François Rebsamen : « Le combat n’est pas terminé ! »

Après avoir réuni l’exécutif de la Ville – ce qu’il fera désormais toutes les deux semaines –, le maire et président de Dijon métropole, François Rebsamen, s’est adressé à nouveau, par le bais d’une vidéo sur les réseaux sociaux, à l’ensemble des habitants. Avant de faire un état des lieux de la « guerre sanitaire » contre le Covid-19, il n’a pas manqué de rendre hommage à son prédécesseur, Robert Poujade, disparu le 8 avril dernier. L’Auditorium portera le nom du premier ministre de l’Environnement et un hommage lui sera rendu à l’issue du confinement. Morceaux choisis de cette intervention où il a rappelé, notamment, « la valeur du service public local qui demeure l’un des plus performants du monde ». Non sans conclure : « Prenez soin de vous ! »

« L’auditorium portera le nom de Robert Poujade »

François Rebsamen : « Nous avons appris la disparition de Robert Poujade qui fut le maire de Dijon pendant 30 ans, de mars 1971 à mars 2001. Il était un maire gaulliste, dans une ville qui ne l’était pas forcément mais dont il su gagner, et surtout garder la confiance (…) J’ai été l’adversaire politique de Robert Poujade. Je suis aujourd’hui son successeur. Nos relations étaient devenues très cordiales, fondées sur l’estime et le respect mutuel. Il était cultivé, pudique, et il détestait la démagogie. Nous avions des désaccords politiques, mais tout comme moi, il aimait notre ville du plus profond du cœur. Il aimait parler politique avec moi, il aimait dire du mal de ses ennemis… et parfois même de ses propres amis. La disparition de cet homme qui a compté pour Dijon mérite un hommage, que nous lui rendrons, comme il se doit, lorsque le confinement s’éloignera. Mais sans attendre, j’en prends l’engagement, Robert Poujade aura sa place dans notre ville et c’est la raison pour laquelle je proposerai au prochain conseil municipal de dénommer l’auditorium de Dijon, « auditorium Robert Poujade » (…) En votre nom à tous, j’adresse à son épouse, à son fils, mes sincères condoléances ».

« Peu d’infractions relevées »

François Rebsamen : « Nous avons besoin, parfois, de quelques ajustements pour mieux assurer les gestes barrières, notamment sur le marché des Halles où vous êtes nombreux à venir vous approvisionner en produits frais. Et c’est une bonne chose, y compris pour nos producteurs locaux. Je remercie les placiers, les agents de sécurité et la police municipale de leur travail pour permettre la tenue de ce marché ; police municipale qui a besoin, parfois, de vous inciter à ne pas prolonger vos sorties de manière excessive, sur les allées du parc, place Wilson, Port du Canal ou aux abords de l’allée du Ruisseau. Mais tout cela reste finalement assez marginal. La police municipale, qui a opéré plus de 1 600 contrôles, n’a relevé que peu d’infractions. Les Dijonnais utilisent assez largement le téléchargement des attestations sur téléphone mobile. S’ajoutent 4 opérations de contrôle ciblées réalisées ces derniers jours dans les transports en commun, qui ont malheureusement montré que trop de personnes n’étaient pas munies de leur attestation ou n’avaient tout simplement aucune nécessité à être dans le tram. Mais pour l’essentiel, les Dijonnais sont compréhensifs et font preuve d’un esprit civique qui, une fois de plus, honore notre ville ».

« Hommage à tous les soignants »

François Rebsamen : « Nous voilà désormais tournés vers la date du 11 mai. Cette date, nous le savons tous, ne sera pas celle de la fin du confinement et de ce dur combat que mène la France, comme presque tous les pays du monde, avec plus ou moins d’anticipation et de réactivité. Car le combat n’est pas terminé, loin de là. Si le risque de la saturation des lits de réanimation, pour le moment, s’est éloigné, nous comptons cependant nos malades, nous pleurons nos morts. Et bien sûr, nous fêtons chaque guérison de proches et d’amis qui, pour certains d’entre eux, reviennent de loin. Une nouvelle fois, laissez-moi rendre hommage, sans déroger, à tous les soignants, femmes et hommes, eux-mêmes non épargnés par la maladie mais qui retournent au travail dès qu’ils le peuvent, qui ne comptent par leurs heures, et dont le professionnalisme est soutenu, je dirais même porté, par l’énergie positive et la reconnaissance de toute la population ».

« La réouverture des cimetières »

« Les cimetières de Mirande et des Péjoces sont désormais ré-ouverts deux après-midi par semaine, le lundi et le vendredi, de 14 h à 17 h. Concernant le cimetière des Péjoces, nous avions dans un premier temps ouvert côté rue des Péjoces. Mais plusieurs Dijonnais nous ont justement fait remarquer qu’il serait plus commode d’ouvrir également les portes du côté du boulevard Petitjean, dont l’entrée est moins éloignée des tombes les plus récentes et qui se trouve mieux desservi par le tram. Merci aux Dijonnais de leur bon sens, nous avons modifié cela. Si j’en crois le nombre de messages reçus, cette mesure était nécessaire. Le confinement, oui, mais il ne doit pas être inhumain ! Je sais que les visiteurs étaient nombreux, mais qu’aucune difficulté particulière n’a été rencontrée. Je remercie également le personnel du service état-civil de la ville de Dijon, qui accueille les personnes au cimetière ».

« La cruelle solitude de nos aînés »

François Rebsamen : « Malgré les grandes difficultés d’organisation que cela pose, c’est un immense soulagement de savoir que nos anciens, placés en EHPAD, peuvent désormais à nouveau recevoir la visite de leurs proches. La solitude de nos aînés confinés dans les maisons de retraites, sans pouvoir sortir ni parfois communiquer avec leur famille, c’est l’une des choses les plus cruelles que nous avons ressenties ces dernières semaines ».

« Il nous faudra des masques »

François Rebsamen : « Pour reprendre, même progressivement, la vie collective qui nous manque, il nous faudra des masques, et il nous faudra des tests de dépistage. Quelle sera la doctrine ? Le gouvernement nous en fournira-t-il, comme le président de la République l’a annoncé ? Beaucoup en doutent, avec de grandes difficultés à faire confiance à un Etat trop centralisé qui a justifié la non-nécessité des masques par leur pénurie, y compris auprès du personnel soignant ou des EHPAD. Nous n’en sommes plus là mais cette situation, indiscutablement, a altéré la confiance (…) Au total, ajoutés aux 50 000 masques dont la ville disposait encore depuis la crise du H1N1 de 2009, nous avons été livrés pour l’instant de 35 000 masques, parmi lesquels 20 000 proviennent d’un don de l’association des Chinois de Dijon (…) Outre le million de masques chirurgicaux commandés avec le Région, qui sont donc à usage temporaire et dont la livraison est toujours attendue, nous avons passé commande de 650 000 masques réutilisables et lavables, principalement à des entreprises de la Région. Nous en organiserons la distribution, selon des modalités que je vous présenterai en temps utile ».

« Tous les bâtiments scolaires nettoyés »

François Rebsamen : « Bien sûr, nous attendons des précisions du gouvernement, en particulier sur les questions relatives à la reprise de l’école. Samedi, à mon initiative, parce que je l’ai demandé personnellement au maire de Toulouse qui préside notre association des grandes villes de France, nous recevrons le ministre de l’Education nationale. Nous voulons l’entendre. Et nous souhaitons qu’il nous entende. Car ce sont nous, les maires des communes de France, qui sommes à la manœuvre pour rendre opérationnelle cette reprise que nous espérons tous et pour laquelle nous chercherons tous les moyens à mettre en œuvre. Pour les écoles, nous aurons naturellement nettoyé tous les bâtiments, en vue de l’accueil des enfants, et nous mettrons à disposition des produits de nettoyage en quantité suffisante. J’en profite pour vous dire que les inscriptions pour la rentrée scolaire de septembre se dérouleront comme habituellement, à partir du lundi 4 mai, par téléphone auprès des directeurs d’écoles. Je signale aussi que les commissions d’attribution de places en crèches se déroulent normalement ».