Deux super stars ont brûlé et brûlent encore les feux de la rampe sur la scène estivale, alors que se font entendre les premiers accents de la sonate d’automne. Auréolés d’une hystérie événementielle sans précédent, l’Hermès du foot Neymar et la vierge apocalyptique Greta Thunberg nous donnent à réfléchir sur les faux-semblants de leur odyssée médiatique, l’un à bord du gazon … maudit du PSG, l’autre à bord de son voilier à carbone zéro. La perte de repères d’une société grisée par les réseaux sociaux nous piège dans une indigence absurde de la pensée. Mais, minute papillon ! Que la terre tourne autour d’un ballon de foot est moins lourd de conséquences que les platitudes débitées avec un culot incroyable par Greta Thunberg. Il est lourdement dommageable que l’on confonde outrecuidance juvénile avec profondeur de la pensée. La gamine frise les 17 ans. C’est sa jeunesse extrême et un syndrome d’Asperger (?) qui font monter l’audience des médias de façon quasi impudique. On nous informe via les ondes radio ou la télé qu’elle « a pris une année sabbatique » (sic). C’est ce que nous assène son entourage sans que nul ne songe à rigoler. Louis Perdreau dans « La guerre des Boutons » désignait judicieusement le phénomène de désertion scolaire sous le terme d’école buissonnière…
Dans le climat de béatification qui auréole l’écolo-prédicatrice, on nous assure qu’elle va aborder le sommet de l’ONU du 23 septembre avec un message quasi messianique. Je m’explique mal comment la noble assemblée internationale – en principe chargée de la marche du monde – puisse la prendre au sérieux… Sa croisade d’ailleurs ne s’arrêtera pas là : elle a également prévu de se rendre au Canada, au Chili, au Mexique puis à nouveau en décembre à l’ONU ! Au mieux, on n’est pas loin d’assister à un remake de Jeanne d’Arc, ex-gardienne de moutons, avec le roi Charles VII. Au pire, on se retrouve face à une petite entreprise familiale aux affaires fort juteuses… Selon les informations d’une partie de la presse allemande et française, le Malizia II, le voilier à bord duquel la passionaria danoise a vogué jusqu’aux USA appartient à la famille de Monaco – pas vraiment réputée pour être adepte du compost ou du recyclage des ordures ménagères du Palais.
La damoiselle qui ne se mouche décidément pas du pied a su s’allier pour la traversé des sponsors étonnants : une grande firme automobile, une banque suisse, etc. Snober l’avion pour ne pas cautionner la pollution engendrée par ce moyen de transport, pourquoi pas ? Mais que notre Pythie fasse prendre la voie des airs à deux membres de sa suite, c’est aussi incohérent qu’hypocrite.
Enfin, dernier point : à décrypter cette Iliade et Odyssée de l’été 2019, on ne peut songer qu’aux écrits des deux grands maîtres que furent Myrcéa Eliade et Georges Dumézil. Historiens des religions, linguistes et philosophes, ils ont étudié les mythes fondateurs de la plupart des croyances et, en particulier, celui d’une vierge abordant les rivages pour susciter l’éveil des consciences et le renouveau du monde. Récurrent dans toutes les sociétés humaines, on le retrouve dans plusieurs récits remontant à la plus haute antiquité. Eliade et Dumézil désignent cette image/légende qui traverse notre inconscient collectif du mot « archétype ».
Greta Thunberg réincarne à merveille ce mythe dans un 21e siècle qui se raccroche aux nébuleuses pseudo-religieuses, apocalyptiques et incantatoires. Mais à l’heure du numérique et de l’industrie médiatique, qu’il soit permis de se demander si elle n’est pas plus ou moins un artefact qui altère la réalité. L’Histoire jugera …
Marie-France Poirier