Le musée des Beaux-Arts métamorphosé étant devenu, depuis le 17 mai dernier, l’attractivité culturelle numéro 1 de la Cité des Ducs, Dijon l’Hebdo vous dévoilera désormais régulièrement l’un de ses trésors. Gros plan, dans ce numéro, sur l’huile sur toile intitulée « Galerie en ruine ». Une œuvre que l’on doit à Hubert Robert qui a marqué le XVIIIe siècle… mais pas seulement !
Peintre de ruines, Hubert Robert (1733-1808) a laissé à la postérité cette image. Mais il est infiniment plus que cela : l’un des plus grands créateurs d’imaginaire poétique du XVIIIe siècle.
En entrant dans la première salle du parcours du Musée des Beaux-Arts de Dijon, consacrée à l’Antiquité comme source d’inspiration, vous découvrirez l’une de ses huiles sur toile intitulée « Galerie en ruine » où se mèlent à la grandeur de somptueuses ruines artistiques des scènes pittoresques de la vie quotidienne des lavandières .
Dans le droit fil de l’œuvre et de l’inspiration de Piranèse et de sa série des Carceri d’invenzione commencée lors d’un séjour vénitien vers 1740, Hubert Robert, homme des Lumières spirituel et esprit en perpétuelle ébullition avide de nouveaux espaces d’investigations, entreprit un remarquable itinéraire artistique depuis Rome. Et ce, jusqu’au milieu du XVIIIe siècle jusqu’à la fonction de conservateur du tout récent muséum spécial des Arts, le futur musée du Louvre qui clôt sa carrière.
Son œuvre brillante et variée se compose de dessins, de peintures, d’esquisses peintes, de gravures, de peintures monumentales, d’ensembles décoratifs et de mobilier (notamment pour Marie-Antoinette le mobilier de la laiterie de Rambouillet).
Pour la cour de France, il réalisa certains des plus spectaculaires décors dans la décennie précédant la Révolution Française. Mémorialiste de Paris et de l’histoire tumultueuse qui bouleversa la fin du siècle, il laisse une œuvre visionnaire. Tout à la fois éclectique et cohérente embrassant les genres du paysage poétique avec des vues urbaines à la topographie inventive proche du caprice architectural, des études archéologiques des réalisations remarquables dans le domaine des jardins paysagers pour Versailles ou Méréville, des décors palatiaux à Bagatelle, à Rambouillet ou encore jusqu’en Russie.
Sur sa route, il a rencontré certains des plus grands créateurs de son siècle : Pannini, Piranèse, Diderot, Fragonard, Elisabeth Vigée-Lebrun ou Jacques-Louis David ainsi que de grands architectes novateurs.
Que le musée de Beaux-Arts de Dijon l’ait mis ainsi à l’honneur, dès les premières œuvres du sublime parcours offert au visiteur, peut être vu aussi comme l’hommage des Dijonnais et de leur « Petit Louvre » à celui qui fut le conservateur attentif et engagé de ce qui annoncera le « Grand Louvre ».
Pierre P Suter