Le XXIe siècle a décroché un nouveau Pompon

Les sculpteurs animaliers français vraiment enthousiasmants se comptent aujourd’hui sur les doigts de la main. Michel Couqueberg est de ceux-là. Et si le monde artistique est devenu une cacophonie assourdissante d’opinions les plus diverses, il est bien une chose sur laquelle tout le monde s’accorde : son talent coule comme de source. Et on s’y désaltère..

Il y a les rencontres que l’on fait dans la vie de tous les jours, les rencontres virtuelles au-delà des lieux, et puis les rencontres à part, au-delà du temps. C’est ce qu’on ressent au contact de Michel Couqueberg. On passe d’un temps profane à un temps sacré, subtil mélange de gravité détendue et de simplicité sérieuse, qui va vous extraire du réel ou le métamorphoser, l’enchanter. Michel Couqueberg a ce pouvoir et le donne en partage.

D’emblée, il vous offre son sourire tranquille. Sous le front lisse et serein, le regard est doux mais déterminé. Dans la lumière de ses yeux s’inscrivent l’intensité et l’humilité de ceux qui ne tiennent rien pour acquis. Un homme calme et posé, avec des gestes de prélat chaleureux, qui n’est pas perverti par la fièvre narcissique qui brûle tant d’artistes. Mais un homme qui a l’orgueil de sa quête sans pour autant afficher la prétention de sortir de son rang. Il respecte l’ordre sacré des priorités.

Il est loin le temps où dans une cave dijonnaise il sculptait sa première pièce en bois, une chouette. C’était en 1978. Il n’a pas hésité un plus tard à quitter le confort d’un métier d’enseignant au lycée professionnel Saint-Joseph pour prendre le risque de l’aventure artistique. Pari gagnant. Ses œuvres sont demandées dans les grandes galeries. Depuis, l’artiste a pris une dimension internationale. Les collectivités lui commandent des œuvres monumentales (1).

Le travail comme devoir essentiel

Un succès qui n’entame pas une modestie jamais prise en défaut et la part de mystère qui l’accompagne. Cette part de mystère, de secret qu’il cultive et qu’il instille dans ses sculptures. Mystère autour du mouvement, du temps. Encore le temps… Car c’est en observant ces pièces que l’on va percevoir leur face cachée au premier regard. Comme ces acteurs de théâtre qui tiennent la scène sans avoir à parler, ses œuvres vous accrochent d’entrée et vous tiennent. Prenez le temps de lui rendre visite dans son atelier à Orgeux et observez ses animaux, leurs attitudes, statiques ou dynamiques, leurs courbes, leurs mouvements, leur élégance avec laquelle ils occupent l’espace. Vous avez là véritable chanson de geste où le travail apparaît comme devoir essentiel.

Sculpteur en mouvement qui sait que c’est avec les lumières du passé qu’on éclaire l’avenir, Michel Couqueberg a adopté ces dernières années une nouvelle technique de coloration, KooKyKrom, qui dote ses œuvres de couleurs puissantes, profondes, parfois dégradées avec de multiples reflets.

En 40 ans, Michel Couqueberg a reçu nombre de distinctions, de prix, de grands prix, de médailles… Le tout dernier, en 2018, le grand prix européen d’art contemporain prouve, s’il en était encore besoin, que la réputation de Michel Couqueberg a dépassé depuis belle lurette la cadre hexagonal.

Jean-Louis Pierre

(1) En Côte-d’Or, les villes de Dijon, Saint-Apollinaire, Chevigny-Saint-Sauveur, Talant, Marsannay-la-Côte, Longvic, le château du Clos de Vougeot… lui ont commandé des sculptures monumentales.

1946 : Naissance à Orgeux.

1978 : Première sculpture : une chouette en bois puis en bronze.

1998 : Il démissionne de l’Education nationale pour se consacrer à la sculpture.

1999 : Il aménage un atelier à Orgeux.

2018 : Il fête 40 ans de sculpture.