En juillet 2017, après la réélection de Rémi Delatte comme député de la 2e circonscription – ce fut le seul parlementaire Les Républicains qui résista à l’époque à la vague de La République en Marche en Côte-d’Or –, son bras droit et premier adjoint prit sa succession à la tête de la commune de Saint-Apollinaire. Les 15 et 22 mars prochain, le maire sortant Jean-François Dodet se présente devant les électeurs de sa commune à la tête d’« une liste de rassemblement » faisant la part belle au renouvellement et rajeunissement, tournée, comme il l’explique, « vers l’intérêt général, sans considération partisane ». Il faut dire qu’au moment où nous écrivions ces lignes tout portait à croire que « Saint-Apollinaire Ensemble » soit la seule liste en présence dans cette commune de la métropole ne dépassant pas, rappelons-le, les 9 000 habitants. Un seuil en dessous duquel l’article L 52-11-1 du Code électoral ne prévoit pas un remboursement des dépenses de campagne…
Dijon l’Hebdo : Vous vous présentez pour la première fois devant les Epleumiens comme tête de liste. Inscrivez-vous votre programme en droite ligne des réalisations effectuées par vos prédécesseurs Louis Berthou et Rémi Delatte ?
Jean-François Dodet : « Ils ont tellement marqué l’un et l’autre la commune que l’on ne peut que suivre leur ligne. Surtout Rémi Delatte, qui a placé l’homme avant tout le reste. Ce n’est pas le système qui commande, c’est avant tout l’homme placé au cœur du système, d’où l’intérêt général et l’intérêt porté à chacun. C’est aussi la place de l’environnement dans le quotidien. Si on veut que les gens soient heureux, il faut que leur environnement soit bien pensé. C’est la raison pour laquelle nous avons aujourd’hui un urbanisme envié. Nous n’avons pas de difficultés sur le foncier, sur les ventes de maisons ou d’appartements dans la commune. Dynamique et reconnue pour sa qualité de vie, au débat politique apaisé, Saint-Apollinaire, avec son identité que l’on peut qualifier d’esprit village, est une commune recherchée. Nous allons nous inscrire dans la même réflexion, à savoir un urbanisme où il fait bon vivre et où les personnes sont heureuses de se retrouver. Aussi continuerons-nous avec deux opérations de respectivement 120 et 250 logements. Je n’oublie pas non plus l’aspect intergénérationnel et le lien social, avec des lieux favorisant les rencontres. Ma touche personnelle réside dans le fait que le lien social passe aussi par l’engagement citoyen. On appartient à une commune, le bien public nous appartient mais, en contrepartie, si on a du temps, on peut apporter sa pierre à l’intérêt général. Ce sont les fameux comités (Redoute…) que nous avons mis en place ces deux dernières années. Je vis dans la Cité mais je participe aussi à sa construction si je le peux. Je ne veux pas paraphraser Kennedy – « Ne dis pas ce que l’Etat peut apporter pour toi mais ce que tu peux apporter à la Nation » – , mais c’est un peu le même principe. Sur des causes très ponctuelles, les jeunes peuvent s’engager de façon très forte… »
DLH : C’est ainsi que vous allez poursuivre « l’innovation dans les politiques publiques » qui, comme vous le déclarez dans votre document de campagne, est « dans l’ADN de Saint-Apollinaire… »
J.-F. D. : « Nous allons en effet innover. Nous allons mettre en place des assises citoyennes. Sur la base des jurys citoyens, nous allons tirer au sort un échantillon représentatif de la population de la commune, en nous appuyant sur l’INSEE. En fonction des dossiers, cette assemblée préparera ses questions lors d’un temps de préparation. Dans le cadre d’une réunion publique, les élus et notamment les adjoints répondront ensuite aux interrogations. Si aucune autre liste ne se déclare, cela peut permettre d’avoir un regard différent des 29 conseillers qui siégeront. C’est une innovation importante ».
DLH : L’absence de liste(s) concurrente(s) ne fragilise-t-elle pas le débat démocratique ?
J.-F. D. : « Quel que soit le cas de figure, autre liste ou non, nous allons renforcer la démocratie participative. Je ressens globalement que les choses changent considérablement. Nous assistons à une véritable évolution de la société. Le regard des 25-35 ans, aux affaires dorénavant, n’est plus le même que celui des 50-70 ans. Je le vois bien dans les réunions publiques. Les préoccupations sont différentes, les attentes contrastées. il faut prendre cela en compte dans une politique d’intérêt général ».
DLH : Et, parmi les nouvelles attentes, figure, notamment chez les nouvelles générations, la préservation de l’environnement…
J.-F. D. : « Nous allons en effet œuvrer pour la transition écologique. Nous mettrons tout en œuvre afin de réponde à ce défi majeur correspondant, on le voit bien, à une forte demande des plus jeunes. Il faut accompagner cette transition écologique mais pas sous un côté punitif. Aujourd’hui, nombre d’aides peuvent être apportées dans ce domaine mais il n’existe pas de guichet unique. Nous allons en créer un. Un adjoint sera aussi spécifiquement dédié à la transition écologique et celui-ci interviendra de façon transversale sur tous les dossiers. N’oublions pas non plus que des projets de taille sont également portés par la métropole sur ce sujet : je pense notamment au réseau de chaleur qui est le 4e de France dont nous pourrions bénéficier ».
DLH : Vous prônez également « l’innovation sociale » dans votre programme. Qu’entendez-vous par là ?
J.-F. D. : « L’action sociale a tout de même muté du conseil départemental à la métropole, par le biais des transferts de compétences. Il faut que l’on organise cela au sein de la métropole mais également dans les communes. Plutôt que de faire du social, il faut prévenir les situations de précarité entraînant du social. Nous avons un certain nombre d’indicateurs qui, à un moment donné, se mettent au rouge pour les personnes en difficultés, à l’instar de retards sur des règlements de loyers, de factures EDF… Nous allons mettre en place un système qui alerte avec les opérateurs potentiels afin que nous puissions intervenir le plus en amont possible. Comme médecin, je préfère prévenir que guérir ! »
DLH : La place de Saint-Apollinaire dans Dijon métropole est particulière. Continuerez-vous à entretenir cette proximité avec l’agglomération ?
J.-F. D. : « Nous avons créé à l’origine le District avec quatre autres communes de l’agglomération. Aussi avons-nous une histoire à part avec la métropole comme tous les membres fondateurs. Nous avons pour notre part toujours joué la carte de la métropole. Je n’ai aucune difficulté vis à vis de cela. Soit on prend des postures politiques et, du coup, on dit parfois un peu n’importe quoi, soit on regarde réellement les choses et on avance. On a un président qui, jusqu’à présent, écoute les maires. Après, parfois, l’intérêt général métropolitain n’est pas toujours forcément en phase avec l’intérêt particulier des communes. C’est tout l’équilibre subtil à trouver entre nous. Et Saint-Apollinaire a également une voix particulière dans la métropole parce que nous sommes le seul chef lieu de canton rural. Cela génère un lien intéressant entre la métropole et les communes du canton ».
DLH : Qu’attendez-vous, notamment, de Dijon métropole durant les 6 prochaines années ?
J.-F. D. : « Il faut que des équipements métropolitains sortent un peu du cadre purement dijonnais. Je ferai quelques propositions dans ce sens. Nous allons accueillir l’école du DFCO sur le territoire communal mais nous aimerions travailler aussi sur ce qui concerne la chorégraphie et la danse. Nous œuvrons avec un certain nombre de partenaires sur ce dossier. Nous pourrions être phare dans ce domaine dans la métropole ».
DLH : Sur qui vous appuyez-vous afin, comme vous le dites, d’ « imaginer la ville pour 2030 » ?
J.-F. D. : « La liste est renouvelée à près de 66%. Comme je l’expliquais plus en amont, la société évolue, aussi est-ce une véritable volonté de ma part. J’ai souhaité le rajeunissement et cette liste a une moyenne d’âge de 46 ans. Nombre des colistiers ont entre 19 et 45 ans. Ensuite, je voulais la présence de personnes qui travaillent. Pratiquement tous ont une activité professionnelle. Nous devons avoir seulement 3 ou 4 retraités. Sachez aussi que parmi les adjoints et les délégués nous aurons des nouveaux entrants et des jeunes qui représenteront leur génération. Nous avons construit une liste à l’image de notre société d’aujourd’hui. Nous changeons de paradigme ! »
Propos recueillis par Camille Gablo