Comme vous pouvez le voir, nous ouvrons nos colonnes et, de facto, déroulons le tapis rouge au grand spécialiste dijonnais des couleurs : Philippe Fagot. Portrait du seul arcenciologue de l’Hexagone qui dépeint comme personne les couleurs de l’espoir. En plein confinement, cela vous permettra, nous l’espérons, de (re)voir la vie… en rose !
« L’âme de l’homme a reçu des ailes et enfin elle commence à voler. Elle vole vers l’arc-en-ciel, vers la lumière de l’espoir… » Ainsi parlait Charlie Chaplin dans l’un des films cultes où l’humanité se battait contre un autre fléau (infectieux !) : la peste brune. C’est en effet l’une des répliques du Dictateur qui, lors de sa sortie Outre-Atlantique en 1940, avait pour but de mobiliser l’opinion nord-américaine contre le nazisme. L’arc-en-ciel symbolise depuis toujours l’espoir… et il s’est naturellement imposé comme l’une des représentations phares depuis le début de la « guerre sanitaire » contre le Covid-19. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes tournés vers le plus grand spécialiste dijonnais (et bien plus largement) de ce photométéore (phénomène optique qui se produit dans le ciel) afin qu’il nous mette de la couleur dans les yeux… dans cette période sombre de notre Histoire. Philippe Fagot ne porte certes pas le chapeau melon de Charlie Chaplin mais son catogan n’en est pas moins célèbre dans la cité des Ducs… Aussi avons-nous déroulé le tapis rouge à cet ancien architecte d’intérieur devenu consultant en management de la couleur parce qu’il est… arcenciologue. Un néologisme qu’il a pris plaisir à forger et qu’il explique ainsi : « Légitimement cela aurait dû être iridologue, eu égard à la racine grecque, mais comme il existe une discipline médicale l’utilisant, j’ai choisi arcenciologue. Celui-ci désigne les recherches sur l’arc-en-ciel par le biais de trois entrées : la première est l’épistémologie, autrement dit l’histoire de l’évolution de la pensée scientifique, la deuxième est la manière dont les artistes se le représentent – ainsi, au Moyen-Âge, il est dessiné avec trois couleurs, eu égard à la théorie de la Trinité, avant, à la Renaissance, d’être composé de quatre couleurs, en référence cette fois-ci à la théorie des éléments. La dernière entrée est liée à l’anthropologie et surtout aux sciences religieuses, aux mythes, légendes et symboles. En Franche-Comté, sachez par exemple qu’il est désigné par les paysans comme la jarretière de la Sainte-Vierge… »
« L’arc-en-ciel est-il un phénomène inexistant, un mirage, une image, une illusion ? », s’interroge-t-il, non sans développer : « Derrière la géométrie circulaire qui se présente à l’observateur, les scientifiques dérivent progressivement vers la métaphysique. Derrière celui-ci, n’y aurait-il pas un ordre caché accessible par la géométrie ? Ce qui m’intéresse c’est l’interférence entre toutes ces connaissances. Le fait que l’arc-en-ciel soit spontanément désigné comme une sorte de bannière pour lutter contre le Coronavirus provient de ramifications ancestrales. Il puise ses racines dans la Bible, dans la mythologie populaire… »
Auteur, notamment, de La Couleur des aliments : De la théorie à la pratique, Philippe Fagot sait comme personne nous redonner goût à la vie. Une vie en couleurs… « Monsieur arc-en-ciel », comme Libération s’était plu à l’appeler dans un portrait qui avait fait date, se penche dans ce numéro sur un autre émerveillement : la renaissance du printemps et la floraison des arbres. Nous vous proposons ainsi avec Philippe Fagot de déguster à leurs justes valeurs dans la page voisine le vert… et le rouge. Les adeptes du Coronapéro, peuvent, qui sait, accompagner cette rubrique d’un verre… de rouge (Bourgogne oblige) ? En toute modération s’entend. Un breuvage coloré particulièrement apprécié de Charlie Chaplin… Et ce, même si nous étions à l’époque du… noir et blanc !
Camille Gablo