Mandat de protection futur : Choisir plutôt que subir

La France récence 750 000 personnes majeures bénéficiant de mesure de protection juridique. Du fait du vieillissement de la population et des progrès de la médecine en matière de prise en charge des personnes en situation de handicap, ce nombre va considérablement augmenter. Aussi ne manquez pas la conférence organisée le 9 octobre à Dijon par notre spécialiste des questions financières, Jacques Cléren, à la tête dAthénis Conseils, en collaboration avec lassociation France Tutelles. Cette conférence portera sur le mandat de protection futur. Un mandat qui a vocation à sappliquer lorsquune personne, quel que soit son âge, tombe en état dincapacité. Deux des intervenants à cette conférence, Frédéric Robin (France Tutelles) ainsi que le notaire dijonnais Pascal Massip, nous en disent plus

Dijon lHebdo : Que font les pouvoirs publics face à ce phénomène qui va aller en saccentuant ?

Frederic Robin : « Toute personne qui nest plus en mesure de gérer son patrimoine du fait dune altération de ses facultés mentales ou dun handicap physique qui lempêche de parler ou de signer, peut bénéficier dune mesure de protection juridique (curatelle , tutelle, habilitation familiales ). Son état et sa situation sont appréciés par un médecin inscrit sur la liste du procureur de la République puis par un juge civil (juge des tutelles) saisi soit par la famille soit par lintéressé lui-même. La loi du 5 mars 2007 promeut la protection de la personne avant celle des biens. Une loi de 23 mars 2019 accroît leffectivité des droits fondamentaux ».

DLH : Les tiers sont-ils censés connaître lexistence de ces mesures judiciaires de protection ?

F. R. : « Les banques, les assureurs, leurs conseil en gestion de patrimoine doivent se renseigner sur la capacité juridique de leur clients. Tout jugement ouvrant droit à une mesure de protection sera mentionnée sur lacte de naissance de lintéressé ».

DLH : Existe-t-il des alternatives contractuelles à ces mesures judiciaires de protection ?

F. R. : « La loi du 5 mars 2007 a introduit le mandat de protection futur. Conclu par un notaire ou un avocat, ce contrat permet à toute personne qui est en pleine possession de ses moyens danticiper sur sa propre vulnérabilité. Le mandat de protection futur est un contrat dans la mesure où il permet denvisager toutes les questions liées à la prise en charge de la personne : le logement, lentourage et des biens immobiliers et mobiliers. En 2016, le Parlement et le Gouvernement ont mis en place lhabilitation familiale. Cette mesure permet au juge daccorder à une personne proche des pouvoirs du curateur ou tuteur de manière simplifiée ».

DLH : Quelles personnes peuvent être concernées ?

F. R. : « Toute personne peut être concernée et tout particulièrement les chefs dentreprise, les commerçants, les propriétaires de fonds de commerce, de brevets ou de biens professionnels qui devraient conclure un mandat de protection futur pour anticiper sur le choix et le pouvoir de la personne qui gèrera ces biens dans l’éventualité où elle ne pourrait plus le faire elle-même provisoirement ou définitivement.

Un mandat de protection future est aussi recommandé aux familles recomposées pour dire à qui parmi lentourage lintéressé accorde sa confiance, un pouvoir de gestion ou de contrôle ».

L’éclairage de Pascal Massip

Pascal Massip, notaire à Dijon, nous explique les intérêts du mandat de protection future.

Le système juridique

Pascal Massip : « Le mandat de protection future représente un système juridique qui sinsère dans la volonté de déjudiciariser un certain nombre de situations. En effet, il a vocation à sappliquer lorsquune personne, quel que soit son âge, tombe en état dincapacité. Soit par suite de maladie ou bien après un accident. Il peut être une solution, par exemple, dans le cas de maladie dégénérative pour pallier aux situations dans lesquelles se trouve le conjoint ou la famille lorsquune personne perd ses capacités physique, mentale et civile ».

La tutelle

P. M. : « Jusqu’à son instauration, le seul recours était la protection sous forme de tutelle ou de curatelle. Eu égard à lencombrement des tribunaux dinstance, cela rendait les procédures très longues. Lintérêt du mandat de protection future réside dans le fait que toute personne peut, par un acte notarié, désigner un mandataire chargé dadministrer ses biens, son patrimoine, ses affaires pour le cas où elle serait dans lincapacité. Cela peut aller jusqu’à la vente de la résidence principale si un certificat médical atteste que la personne ne pourra plus revenir dans sa maison ».

Le mandataire

P. M. : « La loi nimpose pas quil y ait un lien familial. Traditionnellement, lon a souvent tendance àsigner le conjoint, un enfant mais cela peut être une personne étrangère à la famille. Le mandataire est investi de la qualité de personne de confiance. Cest celle qui a la capacité d’être aux côtés des médecins si besoin dautorisations, y compris celle de ne pas procéder à un acharnement thérapeutique. Nous sommes dans un rapport de confiance et cest la raison pour laquelle la loi a fait que le notaire représente linterlocuteur privilégié. Annuellement, le mandataire doit rendre compte au notaire qui a reçu lacte de sa gestion. Celui-ci a une obligation dalerte du juge des tutelles pour le cas où le mandat ne sexécuterait pas de façon satisfaisante ».

Anticipation

P. M. : « Ce nest pas quelque chose à réserver à un âge avancé. Cela relève de lanticipation des risques de la vie. Je fais signer pour ma part un de ces mandats par mois. En Côte-dOr, on peut imaginer que leur nombre se situe entre 1000 et 1500 chaque année. Cela relève pour les gens de la bonne sécurité de leur organisation patrimoniale. Relevant de la confiance et de laffect, ce nest pas un acte anodin… »

Inscrivez-vous à cette conférence

Vous pouvez participer à cette conférence qui se déroulera le 9 octobre à 18 h 30 à lamphithéatre du Conseil Régional des Notaires, 2B avenue de Marbotte 21000 Dijon. Lentrée est gratuite. Inscription sur le site : https://www.mandat-protection-future.com/

ou par téléphone 03 80 26 53 43. Contact : j.cleren@athenis-conseils.com