Clément Lebrun : « Je veux rassembler les différents publics musicaux »

Passionné de musique, Clément Lebrun était parti pour étudier des manuscrits du XIVe siècle… Mais son besoin de transmettre l’a fait s’éloigner des bibliothèques et se tourner vers les autres pour exercer le métier de médiateur culturel. Une vocation en trois déclics.

Le premier se produit un soir arrosé entre amis, quand il parvient à faire chanter un canon Renaissance à vingt personnes qui ne savent même pas ce qu’elles chantent, mais la magie opère. « Je me suis dit, c’est comme ça qu’il faut apprendre la musique, il faut faire plutôt que dire, et créer un cadre qui donne envie ». Le second survient grâce à la remarque d’une jeune fille au cours d’une conférence : « C’était bien mais j’aurais voulu écouter le concert avant que vous en parliez »… Dès lors, Clément s’attelle à évoquer ce qui entoure une œuvre : son histoire, le contexte, des anecdotes, et laisse les spectateurs tout à leur découverte. Le troisième est un constat observé dès ses premières interventions : les différents publics musicaux sont trop cloisonnés ; il se décide donc à rassembler.

Devenu médiateur en plus de sa pratique de musicologue et musicien, Clément Lebrun accourt aujourd’hui là où on l’appelle pour transmettre l’envie d’être curieux. Les méthodes se déclinent à l’infini, s’adressent à tous les âges et à tous les publics : ciné-concert, conférence-repas dans un restaurant, répétitions commentées avec un orchestre, récitals éducatifs en famille… Une approche de l’art nouvelle puisque Clément a été le premier médiateur culturel à avoir ce statut il y a maintenant 15 ans. Des formations universitaires préparent désormais à l’exercice de ce métier.

La radio est un autre canal qui lui permet d’amener la musique là où elle n’est pas : à la tête de l’émission « Le Cri du Patchwork » sur France Musique ou comme intervenant auprès de l’association dijonnaise Why Note, son crédo reste celui de discuter musique autrement, d’interpeller. La main, la parole, une partition ; évoquer une simple notion qui permet ensuite de déployer des liens avec différentes époques ou sphères musicales est son cheminement favori. Celui qui l’a conduit à travailler avec des enfants aussi bien qu’avec des chefs d’orchestre et celui qu’il compte poursuivre : « J’ai un projet qui mêlerait musique japonaise, médiévale, contemporaine, électro et qui mélangerait les publics. C’est encore un peu compliqué à mettre en place aujourd’hui mais j’y crois ! »

Caroline Cauwe

Crédit photo : Why Note, centre de création musicale