La librairie Gibert dans les starting-blocks

Tout comme nous, beaucoup attendent la réouverture de la célèbre librairie dijonnaise Gibert. Et pas seulement parce que cela signifiera la fin du confinement… Vivement que ce temple de la culture, qui vient d’écrire une nouvelle page de son histoire, rayonne à nouveau et franchisse le cap, comme nombre de commerces, de la crise économique, corollaire de la crise sanitaire ! Rencontre (téléphonique) avec le directeur Olivier Lévy…

« Toutes les grandes lectures sont une date dans l’existence… » écrivait l’un des poètes bourguignons les plus célèbres, Alphonse de Lamartine. Les inconditionnels – et ils sont nombreux – de Gibert pourraient, qui sait, moduler légèrement la citation de l’auteur du Lac, eu égard à la période compliquée qu’ils traversent, et dire : « La réouverture de la librairie sera une grande date de l’existence ! » D’aucuns, en effet, attendent avec une impatience non feinte le moment où ils pourront franchir à nouveau les portes de ce temple de la culture dijonnaise. Leur empressement (en respectant naturellement les règles de sécurité) fera peut-être qu’ils ne découvriront pas que l’enseigne a été modifiée puisque Gibert Joseph a laissé place à Gibert, les entités Gibert Jeunes et Gibert Joseph s’étant à nouveau mariées après… 90 ans de divorce, écrivant ainsi une nouvelle page de leur histoire.

Une chose est sûre : ils éprouveront un véritable bonheur de se retrouver au cœur (physiquement s’entend) des livres neufs et d’occasion de cette enseigne dont la genèse remonte à 1886 sur le quai Saint-Michel à Paris, l’épopée dijonnaise ayant quant à elle débuté en 1962…

Mais revenons à 2020 et à la « guerre sanitaire » que cette enseigne affronte, comme nombre de commerces au demeurant.

« La vertu du juste »

Comme l’explique le directeur Olivier Lévy, « nous sommes fermés depuis le samedi 14 mars à 19 heures, soit avant même les professionnels de la restauration. Notre chiffre d’affaires a baissé de 55% en mars par rapport à l’année précédente et il sera de 0 au mois d’avril. La vente à distance ne pallie en aucun cas la vente physique et la chaîne du livre, eu égard notamment à l’arrêt des rotatives, est totalement verrouillée. Aucun éditeur ne fait paraître ses nouveautés. Les plans de parution vont être totalement bousculés et nous travaillerons au début avec le stock ». Concurrencée par les pure player, tels Amazone, la première librairie indépendante, comme la qualifient régulièrement les revues spécialisées, subit, de plein fouet, la crise économique, corollaire de la crise sanitaire. Et les perspectives de s’annoncer également compliquées : « Nous estimons d’ores et déjà la baisse de notre chiffre d’affaires pour le mois de mai à hauteur de 70%, eu égard, notamment, à l’aspect progressif du déconfinement. L’absence du flux de touristes inhérent aux travaux de piétonisation et à la rénovation du MBA réalisés par la mairie de Dijon mais aussi la fermeture, apparemment jusqu’à la mi-juillet, des cafés, hôtels et restaurants, vont être préjudiciables. Il faudra du temps pour que tout redevienne à la normale ».

Le spleen est là – et l’on ne parle pas de celui des poètes – mais rassurez-vous, nous pouvons faire confiance à ce grand professionnel de l’univers livresque pour la suite de l’histoire : « Quoi qu’il arrive, nous serons prêts le 11 mai pour accueillir nos clients dans les règles de sécurité et d’hygiène. L’occasion et le neuf seront toujours au rendez-vous », glisse Olivier Lévy. D’ici là, et tant que nous vivons dans un monde virtuel, n’hésitez pas à vous rendre sur le site internet de Gibert (1). Vous pouvez vous faire livrer et comme le précise l’enseigne : « Restez chez vous et cultivez-vous ». Nous laisserons, vous vous en doutez, l’épilogue de cet article à Lamartine : « La patience est la vertu du juste ». Alors patience…

Camille Gablo

www.gibert.com

Livraison boîte aux lettres 1,99 €; 0,01 € à partir de 25 € d’achat