chose de très juste : les banquiers ont été aidés en 2008, ils doivent aujourd’hui renvoyer l’ascenseur ! Nous mettons au point avec Dijon métropole une organisation où toutes les demandes venant des syndicats patronaux (Medef, CPME) et de Shop In Dijon puissent passer par notre intermédiaire. Tous ensemble, nous allons essayer de trouver des solutions… Nous avons eu plus de 400 contacts avec des entreprises de Côte-d’Or dont un bon tiers sur la métropole. Le commerce, les hôtels-restaurants et les services à la personne sont ceux qui ont le plus de souci. Les problèmes rencontrés concernent à hauteur de 47,3% des besoins de trésorerie, 28,2 % le chômage partiel, 29,5% le fonds de solidarité ».

DLH : Il y a les banques mais aussi les assurances…

X. M : « A part de dire qu’elles ont mis 200 M€ dans le pot commun, il faudra que les grosses compagnies d’assurance ou les grosses mutuelles s’interrogent, à un moment donné, sur leur participation à la perte d’exploitation. A ce jour, ce n’est pas le cas mais j’espère qu’elles vont le faire ».

DLH : Le gouvernement a fait passer le fonds de solidarité de 1 à 7 milliards d’euros. J’imagine que vous vous en félicitez…

X. M : « Bien évidemment. Imaginez un kinésithérapeute qui est seul, qui a un emprunt sur son cabinet et un autre à titre personnel. Il n’a plus de chiffre d’affaires et il se retrouve dans une situation délicate professionnellement mais aussi personnellement. Là, l’aide de l’Etat est importante… Notre objectif est que toutes ces personnes aient une aide rapide et d’éviter qu’elles rejoignent le tribunal de commerce ».

DLH : Le secteur de l’hôtellerie-restauration, dont le chiffre d’affaires est à 0 et pour lequel le bout du tunnel n’est pas prêt d’être au rendez-vous, vous inquiète-t-il ?

X. M : « C’est une catastrophe. Le 11 mai, selon le président de la République, un certain nombre d’activités vont reprendre mais les hôtels-restaurants devront attendre. Et, avec la fermeture de l’espace Schengen, vous imaginez bien les problèmes qu’ils vont subir… Les touristes chinois, qui viennent l’été en Bourgogne, seront absents. Nous sommes actionnaires de l’école de commerce BSB et, dans nos inscriptions, nous ne savons pas, par exemple, ce que vont devenir les élèves en provenance d’Asie ».

DLH : Qu’envisagez-vous pour le jour d’après ?

X. M : « Nous travaillons pour la reprise sur des prestations gratuites. Nous nous sommes aperçus que beaucoup de chefs d’entreprise sont aussi en train de souffrir sur le plan moral. Il faut les aider sur ce plan. Plus largement, je vais demander également à ce que nous puissions faire durant deux à trois mois des formalités gratuites pour les entreprises mais cela ne dépend pas de moi… »

DLH : « Toute l’économie est encordée… » Selon cette belle formule que l’on trouve sur votre site internet, la solidarité n’est-elle pas la seule solution afin d’envisager la sortie de crise ?

X. M : « Cette solidarité, entre les entreprises, les élus, les collectivités territoriales, les collaborateurs de la CCI, va nous permettre en effet de franchir le cap. Il faut que l’on soit tous unis pour s’en sortir. C’est la raison pour laquelle, avec l’ensemble des partenaires que j’ai cités plus en amont, nous sommes opérationnels afin de traiter le plus vite possible les demandes… La santé physique est capitale aujourd’hui… mais la santé morale aussi des chefs d’entreprise et cela passe par l’aide des autres, par la solidarité. Et il faudra peut-être qu’au mois d’août on s’interroge sur le fait de ne pas prendre de vacances. A crise exceptionnelle, mesures exceptionnelles… C’est vrai pour tout le monde même pour les CCI. Je ne dis pas qu’il faut supprimer les congés payés, mais je dis qu’il faudra qui sait que l’on travaille plus et peut-être l’été prochain ! »

Propos recueillis par Camille Gablo

 

CCI, entreprises et CHU ensemble dans la lutte contre le Coronavirus

La CCI Côte-d’Or Dijon Métropole a réuni un stock de 4 400 blouses pour le CHU Dijon Bourgogne, grâce à la solidarité des entreprises.

Le CHU Dijon Bourgogne a sollicité la CCI Côte-d’Or Dijon Métropole pour lancer en urgence, auprès des industriels locaux, un appel aux dons de blouses à usage unique, afin de faire face aux difficultés d’approvisionnement dans la lutte contre la propagation du COVID-19.

La CCI a mobilisé 6 de ses collaborateurs pour joindre les entreprises des filières de l’agroalimentaire, de la pharmacie et de la chimie. En 2 demi-journées, l’équipe dédiée a ainsi contacté par mail puis par téléphone les dirigeants de 124 établissements.

Protéger les soignants

Un stock de 4 400 blouses à usage unique a été constitué à partir des dons de 19 établissements (18 entreprises et un lycée), soit en partance pour le CHU, soit mis à sa disposition sur sites. A noter que plusieurs entreprises démarchées avant déjà fait des dons au SDIS, aux ambulanciers, à la FEDOSAD etc.

« Nous avons trouvé avec la CCI Côte-d’Or Dijon Métropole un interlocuteur de premier ordre pour mener à bien cette mission d’identification et de sensibilisation des entreprises en capacité à fournir des blouses, en un temps record. C’est pour nous, CHU, un beau témoignage de la solidarité qui peut exister entre milieu économique et milieu médical en ces temps d’urgence sanitaire », affirme Guillaume Koch, Directeur des affaires économiques et logistiques du CHU.

Des lots de charlottes et de sur-chaussures accompagnent ce stock, alimenté par des entreprises qui ont témoigné de leur engagement en puisant dans leurs ressources ou dans leurs réserves, ou en passant des commandes express auprès de leurs propres fournisseurs.

Les 4 400 blouses devraient permettre au CHU de consolider le dispositif de protection de ses personnels pendant 1 à 2 jours. L’hôpital manque en effet cruellement d’équipements à usage unique, à cause de 2 facteurs combinés : la demande qui connaît une hausse exceptionnelle, et les commandes qui n’ont pu être honorées que très partiellement.

Actions de solidarité

Cette opération vient compléter les actions de solidarité menées par la CCI Côte-d’Or Dijon Métropole dans le contexte de la crise liée au virus. Actions qui portent également sur le développement d’une bourse régionale d’entraide entre entreprises (www.entraideentreprises-covid19.fr), sur un annuaire géolocalisé des commerçants ouverts en Côte-d’Or et Saône-et-Loire (www.mon-commerce-ouvert.fr), et sur la mise en relation de différents acteurs du monde économique et du monde médical, pour trouver des solutions d’approvisionnement. 

Les entreprises qui ont fait don de 4 660 blouses, combinaisons, charlottes, gants, masques et sur-chaussures sont :

·         Abattoir du Chatillonnais à Châtillon-sur-Seine

·         Biscuiterie du Mistral à Semur-en-Auxois

·         Bourgogne Escargots à Chevigny-Saint-Sauveur

·         Fromagerie Berthaut à Epoisses

·         Fromagerie Gaugy à Brochon

·         Institut œnologique de Champagne à Nuits-Saint-Georges

·         Kick à Chenôve

·         Kriter Brut de Brut à Beaune

·         La Chocolatière à Plombières-les-Dijon

·         Laboratoires Boiron à Quetigny

·         Lejay Lagoute à Dijon

·         Les Salaisons dijonnaises à Dijon

·         Lycée professionnel des Marcs d’Or à Dijon

·         Malteries Franco Belges à Brazey-en-Plaine

·         Oncodesign à Dijon

·         Société des établissements Cartron à Nuits-Saint-Georges

·         Soran à Fenay

·         Tippagral à Longvic

·         Villers SAS groupe Diana à Villers-les- Pots