François-Xavier Dugourd : « Nous avons tous besoin de nous renouveler en profondeur »

Comment se remettre de la déroute des Européennes, comment préparer au mieux les municipales à Dijon, avec qui… ? Les sujets ne manquent pas pour François-Dugourd, président départemental des Républicains.

Dijon l’Hebdo : Votre parti peut-il se relever du cuisant échec subi aux dernières Européennes ?

François-Xavier Dugourd : « La politique, ça va vite, très vite. Comme la société qui va même souvent bien plus vite que les partis politiques. Et les Européennes auront été le reflet d’une évolution qui a pris forme depuis 5 à 10 ans pour se traduire en un éclatement de notre pays désormais fracturé territorialement et socialement. Il y a plusieurs France qui ne cohabitent plus mais qui s’affrontent dans les rues, les ronds points… et les urnes. Et les élections européennes en auront été l’illustration. On se focalise beaucoup sur l’échec des LR mais toutes les formations politiques traditionnelles ne vont pas bien. Le parti socialiste en tête qui, à Dijon et en Côte-d’Or, réalise un score extrêmement faible. Nous avons tous besoin de nous renouveler en profondeur. Mais avant, il faut faire une analyse la plus fine possible, essayer de comprendre au mieux cet échec à la fois sur le plan national mais aussi local.

Macron a très bien fait les choses sur un plan marketing. Résumer le débat en un affrontement LREM – Rassemblement, cela a très bien fonctionné mais c’est un jeu extrêmement dangereux car à un moment ou autre, c’est le RN qui peut l’emporter. S’il n’y a pas une droite républicaine forte, ce pays court un vrai risque.

Notre électorat s’est éclaté entre une droite modérée, légitimiste, incarnée par le monde économique, les retraités, qui s’est tournée vers le Président de la République ; une droite dure qui a voté Rassemblement national qui, du coup, se retrouve premier parti de France ; et un vote écolo porté par de nombreux jeunes. Sans compter cette étonnante volatilité de l’électorat en général. Et cette volatilité, elle est source d’espoir ».

DLH : L’analyse de la situation, c’est une chose. Quelles actions envisagez-vous de mettre en place ?

F.-X. D : « Il y a d’abord eu la démission du président. C’est une décision responsable même si la défaite est collective. Désormais, c’est plus qu’un nouveau président qu’il faut mettre en place. C’est une équipe, une nouvelle posture, un nouveau mode fonctionnement, une façon différente de faire de la politique. Notre discours doit s’élargir pour mieux prendre en compte les questions économiques et sociales. Il nous faut également un véritable discours d’écologie de droite car nous ne sommes pas audibles au niveau national ».

DLH : En prise à des rivalités, en panne de leadership, la droite à Dijon ne semble pas mieux lotie qu’au niveau national. Pourquoi ne pas désigner dès maintenant celle ou celui qui sera la tête de liste ? Le temps qui passe ne fait qu’aiguiser les appétits et augmenter les tensions…

F.-X. D : « Il n’y a pas que nous qui sommes concernés par une question comme celle-ci. En Marche, aujourd’hui, c’est qui, c’est quoi, c’est quel projet ? Comment cela va-t-il se passer pour le parti socialiste ?

Pour ce qui nous concerne, on ne peut pas dire qu’on soit en retard par rapport à nos concurrents. Nous sommes dans la phase de pré-sélection sur les candidatures et les projets. Un processus a été mis en place. Il a été validé par le comité départemental de mars. Il a commencé par un appel à candidatures et deux personnes se sont manifestées : Laurent Bourguignat et Emmanuel Bichot. Ils ont été entendus et les discussions avancent tout à fait correctement autour de ces deux candidats. Les adhérents seront également consultés. L’objectif, c’est de faire en sorte qu’ils travaillent ensemble. C’est une évidence pour constituer une équipe unie qui ne doit évidemment pas se limiter aux Républicains. Elle devra aussi s’élargir à des formations politiques proches voire à des personnalités qui ne sont pas forcément de nos familles politiques mais qui seraient d’accord pour s’associer au projet proposé ».

DLH : On pourrait donc imaginer que les Républicains pourraient s’associer à des repréentants de la République en Marche ?

F-X. D : « On n’en est pas là. En Marche, c’est qui aujourd’hui ? Les Dijonnais n’attendent pas un accord d’appareil avec des petites « salades » politiciennes entre les uns et les autres pour obtenir des places. Ils attendent un projet de fond qui leur apportera des solutions dans leur vie quotidienne. Maintenant, sur le principe, je n’exclus pas qu’il puisse y avoir des discussions avec des personnalités de sensibilité différente. D’autant que sur un certain nombre de sujets, nous ne sommes pas très éloignés ».

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre