Le gouvernement, l’INSEE l’affirment : le pouvoir d’achat est en progression, du fait de la baisse des impôts sur le revenu. Sans jeu de mot, de telles assertions ne coulent pas de source : il s’agit d’une toute petite poignée d’euros de moins par mois, hélas neutralisée par une hausse – pour la plupart d’entre nous – de la taxe d’habitation, par une augmentation de 5% des complémentaires de santé, ainsi que par celle d’autres dépenses obligatoires : assurances voiture, assurance habitation, frais bancaires, électricité, fuel, carburant etc.
En gros, 2020 se solde en réalité par une chute conséquente du fameux pouvoir d’achat ! Rien de réjouissant, si ce n’est l’annonce du frais émoulu Ministre de la Santé : dans son discours d’intronisation, il s’est dit attaché à maintenir « un état social moderne et l’état-providence » (sic). C’est sans doute l’émotion de décrocher le poste qu’il avait si longtemps brigué qui l’a rendu aussi lyrique qu’optimiste. Poste qu’il doit à la sarabande grivoise de Griveaux qui a ébranlé les hautes sphères le jour de la Saint-Valentin – bravo pour le timing !
Voilà qui me conduit à me poser bien des questions sur les budgets engagés pour assurer la passation du pouvoir ministériel entre Agnès Buzyn et Olivier Véran. L’affaire est bien évidemment assortie d’un renouvellement du staff du Ministère de la Santé, le tout conduit à un rythme d’enfer. Pas simple, ni bon marché, de recaser les conseillers-copains sortants des teams respectifs pour faire place à une nouvelle fournée d’experts, de spin’s doctors chargés d’étayer l’argumentaire des nouveaux promus, l’un à la Santé publique et à la Solidarité, l’autre à la candidature pour les municipales à Paris. Ajoutez à ces dépenses, les frais énormes occasionnés par la rapidité avec laquelle la justice ainsi que la police ont – une fois n’est pas coutume – mis la main au collet de Pavlov Pavlenski et de sa très sémillante compagne.
Attention ! Les coûts faramineux générés par ces tours de passe-passe mettent en exergue ce que j’appelle… le Caprice des Dieux : tel un gamin à qui le fromage et dessert sont dus, Emmanuel Macron n’a pas hésiter à reléguer au second plan les problèmes cruciaux que constituent la réforme de l’hôpital public, le coronavirus, les services d’urgence dans les CHU, le manque de moyens dont souffre le secteur de la psychiatrie… Et tout ça pour quoi ? Pour envoyer au casse-pipe une Agnès Buzyn en qui il voit une Marianne, une Notre-Dame « fluctuat nec mergitur! ». Trouver des sous dans les caisses de l’Etat pour orchestrer ce chambardement inédit dans l’histoire de France ne l’a en rien stoppé dans le désir de lancer les troupes de La République en marche dans « Paris la Bataille ». Le vert-galant d’Henri IV n’avait-il pas eu ce mot : « Paris vaut bien une messe ! »
Justement à propos de gaudriole, un mot sur cet inconséquent de Benjamin Griveaux. Faut-il être un « bleu de bleu » en politique pour envoyer – via des vidéos – une leçon d’anatomie comme Rubens n’avait jamais osé en peindre ! Notre époque n’est pas plus dévergondée qu’une autre. Déjà les rois ou certains présidents de la République… La diffusion numérique rend les jeux érotiques d’une trivialité qui ne laisse aucune place à l’imaginaire. C’est d’autant plus pathétique que Benjamin Griveaux n’avait pas hésité à poser, cet été, pour Paris-Match en compagnie de sa femme -alors enceinte – sur les bords de Seine, histoire d’asseoir sa candidature sur les fondements de l’honorabilité que l’on accorde à tout Pater Familias. Quel gâchis pour sa famille, pour la France et pour l’argent du contribuable !
Marie-France Poirier