Fedosad : Une journée d’immersion au cœur du service d’aide et d’accompagnement à domicile

Fondée en 1957, Fedosad a su se développer au cours des décennies et de l'évolution des besoins de la population. Aujourd'hui, l'association dijonnaise regroupe pas moins de 600 postes (médecins coordonnateurs, infirmiers, aides-soignants, auxiliaires de vie sociale, psychologues, animateurs...) au service des personnes. Ces professionnels nous ont ouvert leur porte et ont partagé avec nous, le temps d'une journée, leur passion, leurs difficultés et leurs inquiétudes face à un contexte particulièrement difficile.

6 h 45. Notre journée démarre par une immersion au sein du Service de Soins Infirmiers à Domicile (SSIAD). Créé en 1985, il permet à toute personne âgée, handicapée et/ou malade, de recevoir à son domicile des soins infirmiers et l'accompagnement appropriés à son état de santé. « En relation avec les médecins traitants, nous fournissons des soins d'hygiène. Le service regroupe vingt-cinq aides-soignantes et huit infirmières réparties par secteur » explique Clémence Geoffre, infirmière depuis deux ans. « Au total, nous avons 180 patients. » Cette prise en charge sécurisée par l'Assurance Maladie est assurée 24h/24 et 7j/7.

9 h 15. Nous retrouvons Élodie Lemaître, chargée de relations clientèle au sein du Service d'Aide à Domicile (SAAD). Premier service mis en place par Fedosad en 1956, il propose l'intervention d'aides à domicile et d'auxiliaires de vie sociale dans le cadre d'un accompagnement individualisé sur les activités du quotidien (entretien du logement, repassage, courses, préparation des repas...) et dans la prise en charge de la perte d'autonomie. « Nous réorganisons l'ensemble du service, confie la Parisienne d'origine en poste depuis avril 2019. Mon rôle est notamment de développer la téléalarme, la plateforme de répit ainsi que les portages de repas. »

Pour partager son expérience, nous rejoignons Lætitia Morizot, aide à domicile depuis vingt-trois ans, au domicile d'un patient. « Dans le secteur, il est de plus en plus difficile de recruter du personnel, constate-t-elle. C'est un métier qui a besoin d'être (re)valorisé. » Et Élodie Lemaître de poursuivre : « Dans un environnement concurrentiel, ce qui peut faire la différence et qui peut (re)faire valoir ses valeurs, c'est-à-dire d'accompagner son prochain comme si c'était son parent, est de renouer les liens de proximité avec les aides à domicile ».

10 h 30. Les heures défilent au rythme du compteur kilométrique. Nous partons avec Quentin Mathé, infirmier référent au sein du service Hospitalisation à Domicile (HAD). Fondé en 2004, il permet d'assurer dans le cadre de vie du patient des soins médicaux et paramédicaux continus et coordonnés avec l'accord et sous la responsabilité du médecin traitant. « Sur une base de cinquante patients par jour, chaque infirmier s'occupe en moyenne de six personnes. Nos patients poly pathologiques pris en charge exigent des soins souvent complexes, techniques, longs et pluriquotidiens », souligne-t-il.

11 h 45. La matinée s'achève auprès de Carine Baudrand, cadre coordonnatrice EHPAD Horizon. L'établissement, agencé en six unités de vie de petites tailles (soixante-sept places d'hébergement permanent et quatre places d'hébergement temporaire pour un accueil allant d'une nuit à trois mois), est destiné aux personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et aux personnes présentant une dépendance physique de plus de 60 ans.

La visite se poursuit par l'Accueil de Jour Autonome « Marguerite Vérot » implanté à Saint-Apollinaire. Cette structure vise à favoriser le soutien à domicile. Des professionnels (animatrice, aide médico psychologique, psychologue, psychomotricienne) sont au service des patients et leur proposent des activités adaptées ainsi qu'un accompagnement personnalisé en fonction de leurs capacités et de leurs troubles. « On peut accueillir jusqu'à dix-huit personnes par jour. »

15 h 30. Nous rejoignons le dernier maillon de cette journée d'immersion, Marie-Christine Rouget-Ruther, coordonnatrice Appartement de Coordination Thérapeutique (ACT) et SSIAD. Ouverte depuis 1997, la structure est la seule de ce type sur le territoire bourguignon. Elle héberge, à titre temporaire, des personnes en situation de fragilité médicale et psychologique du fait de pathologies lourdement invalidantes et nécessitant des soins ainsi qu'un suivi médical soutenus.

Doriane Caillet

Trois questions à Gérard Laborier, président de Fedosad

Dijon l'Hebdo : Le service d'aide et d'accompagnement à domicile semble rencontrer certaines difficultés...

Gérard Laborier : « Nous le savons tous, la population est vieillissante. Le ''domicile'' est une solution pour lutter contre l'engorgement des urgences et la sur-hospitalisation des personnes âgées. Or, faute de financements, nous constatons que bon nombre de personnes réduisent ou arrêtent les interventions à domicile ».

Dijon l'Hebdo : Quelle est la situation actuelle en matière d'emplois et de recrutements ?

Gérard Laborier : « Faute d'attractivité, de nombreuses difficultés liées aux recrutements ainsi qu'au maintien des emplois persistent. La moitié de nos salariés, qui sont non diplômés (aides à domicile et agents polyvalents notamment), sont rémunérés au SMIC pendant en moyenne treize ans avant de pouvoir connaître une augmentation salariale. Ce ne sont pas des pots de yaourts que nous faisons, c'est de l'humain. C'est une grosse charge mentale pour une rémunération très faible et avec des amplitudes horaires conséquentes. Les salariés s'abîment physiquement et mentalement. Nous devons trouver des solutions pour remédier à cela ».

Dijon l'Hebdo : La future loi ''Grand Âge et Autonomie'', qui devait prendre forme dans les semaines à venir, a été repoussée. Quid du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) ?

Gérard Laborier : « La publication de l'avant-projet du PLFSS 2020, qui prévoit 50 M€ pour les services d'aide à domicile, est une réelle source d'inquiétude pour les professionnels. Et pour cause, à ce jour, la Fédération UNA évalue le besoin d'un financement d'urgence de 1,7 milliards d'euros dédiés aux SAAD non lucratifs. Ce financement recouvre 750 M€ de financement des services à domicile à leur juste coût de revient, 900 M€ de revalorisation salariale et 60 M€ de financement des temps de déplacement. Ce n'est pas avec 50 M€ que l'on pourra aider ce secteur en difficulté. »

Fedosad en dates

1956 : Création Fedosad Service d'Aide et d'Accompagnement à domicile

1985 : Création du Service de Soins Infirmiers à Domicile

1988 : Petites Unités de vie – ouverture des Domiciles Protégés

1992 : Ouverture de l'EHPAD à Fleurey-sur-Ouche

1997 : Ouverture de l'Appartement de Coordination Thérapeutique

2004 : Ouverture du service d'Hospitalisation à Domicile

2005 : Ouverture de l'Accueil de Jour « Marguerite Vérot »

2006 : Création du service « Petits Travaux »

2010 : Création de l'Accueil de Jour itinérant (Is-sur-Tille, Auxonne, Saint-Jean-de-Losne, Ladoix-Serrigny)

2011 : La Fedosad s'installe avenue Jean Bertin à Dijon

2015 : Les Domiciles Protégés deviennent l'EHPAD Horizon

2017 : Nouveau service de téléassistance