Inde : Pierre Antonmattei nous guide…

Pierre Antonmattei, énarque et ancien haut fonctionnaire, a fait paraître cette année chez Michalon à la veille des élections générales de mai 2019, une somme consacrée à « l’Inde de tous les possibles », à travers son histoire, sa géographie, sa population, sa culture, son économie, sa démocratie…

Durant la Foire internationale et gastronomique de Dijon, où l’invité d’honneur n’est autre que l’Inde, Dijon l’Hebdo ainsi que Sciences-Po Dijon convient ce spécialiste à une conférence publique le mercredi 6 novembre à 19 heures (1). Entrée gratuite. Interview de celui qui se passionne pour le continent indien depuis plusieurs décennies et qui a consacré cinq années à l’écriture d’un ouvrage passionnant de bout en bout sur une région du monde fascinante et d’une incroyable complexité.

Dijon l’Hebdo : D’où vous vient cet intérêt puissant pour l’Inde ?

Pierre Antonmattei : « Pour deux raisons : la première et que, chez moi, la lecture engendre l’écriture. Les chefs d’œuvre de la littérature indienne, tels que les livres de Rohinton Mistry, d’Arving Adiga, de Vikram Seth, d’Arundhati Roy, de Suketu Meta, de Tarun Tejpal et beaucoup d’autres m’ont donné l’envie de mieux connaître ce pays. La deuxième raison est que j’aime la singularité extrême de ce pays, qui ne ressemble en rien à tout autre, un véritable rébus à déchiffrer, sans jamais être sûr d’avoir tout compris.

DLH : Vous débutez votre ouvrage par une citation de Jean-Claude Carrière qui pense que « l’imaginaire est le ciment de l’Inde ». Une telle variété de langues, de cuisines… forme-t-elle finalement un peuple, une démocratie ?

P. A. : « La variété de peuples, de langues, de religions et de cuisines n’empêche pas les Indiens de savoir qu’ils ont tous la même constitution démocratique, la preuve étant que le taux de participation aux élections nationales est assez élevé (de 60 à 65%) et que les Indiens de confession musulmane n’ont pas envie de quitter l’Inde, en dépit des agissements des extrémistes hindouistes ».

DLH : L’Inde est une métaphore du monde du XXIe siècle. Où se joue son avenir ?

P. A. : « L’avenir de l’Inde, comme celui de notre planète, se jouera si elle est capable de traiter de la même manière la totalité de ses citoyens indépendamment de leurs religions et manières de vivre ».

DLH : Quels grands défis sont devant elle ?

P. A. : « L’Inde doit faire face à toute une série de grands défis, dans des domaines où elle a déjà progressé, mais aussi dans d’autres où il lui reste beaucoup à faire. Ainsi, la condition des femmes indiennes s’est nettement améliorée depuis l’indépendance, mais l’Inde doit éradiquer la pratique de l’infanticide des filles et promouvoir l’égalité des femmes aux hommes dans tous les domaines de sa société. La corruption généralisée, les inégalités énormes entre les très pauvres et les très riches, le bas niveau de santé de la majorité de la population, l’existence d’un degré très important et nocif de pollution, ainsi que la recherche d’un accord équilibré entre le Pakistan et l’Inde au sujet du Kashmir sont les grands défis auxquels l’Inde doit s’attaquer dans les années à venir ».

Propos recueillis par Pierre P. Suter

Cette conférence publique se déroulera le mercredi 6 novembre à 19 heures au sein de l’Amphithéâtre de Sciences-Po, 15 avenue Victor-Hugo à Dijon. Entrée gratuite. Accueil à partir de 18 h 45. Une signature suivra la conférence. Inscription préalable souhaitée à contact@dijonlhebdo.fr