Rémy Heyte : « Le travail en équipe est incontournable »

En Bourgogne Franche-Comté, le Greta 21 représente celui qui offre le panel le plus large de formations professionnalisantes et qualifiantes. Mais il est aussi le premier dont le chiffre d’affaires des formations à destination de la sphère privée a dépassé celui obtenu avec les acteurs publics. Fort de son réseau de 22 établissements et de ses 4 antennes répartis sur le territoire côte-dorien, il accueille chaque année quelque 3000 stagiaires adultes. Ses plateaux techniques sont reconnus parmi les meilleurs de l’Hexagone et son chiffre d’affaires affiche une hausse de 30%. Telle est la structure dont le tout nouveau proviseur du lycée des Marcs d’Or – il pilotait précédemment le lycée Eugène-Guillaume de Montbard –, Rémy Heyte, vient de prendre la destinée en main. Celui-ci emboîte ainsi les pas de Michel Gey, parti à la retraite cette année, dont l’empreinte restera longtemps marquée sur le fronton à la fois du Greta 21 mais aussi de la Cité scolaire de Carnot dont il avait la charge. Et c’est aux côtés de l’ordonnateur du Greta 21, Marc Jaillet, qui, lui, dirige le lycée Hippolyte-Fontaine, que Rémy Heyte a souhaité répondre à nos questions, en présence également de la directrice opérationnelle Karène Hélou. Tout comme son prédécesseur, il a la notion d’équipe chevillée au corps…

Dijon l’Hebdo : Comment abordez-vous cette présidence ?

Rémy Heyte : « Dans nos écoles, nous avons lhabitude de dire que l’élève est au centre du système. Au Greta 21, cest le même principe avec nos stagiaires. La vocation du Greta 21 est de ramener les gens éloignés de lemploi vers la vie active. La volonté de faire réussir tous les stagiaires est essentielle. Je veux, pour ce faire, poursuivre laction menée précédemment par Michel Gey. Le travail en équipe me paraît incontournable, avec, notamment, le soutien de la directrice opérationnelle Karène Hélou. Cest un mode de gouvernance bicéphale, les décisions étant prises en concertation entre le président et lordonnateur. Les chiffres étant très bons, je mappuierai sereinement sur tout ce qui a été effectué avant. Je mappliquerai à maintenir l’équilibre subtil entre les formations destinées au privé et celles du marché public. Nous continuerons d’être à l’écoute des besoins des entreprises, nous serons innovants afin que les formations proposées par le Greta soient en phase avec les attentes et orientées vers lavenir. La qualité demeurera au cœur de toutes nos actions. Je pense, notamment, à lensemble des certifications obtenues précédemment qui ont permis de labelliser les formations du Greta 21 et qui sont des gages de qualité. Sur laudit DataDock (référenciel qualité permettant de travailler avec les branches professionnelles), nous avons par exemple été référencés comme lun des meilleurs organismes de France. Le plateau technique de Domois a été qualifié parmi les 3 meilleurs de lHexagone. Nous travaillons dorénavant à la labellisation Objectif FibreNous sommes sans cesse amener à nous remettre en cause afin de progresser continuellement ».

Marc Jaillet : « Nous voulons réaffirmer les valeurs du Greta auxquelles nous tenons beaucoup. La fraternité est la première dentre elles. Notre slogan le prouve : pas de territoires ni de publics oubliés ! Cest ce qui explique les 22 sites irriguant lensemble du territoire côte-dorien. Nous sommes présents sur Dijon et son agglomération, la zone de Beaune, la Haute-cöte-dOr, etc. Nous devons garder l’équilibre public-privé et nous ne devons pas oublier toutes celles et tous ceux qui ont le plus besoin de formations, à savoir les demandeurs demploi, les primo-arrivants dorigine étrangère. Nous avons ainsi développé un pôle insertion, avec une importante action de formation linguistique en partenariat avec la Ligue de lEnseignement. La seconde valeur nest autre que lexcellence : cela permet de dispenser des formations de qualité et dans le même temps de valoriser limage du Greta 21. En répondant aux normes réglementaires, sengager dans des démarches qualité a permis de structurer le Greta 21. La rentabilité représente la dernière valeur parce que nous sommes sur un marché concurrentiel et que nous devons pérenniser lemploi du personnel du Greta. Cest une véritable alchimie à trouver entre la mission de service public qui est la nôtre et notre présence sur ce marché ».

DLH : Quelle est la force du Greta 21 par rapport à des structures privées qui se sont multipliées ces dernières années sur le marché de la formation des adultes ?

Rémy Heyte : « En utilisant toutes les veilles que lon a chacun sur nos territoires, dans nos domaines de compétences, cela permet d’être hyper-attentifs. Cette réflexion commune, avec aussi nos collègues chefs d’établissement, nous permet davancer. Le rôle de nos conseillers en formation continue (CFC) présents sur tout le territoire est important dans linterface entre ce que lon peut décider et la mise en œuvre. Et je veux insister sur notre réseau denseignants qui sont les professionnels de la formation. Cela fait partie de nos arguments par rapport à des officines ».

DLH : La force du Greta 21 réside également dans le lien fort qu’elle entretient avec les entreprises…

Rémy Heyte : « Il faut que lon travaille avec toutes les têtes de pont du département de la Côte-dOr et celles qui sont des entreprises dexcellence. Il faut également que lon soit attentif sur les filières de niche, car, mises bout à bout, elles peuvent générer de lactivité. Je pense à la maroquinerie par exemple, une filière dexcellence que je connais bien ayant exercé au lycée de Montbard… »

Marc Jaillet : « Nous avons, en effet, des grosses opérations avec des entreprises. Nous venons par exemple douvrir une formation de techniciens en soudage en contrat de professionnalisation pour une importante société. Ce sont des jeunes sortant dun bac pro qui en bénéficient. Derrière, lembauche sera au rendez-vous. Dautres entreprises ont également des besoins ponctuelsNous devons, nous Education nationale, être pro-actifs. Cest la raison pour laquelle nous nous positionnons sur la fibre… »

DLH : Un décret a intégré cette année l’apprentissage dans les missions des Greta. C’est un nouveau challenge de taille…

Rémy Heyte : « En lien avec le CFA de lEducation nationale, cest une belle opportunité de montrer nos capacités dadaptation. Nous avons un catalogue de formations extraordinaire et nous sommes quasiment les seuls à pouvoir le faire. Comme nous le réalisons par exemple avec le CFA du Bâtiment, lun des axes politiques du Greta est de développer des formations qui sappuient sur des partenariats soit avec des branches professionnelles soit avec des collectivités territoriales ».

Marc Jaillet : « Nous sommes depuis début 2019 à une période charnière, avec le développement de lapprentissage qui va se faire avec le CFA de lEducation nationale. En terme dingénierie pédagogique et de démarche commerciale, nous sommes moteurs. Il faut ajouter à cela le compte personnel de formation. Ce sont des nouvelles opportunités… »

Propos recueillis par Camille Gablo