Europe Ecologie-Les Verts : Une vague éco-low ou éco-high ?

Dans le marc de café… (du commerce équitable naturellement), les devins politiques prédisent que la poussée verte, qui a éclaté au grand jour lors des dernières élections européennes, croisse encore dans les rues dijonnaises lors des municipales. En nous mettant dans le sillon de Greta Thunberg, lors de son discours à l’ONU, nous nous permettrons un titre en anglais : éco-low ou éco-high, that is the question ?

16,72 %, tel a été le score d’Europe Ecologie-Les Verts aux élections… européennes de mai 2019. Certes, ils étaient arrivés, à l’époque, derrière la liste Renaissance de La République En Marche (25,56%) mais c’était avant qu’Emmanuel Macron ne subisse véritablement ses premiers trous d’air… Les écologistes avaient même damné le pion au Rassemblement national (15,43%) dans la capitale régionale alors même que le scrutin des européennes est traditionnellement favorable à l’extrême droite. Lors de la précédente consultation, en 2014, à l’échelle de l’ancien continent (qui n’avait rien à voir avec « l’ancien monde » dont l’on nous parle aujourd’hui), ils n’avaient creusé leur sillon qu’à hauteur de 9,02%, loin derrière, à l’époque, l’UMP (20,37%), le PS (19,99%), le Front national (18,84%) et l’UDI-Modem (9,99%). C’est dire leur progression…  En nombre de voix, EELV est passé, de 2014 à 2019, de 3 267 à 7 127 voix, soit une récolte supplémentaire de plus de 54 %.

Et les racines de la conscience écologique n’ont eu de cesse depuis de s’implanter plus profondément dans la société : souvenons-nous de l’engouement (et c’est un doux euphémisme) autour des périples de Greta Thunberg, à qui Le Times a tout de même, à 16 ans, décerné le titre de personnalité de l’année. Les épisodes caniculaires multiples ont également cloué au pilori politique les derniers contempteurs du réchauffement climatique… Et, dans la foulée des manifestations pour le climat, les écologistes ont réussi le tour de force de ré-intéresser les jeunes à la Res Publica. Dans la nouvelle agora, les jeunes veulent en effet voir leur avenir en vert… faisant de la lutte contre les prédictions apocalyptiques l’engagement des nouvelles générations. Les épées de Damoclès ont changé : nous sommes dorénavant bien loin des combats qui avaient conduit les étudiants à enflammer les pavés en mai 68… Ils veulent aujourd’hui casser le bitume mais pas pour les mêmes raisons. Pour y favoriser le retour de la nature en ville !

Commerce équitable

Justement, la grande question concernant cette nature en ville est la suivante : à quelle hauteur montera la vague verte à l’intérieur des remparts de la capitale régionale le 15 mars prochain ? Un premier début de réponse a été donné par nos confrères du Bien Public avec le sondage IFOP qu’ils ont publié dans leurs éditions du 18 février dernier. Même si, précaution de langage oblige, ce sondage n’est qu’une photographie des intentions de vote à un instant T (entre le 4 et le 7 février plus précisément), il a reflété ce que les pythies politiques annonçaient déjà depuis de nombreux mois dans le marc de café… issu du commerce équitable vous vous en doutez (pour le café, difficile de parler de circuit court !). Au total, les deux listes écologistes récolteraient 25% : 5 % pour la liste « Dijon 2020 un printemps écologiste » menée par Bruno Louis et 20% pour la liste Dijon écologique et solidaire soutenue par EELV pilotée par Stéphanie Modde, l’ancienne 5e adjointe de François Rebsamen déléguée à l’écologie urbaine et au cadre de vie. La stratégie du cavalier seul (sur l’échiquier politique), en se désolidarisant de l’exécutif (l’historique Jean-Patrick Masson est tout de même resté aux côtés du maire et président de la métropole sortant) leur permettrait ainsi de conforter la poussée écologiste qui est apparue au grand jour lors des européennes. 
Seulement voilà, si les choses restent en l’état, et si François Rebsamen confirme les tendances du sondage, à savoir une sortie (très) largement en tête au 1er tour (38%), cette stratégie ne se heurtera-t-elle pas à la dure réalité mathématique de l’entre deux-tours. Si les Verts préfèrent continuer de se compter et apparaître comme la première force alternative pour l’avenir, alors ils découvriront l’inconfort des bancs de l’opposition. Si, en revanche, ils aspirent à rejoindre à nouveau l’exécutif mais avec des exigences plus élevées, proportionnelles à leur excellent score (s’il se confirme s’entend), s’ils mettent par exemple dans la balance le poste de premier adjoint (enfin nous devrions écrire, dans le cas présent, de première adjointe), François Rebsamen leur déroulera-t-il le tapis rose ? Sachant que, si l’on tient encore compte de ce sondage, le maire socialiste conserve un socle particulièrement élevé, et ce sans les écologistes avec lui, l’on peut raisonnablement en douter. Cependant la balle est dans le camp des électeurs… car une élection n’est jamais gagnée d’avance. Il sera temps après, qui sait, de parler, comme dans le sport, de victoire sur tapis vert… ou pas !

Camille Gablo