« Après la crise se posera la question du qui paiera la dette »

Tout le monde sait que la crise sanitaire est renforcée par celle de l’hôpital public qui vient de loin. Elle ne date pas de décisions soudaines mais d’un lent glissement vers une financiarisation de la santé publique. Il faut se rappeler l’émergence du principe de la tarification à l’activité (T2A) en France, principe qui était déjà en soi un tri des malades. On pourrait aussi aborder les conséquences financières des « partenariats publics-privés » (PPP) sur les hôpitaux. Les exemples sont nombreux et chez tous les gouvernements. Sont-ils les seuls responsables ? Combien critiquèrent l’hôpital public et ont défendu les cliniques privées comme le nouveau modèle de demain ? 

Aujourd’hui, les États activent la planche à billet pour tenter d’éteindre les incendies sanitaires, économiques et sociaux. La dette publique va gonfler sans changer pour autant les fondamentaux du fonctionnement du système. Par exemple, ne serait-il pas utile de nationaliser une industrie pharmaceutique plutôt que de nationaliser potentiellement une industrie automobile ?

Après la crise se posera la question du qui paiera la dette, car il faudra bien payer. Si les classes populaires et les classes moyennes sont mises à contribution après la crise, cela conduira inévitablement à la chute du régime politique tel que nous l’avons connu jusqu’à présent. Comme Calonne dont les procès sémantiques de Turgot et Necker ne suffirent pas à cacher l’insuffisance et la duplicité, conduisant inévitablement à la Révolution. 

La question fondamentale sera donc celle de la répartition, et donc du modèle de société que nous voulons pour les nouvelles générations qui viennent. 

Tout n’est pas économique. Le don, l’art et la culture, l’entraide par l’échange des savoirs, l’éducation, la bienveillance, le loisir, la nature, la diversité, … mais qui mesure cela ? 

Certainement pas la croissance du PIB. Dans une société algorithmique, ce qui n’est pas mesuré n’existe pas. Il faut donc changer de thermomètre.

Laurent Grandguillaume

Ancien député PS de la 2e circonscription de Côte-d’Or (2012-2017)