Le confinement n’est pas le même pour tous. Que l’on soit dans une maison avec jardin ou bien que l’on habite un appartement dans un quartier populaire, que l’on soit à la campagne ou à la ville, la crise sanitaire n’est évidemment pas vécue de la même façon. Le maire de Chenôve, Thierry Falconnet, a pris des mesures fortes afin que les personnes les plus modestes puissent aussi franchir ce cap. Il annonce ainsi dans nos colonnes une allocation complémentaire à celle de l’Etat destinée aux familles défavorisés ainsi que le prêt de tablettes numériques afin d’éviter le décrochage scolaire. Sans omettre, à partir de la rentrée prochaine, l’offre d’une tablette ou d’un ordinateur pour tous les enfants de Chenôve entrant en CM2. Thierry Falconnet, qui nous confie également avoir été lui même victime du Covid-19, en appelle surtout à l’exemplarité de tous pour respecter les règles de confinement jusqu’au 11 mai. Et ce, « de manière à ce que nous n’assistions pas à une reprise de l’épidémie ! » Interview d’un maire qui sait donc de quoi il parle…
Dijon l’Hebdo : Comment avez-vous appréhendé l’annonce de la sortie du confinement du 11 mai prochain par le chef de l’Etat ?
Thierry Falconnet : « Il ne faut pas qu’il y ait de confusion dans la compréhension de ce qu’a dit le chef de l’Etat le 14 avril. Nous sommes toujours en confinement jusqu’au 11 mai. Nous ne sommes pas en déconfinement ou en relâchement des règles de confinement. Ma ligne est de dire : prenons notre mal en patience, soyons exemplaires comme nous l’avons été jusqu’à présent dans le respect des règles de distanciation, des gestes barrière, la limitation de nos déplacements, de manière à ce que nous n’assistions pas à une reprise de l’épidémie. Aujourd’hui, les experts sanitaires qui s’expriment, notamment les médecins, indiquent que nous avons un risque réel d’une deuxième vague d’épidémie. Quelqu’un comme moi qui a été touché par le Covid-19 pouvait, jusqu’à une date encore récente, être rassuré sur son immunité par rapport à la maladie mais actuellement les experts médicaux remettent en question cette information qui avait été donnée il y a quelques semaines de cela. Nous ne savons rien. Je ne suis pas sur une application autoritariste des règles de confinement, je n’ai pas pris de mesures de durcissement ou d’aggravation de ces règles, à l’exception de l’interdiction de fréquenter le plateau de Chenôve, mais celle-ci a été prise en concertation avec l’autorité préfectorale puisque nous avions des remontées importantes des forces de l’ordre d’une utilisation déraisonnable de ce plateau notamment le week-end par des promeneurs, à pied, à vélo ou à moto. Je pense que l’on ne peut pas multiplier les dérogations aux règles de confinement sous peine de créer de la confusion et de mettre le doute dans l’esprit de nos concitoyens. Il faut être le plus sérieux possible, individuellement et collectivement, par rapport à cette épidémie. La lutte n’est pas terminée et, par respect pour celles et ceux qui mènent cette lutte au quotidien – je pense bien évidemment aux personnels soignants engagés dans un combat acharné, au quotidien, au péril de leurs vies que je m’attache à applaudir tous les soirs à 20 heures – nous devons être nous mêmes sérieux, rigoureux dans notre approche des règles de confinement ! »
DLH : Vous heurtez-vous à des difficultés pour faire respecter le confinement dans votre commune ?
T. F : « Globalement, le confinement est très bien respecté à l’exception de cas isolés. Le problème, c’est que ce sont des cas très visibles dans l’espace public puisque l’on a une reprise des rodéos de moto, des rodéos automobiles… Nous avons toujours du trafic de stupéfiants sur quelques lieux bien connus à la fois des Cheneveliers, des services de Police et de Justice. Ce sont des phénomènes qui existaient avant le confinement mais qui, dans un contexte de contraintes fortes pour les autres habitants, prennent une ampleur et une résonance très importante. Globalement, les Cheneveliers respectent très bien le confinement même si, bien évidemment, les choses sont beaucoup plus compliquées pour certains que pour d’autres. Il est sûr que cette crise sanitaire et le confinement mettent en évidence de manière très criante les inégalités sociales, les inégalités de logement, les inégalités scolaires. Mon objectif quotidien est de faire en sorte que les uns et les autres puissent supporter le mieux possible ces contraintes fortes sur les familles, sur les personnes. Effectivement, nous sommes dans la 5e semaine et nous sentons la lassitude, les énervements, les agacements monter mais globalement les choses se passent plutôt bien à Chenôve ! »
DLH : Comment avez-vous réussi à maintenir le lien avec les personnes particulièrement fragilisées par le confinement ?
T. F : « Paradoxalement, alors que, durant cette période, nous travaillons en mode dégradé, puisqu’un certain nombre d’agents du Centre communal d’action sociale sont soit en télétravail soit placés en autorisation spéciale d’absence, de par leur situation familiale, nous avons renforcé l’action sociale parce que les problématiques sociales se sont aggravées. Nous avons maintenu un accueil téléphonique du public au CCAS destiné à répondre aux interrogations des habitants, les informer et surtout les accompagner sur le maintien de leur droit aux prestations. On sait très bien que c’est déjà difficile pour un certain nombre de nos concitoyens d’exercer leurs droits. On estime à environ 30% de personnes qui pourraient bénéficier de prestations ou d’allocations qui n’en font pas la demande. En temps de confinement, où l’éloignement physique des institutions ou des services sociaux est patent, cela conduit à une aggravation de ces situations. Il est important de les rassurer et de les encourager au maintien de ces droits. Nous avons ensuite augmenté l’offre alimentaire d’urgence. Je salue le Secours populaire français qui a souhaité poursuivre ses distributions alimentaires mais, par exemple, les Restos du Cœur, pour des raisons liées à la structure de leurs équipes bénévoles, ont été contraints d’arrêter l’aide alimentaire. Le CCAS a pris le relais et, chaque jour, il délivre des bons alimentaires ou oriente les personnes vers les épiceries sociales. Nous maintenons aussi le suivi des demandes de logements avec les bailleurs… »
DLH : Un dispositif particulier a-t-il vu le jour pour les personnes âgées ?
T. F : « Nous avons mis en place une cellule d’accompagnement, d’écoute et de suivi pour les personnes âgées, fragiles et isolées. Au début du confinement, nous disposions d’un registre de référence de 142 personnes qui avait été élaboré dans le cadre du plan canicule. Aujourd’hui, nous suivons plus de 250 personnes : les plus de 70 ans, les plus de 60 ans reconnus inaptes au travail et des personnes de tout âge en situation de handicap ou d’urgence sociale. Elles se signalent elles-mêmes ou bien un proche, un membre de leur famille ou un aidant nous permet de les inscrire sur ce registre nominatif. Les 250 personnes désormais concernées sont appelées chaque jour ou au rythme fixé entre elles et le service. Nous avons développé également une veille active auprès de toutes les personnes de plus de 70 ans, qui sont au nombre de 1700 à Chenôve afin de s’assurer de leur bonne santé et de les tenir informées des dispositifs mis en place par la Ville, d’échanger avec elles pour rompre le possible isolement. Tout cela est fait grâce au réseau associatif de la ville, à l’Office municipal des personnes âgées. Nous avons 30 bénévoles qui prennent des nouvelles et signalent éventuellement les situations difficiles. L’association La Chenevelière fait le même travail en lien avec notre CCAS et notre service dédié aux personnes âgés. Nous avons mis en place un portage de repas qui bénéficie aujourd’hui à 30 personnes par le biais de notre prestataire Desie. Nous faisons également le portage de courses à domicile avec deux partenaires principaux, Carrefour Express pour tout ce qui concerne le frais et Toupargel pour les produits surgelés ».
DLH : La solidarité est-elle aussi de mise à Chenôve… et pas seulement lors des salves d’applaudissements à 20 heures ?
T. F : « Je voudrais souligner le grand élan de solidarité à l’intérieur de la population. La solidarité se fait depuis l’hôtel de ville, depuis le CCAS mais elle se fait aussi dans les cages d’escalier, dans les quartiers, dans les rues. Trop souvent, on dénigre, on montre du doigt les quartiers populaires, les villes concernées par les problématiques sociales aiguës, on montre volontiers Chenôve comme une ville de désordre, de violence urbaine, mais c’est une ville profondément solidaire de par son histoire politique. Je suis impressionné par la bonne volonté des gens. Chaque jour, je suis destinataire de messages m’indiquant que les personnes se portent volontaires pour aider les personnes âgées, coudre des masques et des blouses pour le CHU, pour faire du lien social, etc. Vraiment, cela aussi, c’est Chenôve ! »
DLH : J’imagine que l’annonce du président de Dijon métropole, François Rebsamen, de fournir des masques à l’ensemble des habitants de l’agglomération à l’issue du confinement vous satisfait…
T. F : « C’est une annonce de François Rebsamen et nous ne pouvons qu’en être satisfaits, d’autant plus que cette proposition de mutualisation de l’achat des masques est un souhait commun des 23 maires de la métropole. Aujourd’hui, nous avons deux difficultés par rapport à la fourniture des masques à la population. la première réside dans le délai de fabrication. Il faut produire ces 1 million de masques d’autant plus que l’on s’orienterait vers des masques réutilisables. Cela veut dire au moins deux masques par personne pour tous les habitants de l’agglomération. Le deuxième problème, que j’ai d’ailleurs signalé au ministre de la Ville Julien Denormandie dans les audio-conférences que j’ai régulièrement avec un certain nombre de maires de banlieue avec lui chaque semaine, est le suivant : les entreprises qui fournissent les masques actuellement le font à des tarifs qui ne sont pas encadrés, si bien que l’on peut en trouver sur le marché entre 2,50 € HT et 5 € HT. J’ai proposé que l’Etat encadre le montant des masques, à l’instar des mesures prises pour le prix des solutions hydroalcooliques au début du confinement où, là aussi, on observait une forme d’effet d’aubaine sur ce produit de première nécessité ».
DLH : Chenôve accueille sur son territoire nombre d’entreprises qui subissent de plein fouet la plus grande récession depuis la seconde guerre mondiale. La Ville compte-t-elle les aider ?
T. F : « Bien sûr. Mais je rappelle que le développement économique et les relations au monde entrepreneuriale ne sont plus de la compétence communale mais de la compétence métropolitaine ou régionale. Les relations que nous entretenons avec les chefs d’entreprise sont d’abord des prises d’information. Les leviers d’accompagnement sont réduits. Nous pouvons agir sur le foncier professionnel et éventuellement sur la Taxe locale de publicité extérieure (TLPE). Nous aurons à prendre des décisions budgétaires, dans le cadre de celles qui seront prises par Dijon métropole et par l’Etat, pour répartir le plan d’aide à la reprise qui est passé de 45 à 110 milliards d’euros. Nous observerons les modalités d’accompagnement de ce plan. Je pense aussi aux salariés. Je reste foncièrement un homme de gauche et je ne voudrais pas que les salariés soient les premières victimes de la crise économique. Les premières mesures prises par rapport à la suppression d’un certain nombre de jours de RTT, de congés et les premières déclarations, par exemple, du président du Medef national m’interpellent. Les conséquences financières de par le chômage partiel devront être envisagées de manière équilibrée. Oui, il y a des entrepreneurs, et notamment les PME, les TPE, les propriétaires de restaurant, de bar, de café… qui souffrent particulièrement de la situation actuelle. J’attire l’attention sur le fait qu’il ne faudrait pas que cette sortie de crise et ce déconfinement se traduisent par toute une régression sociale mais j’en ai bien peur ! »
DLH : Vous faites notamment référence à l’interview du président national du Medef Geoffroy Roux de Bézieux dans le Figaro qui a fait grand bruit…
T. F : « Le président national du Medef a donné le La des futures discussions et du prochain dialogue social. J’ai senti dans la déclaration du président de la République une inflexion très forte sur le plan social : il a, notamment, mis l’accent sur les quartiers populaires en précisant qu’ils subissaient plus que d’autres territoires la crise sanitaire. Il a évoqué à ma grande satisfaction l’inversion des nombres avec les personnels soignants, les professeurs des écoles, les professeurs du secondaire, les pompiers, les policiers, les caissières de supermarché, les boulangers, les livreurs… Je ne souhaite pas que cette prise en compte dans les mots du président de la République se traduise en mesures de régression sociale ! »
DLH : La « guerre sanitaire » aura tout de même eu comme effet de changer les « premiers de cordée » selon la célèbre formule d’Emmanuel Macron qui, le 14 avril dernier, a déclaré : « Les distinctions sociales ne peuvent être liées que sur l’utilité commune… »
T. F : « En dehors de tous les inconvénients et les drames individuels et collectifs que l’on a pu connaître, cette crise sanitaire aura eu un mérite. C’est de produire une sorte d’effet de loupe sur la situation des inégalités sociales, scolaires, d’accès à la culture, au sport… Ce sont des choses que je connais bien à Chenôve et contre lesquelles je me bats depuis des années dans l’action quotidienne d’une municipalité progressiste. Dans les faits, on se rend compte que cette crise sanitaire a amplifié les phénomènes que l’on connaissait déjà en temps normal. La question scolaire l’illustre parfaitement ».
DLH : En tant qu’inspecteur de l’Education nationale, le sujet des inégalités scolaires vous tient ainsi particulièrement à cœur…
T. F : « Nous savons très bien que les inégalités sociales se doublent dans nos quartiers périurbains, dans nos villes populaires, d’inégalités scolaires. C’est vrai en temps ordinaire et la continuité pédagogique et l’acte éducatif à distance l’ont mis en évidence de manière hurlante durant ce confinement. Comment suivre son enfant de manière efficace quand soit même on n’a pas les prérequis pour le faire ? Comment faire effectuer un travail scolaire à son enfant quand le matériel informatique se résume, au domicile familial, dans le meilleur des cas à un ordinateur et, dans le pire, à rien du tout ou à un simple smartphone ? Comme maintenir une relation à l’école quand la connexion internet n’existe pas à domicile ? Mais je voudrais d’abord remercier les 12 enseignants volontaires et nos agents municipaux qui ont proposé un accueil pour les enfants des personnels de santé comme dans toutes les communes d’ailleurs. Nous avons aussi pris des décisions fortes pour la continuité éducative d’abord en direction des enfants et des familles les plus en difficulté qui bénéficient du Programme de réussite éducative ».
DLH : Combien d’enfants sont inscrits dans ce Programme ?
T. F : « 113 enfants (82 familles) bénéficient d’un accompagnement spécifique du programme de réussite éducative à Chenôve. Les enfants inscrits au PRE sont les plus en difficulté et il était évident pour nous de les aider plus particulièrement »
DLH : La fracture numérique est apparue au grand jour depuis la fermeture des établissements scolaires. Comment avez-vous limité le décrochage des élèves ne bénéficiant pas des outils indispensables ?
T. F : « Nous avons répondu à la fracture numérique avec un prêt de tablettes numériques pour les familles en difficulté. Aujourd’hui, ce sont 87 tablettes qui ont été mises à disposition d’autant d’enfants sur la base d’une convention et cela vient compléter la mise en place d’une transmission des ressources pédagogiques par voie postale. Une convention a, en effet, été également passée entre l’Education nationale et la Poste pour l’envoi de documents pédagogiques aux familles ne bénéficiant pas de matériel informatique. C’est une très bonne chose sauf que j’ai découvert que cet envoi postal était limité à trois recto-verso par enfant et par semaine, ce qui est nettement insuffisant. Aussi avons-nous convenu avec l’inspectrice de circonscription de mettre en place des référents pédagogiques par école et de photocopier gratuitement les documents que les parents peuvent venir chercher, sur rendez-vous dans l’établissement scolaire ».
DLH : Allez-vous également aider les familles socialement les plus fragiles que le confinement risque de placer encore plus en dehors du chemin ?
T. F : « J’ai pris deux décisions très importantes que je mettrai en œuvre pour l’une dans les jours à venir et pour l’autre à l’issue du confinement. D’abord, je suis satisfait de l’annonce faite par le chef de l’Etat d’une aide exceptionnelle aux familles. C’était indispensable pour les plus modestes, inscrits au RSA ou bénéficiant des APL. Nous avons souhaité, à Chenôve, une allocation complémentaire de l’aide de l’Etat. Cela participe à la réflexion que nous avons menée durant les 6 ans du mandat et qui était inscrite dans notre programme municipal dans la perspective d’un Revenu municipal garanti. Cette aide municipale permettra d’épauler financièrement les familles les plus modestes face à l’augmentation des charges courantes qu’elles connaissent durant la période de confinement. Je prends l’exemple d’une famille avec 3 enfants qui bénéficiait du tarif le moins élevé dans nos cantines scolaires, autrement dit 1,12 € par repas et par enfant. Essayez de nourrir votre enfant à hauteur de 1,12 € ! C’est impossible, aussi cette famille à laquelle je fais référence a eu, durant la période de confinement, à supporter un surcoût lié à la rupture du service de restauration scolaire et à faire face à une augmentation de sa dépense consacrée à l’alimentation. C’est le sens de la mesure annoncée par le président de la République et de celle que nous allons prendre de façon exceptionnelle dans les jours à venir ».
DLH : Avez-vous fixé le montant de cette aide complémentaire à celle de l’Etat ?
T. F : « La forme reste à déterminer mais nous serions aujourd’hui sur une aide qui toucherait les 449 enfants qui sont inscrits dans les 4 tranches inférieures de tarification de la restauration scolaire. Pour ceux figurant sur la tranche la plus modeste, nous accorderons 100 € par enfant, ensuite, en fonction, des tranches concernées, ce serait 75, 50 et 25 € par enfant. Nous avons estimé la dépense pour la Ville à hauteur de 34 000 euros ».
DLH : Quelle est la seconde mesure que vous prendrez à l’issue du confinement ?
T. F : « La seconde mesure forte que je vais mettre en œuvre concerne tous les enfants de Chenôve scolarisés dans une école de la ville et entrant en CM2. Ils seront dotés, dans leur kit scolaire de rentrée, en complément de ce que nous leur fournissons déjà en cahiers, crayons, gommes, etc., soit d’une tablette numérique avec clavier, soit d’un micro-ordinateur. Cela sera mis en place pour la rentrée prochaine et cette dépense sera pérenne. Celle-ci est estimée à hauteur de 30 000 € par an pour la Ville. Nous avons choisi le CM2 parce que c’est l’entrée du cycle 3 commun CM2-6e et aujourd’hui le conseil départemental de la Côte-d’Or, à la différence d’autres conseils départementaux, ne fournit pas d’équipements numériques à l’entrée de la 6e. Les enfants de Chenôve disposeront des outils numériques pour l’entrée en CM2 et pourront s’en servir lorsqu’ils entreront au collège ».
Propos recueillis par Camille Gablo