Pénurie de main d’œuvre d’un côté, apprenti sans employeur de l’autre, ce constat a poussé l’UMIH (Union des métiers et des Industries de l’Hôtellerie) de Côte-d’Or à prendre des mesures, présentées récemment à l’École des Métiers.
Sur le papier il n’y a pourtant aucun inconvénient : l’apprenti est rémunéré pendant ses années d’études et avec des nombreux avantages : exonération de charges sociales, aide financière pour le permis de conduire ou la garde d’enfants, remboursement des déplacements ou hébergements. À la sortie, l’embauche est immédiate. Quant aux employeurs, ils forment à faible coût un apprenti selon la culture de leur établissement et participent concrètement à leur entrée dans le monde du travail. Un cursus que 92 % des apprentis recommandent d’ailleurs à leur entourage !
Pourtant le taux de rupture de contrats a été constaté en hausse et des difficultés à recruter perdurent. L’écueil principal est un problème de communication entre les entreprises et les apprentis, ainsi qu’un manque d’accompagnement pour les profils les plus touchés par l’abandon de contrat. Ceux-ci ont été identifiés et se trouvent être plus souvent les très jeunes élèves, peu diplômés, dont les objectifs de vie ne sont pas encore clairs, qui ont choisi une formation longue et qui ont été accueillis dans une TPE.
L’École des Métiers a donc créé deux postes : un premier de médiatrice pour mieux accompagner les jeunes lorsqu’ils rencontrent des difficultés, de motivation, d’intégration ou de relation avec leur entreprise, et qui permet de chercher ensemble une solution pour poursuivre la formation dans de bonnes conditions. Un second d’AJE (Accompagnatrice Jeune Entreprise), pour aider les employeurs dans leurs démarches de recrutement. Un dispositif de pré-apprentissage prévoit également de mieux identifier les compétences de l’élève et de développer ou améliorer son relationnel ; un projet en partenariat avec les Missions locales, l’agence Créativ’ et Pôle Emploi.
Les membres du Conseil d’Administration de l’UMIH ont de leur côté pris l’engagement à la rentrée d’embaucher un apprenti chacun dans leur établissement. Isabelle Grandin, secrétaire générale, recueille également les avis des patrons et apprentis pour corriger les quelques défauts persistants. Une main tendue aux jeunes, à qui le président de l’UMIH, Patrick Jacquier, rappelle l’essence même de ces métiers, ceux de la restauration et de l’hôtellerie : « Ce sont des professions intéressantes car elles touchent à la communication, au contact avec les autres, il y a des sourires et des rencontres tous les jours dans ces métiers. Il faut faire mieux comprendre aux jeunes que c’est une voie valorisante, qui possède de multiples intérêts et où les possibilités d’évolution sont réelles, on peut commencer serveur et diriger un établissement quelques années plus tard seulement ». L’un des membres du Conseil d’Administration à s’être engagé, Jean-Louis Bottigliero de l’Hostellerie de Levernois, évoque de son côté un secteur sans chômage : « Manger, boire, dormir sont des besoins vitaux, il y aura toujours du travail dans ces domaines-là d’autant que la formation étant très concrète, on est embauché dès la sortie des études car les élèves ont déjà l’expérience recherchée, contrairement à d’autres filières plus théoriques ».
Caroline Cauwe