L’Eglise au Moyen-Age tenait sous sa coupe les nobles, les bourgeois et les manants, agitant la grande Peur de l’An Mille. Un millénaire s’est écoulé, et la manipulation des foules est toujours bien là. Certes, l’emballage a changé pour se moderniser. Les sermons prononcés du haut des chairs ont trouvé des ersatz : TV, radio ou nombreux titres de la presse quotidienne nous confinent dans une sinistrose permanente, tablant là-dessus pour faire monter les audiences et augmenter les tirages. Tablant également sur ce besoin inné en l’homme de se faire peur ou d’avoir foi dans les rumeurs les plus noires…
Il est vrai qu’expliquer la complexité des choses de la vie exige plus de subtilité que les coups de butoir médiatiques qui nous sont assénés ! L’arrestation du faux Xavier Dupont de Ligonet – elle a fait la « Une » reléguant toute autre actualité nationale et internationale en arrière-plan des jours entiers – en est la parfaite illustration. Sa (ses) personnalité (s), sa (ses) vie (s), sa culpabilité présumée, sa cavale vont bien au-delà de toute fiction et nous échapperont toujours… Fabriquer un reportage alarmiste nécessite moins d’investigation et s’avère de facto plus rentable qu’une enquête longue, minutieuse, dument étayée…
Rentable, avez-vous dit ? Oui, mais… Ce n’est pas sans remettre en cause la crédibilité des journalistes. Car, un très récent sondage démontre la désaffection de nos concitoyens, voire leur exaspération pour un type d’information qui se cantonne dans le catastrophisme. C’est ainsi qu’on nous a servi dernièrement dès le petit déjeuner une Journée Seveso non-stop… L’idée – pertinente en soi – en était venue aux rédactions à la suite de l’incendie à Rouen de l’usine Lubrizol. Mais sur une durée de 24 heures rythmées par des interventions d’experts, de chercheurs ou de soi-disant spécialistes, ce fut tout sauf folichon et réellement instructif !
Sans compter qu’on nous avait abreuvés, les jours précédents, de la Journée du cosmétique au rouge à lèvres Baiser Mortel, de celle du poulet aux hormones et en batterie. Auparavant, nous avions subi la journée des femmes battues, puis 24 heures non-stop sur les perturbateurs endocriniens ainsi que sur les couches-culottes qui perforeraient le fessier des bébés.
On assiste aujourd’hui au ras-le-bol des Français. Ces derniers sont de plus en plus nombreux à se détourner des organes de presse : il est lu bien moins de journaux dans l’Hexagone que dans le reste de l’Europe. Et ce, au profit des réseaux Internet – hélas, trois fois hélas, encore moins fiables. Halte-là ! Je suffoque, je m’angoisse ; et je cherche la petite fleur qui aurait l’audace et le courage de fleurir à la sortie du tunnel. La rédaction de Dijon L’Hebdo décrypte et analyse l’actualité, elle aussi bien sûr. Elle dénonce les impasses, les faux-semblants, les contre-vérités, mais elle sait donner la primauté aux initiatives positives, qu’elles soient locales ou régionales. Notre journal se fait le porte-voix d’hommes et de femmes qui marquent de leur empreinte notre métropole ou en dessinent l’avenir… Comme dirait Malvina qui anime régulièrement une de nos chroniques, c’est « pourquoi on t’aime, Dijon L’Hebdo » !
Marie France Poirier