L’instant se devait d’être important puisque la présidente du conseil régional, Marie-Guite Dufay, a annulé un déplacement à Bibracte, capitale, rappelons-le, du peuple celte implantée au sommet du Mont Beuvray, où elle devait débatte non de l’histoire de nos ancêtres les Gaulois mais de l’avenir de nos territoires et de l’agriculture. Elle a préféré être dans la capitale régionale aux côtés de François Rebsamen lorsque celui-ci annonça le vendredi 14 septembre que le projet TIGA (Territoire d’innovation de grande ambition) de Dijon métropole faisait partie des 24 projets retenus par l’Etat. Le matin même, à l’occasion d’un déplacement dans la Drôme, le Premier ministre Edouard Philippe avait en effet communiqué la liste des lauréats – ils étaient 117 au départ en 2017 –, dans laquelle figurait le « Système alimentaire durable à l’horizon 2030 » présenté par la métropole, en partenariat avec l’INRA (Institut national de la recherche agronomique), le réseau FoodTech, le pôle de compétitivité Vitagora ainsi qu’Orange pour la dimension numérique. Un projet qui a pour objectif de faire évoluer les pratiques afin de mieux produire mais aussi de mieux manger.
« C’est une grande et bonne nouvelle. Ce projet, porté la métropole, soutenu par la Région et déjà par 5 communautés de communes, bénéficiera à l’ensemble du département. D’autres territoires ruraux vont nous rejoindre maintenant que nous sommes labellisés. Nous montrerons que l’écologie peut être destinée aux gens les plus modestes », s’est félicité François Rebsamen.
« Nous allons porter haut les couleurs de l’alimentation durable. C’est le fruit de 15 ans de travail », s’est également enthousiasmé Pierre Guez, le président de Vitagora, ancien directeur de Dijon Céréales. Secrétaire national de l’écosystème FoodTech, Xavier Boidevezi, du groupe Seb, a insisté sur le fait de « placer l’usager au cœur de la thématique et de créer les services de demain ». « L’enjeu est de mettre en relation toutes les innovations sur l’alimentation et l’agro-écologie sur lesquelles nous travaillons depuis des années », a, quant à lui, mis en exergue, Philippe Lemanceau, directeur de l’UMR agro-écologie à l’INRA. L’Etat qui a budgété au total 450 M€ pour les 24 projets retenus (1) était représenté par le SGAR (secrétaire général pour les affaires régionales) Eric Pierrat. Celui-ci a souligné : « Nous ne pouvons que nous féliciter des deux filières d’excellence retenues en Bourgogne Franche-Comté ». La « transformation d’un territoire industriel » présentée par le Pays de Montbéliard agglomération et le Grand Belfort a en effet été également labellisé. Ce qui n’a pas manqué de combler la présidente du conseil régional. Mais, avant de se rendre dans le Doubs, Marie-Guite Dufay a lancé : « Dijon, que l’on n’attendait pas forcément sur ce sujet, deviendra une véritable vitrine de l’agro-écologie pour d’autres métropole ». Comme quoi l’avenir de l’agriculture ne se jouait pas à Bibracte… mais bien à Dijon. Le village d’irréductibles gaulois n’est pas toujours où l’on croit ! Cela mérite bien d’être invité par l’Etat au banquet final…
Camille Gablo
(1) Il faudra attendre pour connaître la somme finale allouée par l’Etat mais ce projet bénéfice déjà d’un subvention de 3 M€ de la métropole, 2 M€ du conseil régional, 3 M€ de l’Etat et 6,5 M€ de la Caisse des Dépôts. Le budget prévisionnel a été estimé à 42 M€.