Les présidents des organisations patronales de la Côte-d’Or, réunis au sein de l’UNPACT 21, ont dit « Stop aux gilets jaunes » tout en affichant leur soutien aux commerçants du centre-ville impactés depuis le début du mouvement. C’était le 10 mai et 25 samedis s’étaient écoulés…
Il est rare de voir l’ensemble des organisations patronales réunies. C’est dire si, à leurs yeux, la situation est grave ! L’UNPACT 21, rassemblant les présidents du Medef, de la CPME, de la CCI, de l’U2P et de la CMA (1), a donné rendez-vous à la presse au Craft Beer Pub, situé au 1 boulevard de la Trémouille. Un établissement où la bière ne coule plus à flot depuis le début des mouvements sociaux, comme l’a regretté, amèrement, la gérante Cécile Déchelotte : « Nous avons été particulièrement impactés. Et je ne parle pas que des dégâts du mois de décembre, avec notre grande vitre brisée. Le coût a été estimé 7 000 €, sur lequel nous avons eu une franchise de 600 € à payer. Nous enregistrons une perte d’exploitation qui, en fonction des mois, varie de -12% à -30%. Nous avons dû prendre la décision de supprimer nos salaires. Les samedis, nous sommes dans l’angoisse permanente. Nous avons beaucoup investi pour être ici et nous ne sommes pas des nantis comme certains gilets jaunes le dénoncent ! Il faut que cela s’arrête, nous ne pouvons pas continuer comme cela ! »…
C’est ce cri du cœur que les organisations patronales ont souhaité, de concert, répercuter. « Nous nous regroupons pour parler d’une seule voix. Nous disons stop à ces méthodes de manifestation non légales qui peuvent briser des destins. Il faut passer à autre chose pour les commerçants comme pour leurs salariés », a souligné le président du Medef 21, David Butet. Le président de la CCI 21, Xavier Mirepoix, a dressé le même constat : « Il faut dire stop aux Gilets jaunes. Il faut laisser les commerçants travailler. Ce sont eux et les entreprises qui font l’emploi ».
« Arrêté de catastrophe sociétale »
Pour Régis Penneçot, de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, « nous sommes passés d’un vaudeville à une véritable tragédie. Il est temps de prendre, comme pour les catastrophes naturelles, un arrêté de catastrophe sociétale ! » A la tête de la CPME 21, Geoffroy Secula a abondé dans son sens : « C’est dur pour Dijon qui est une des villes de France les plus touchées avec un mouvement qui coûte cher et qui est même dangereux. L’ensemble des dispositifs d’aide n’est pas à la hauteur des conséquences que subissent les commerçants. Il faut que s’arrête ce mouvement ! Nous disons stop, ras-le-bol ! ».
Ce fut l’occasion pour l’UNPACT 21 de rappeler les dispositifs d’aide mis en place par la Ville, le conseil régional ou l’Etat : exonération des droits d’occupation du domaine public (terrasse et étalage) ou des droits de voirie, avances remboursables, étalement de dettes, prêt à taux 0 jusqu’à 10 000 € remboursables sur 3 ans…
Cécile Cosson-Pollet, propriétaire du salon de coiffure Fudji, situé, quant à lui, au 4 du boulevard de la Trémouille a estimé que « ces dispositifs ne faisaient que repousser les échéances ». Non sans résumer le sentiment général des commerçants du secteur : « Je veux juste que cela s’arrête et que le quartier redevienne comme avant. Nous devons retrouver du passage le samedi ! » Tel était le message qu’ont voulu répercuter les organisations patronales… à la veille du 26e samedi de mobilisation !
Camille Gablo
Mouvement des entreprises de France, Confédération des PME, Chambre de commerce et d’industrie, Union des entreprises de proximité, Chambre de métiers et de l’artisanat
UNE AIDE DE 284 421 EUROS POUR LE COMMERCE DE CENTRE-VILLE
François Rebsamen, maire de Dijon, a souhaité réagir après l’annonce de l’aide du gouvernement pour le commerce du centre ville :
« À Dijon comme dans de nombreuses villes, les manifestations des gilets jaunes répétées de samedi en samedi depuis exactement 6 mois pénalisent lourdement le commerce local du centre-ville. Très tôt, la mairie de Dijon avait sollicité le soutien exceptionnel du gouvernement. A l’issue de plusieurs réunions des grandes villes de France avec le ministère de l’économie, un projet de redynamisation a été déposé fin mars par la ville de Dijon, élaboré conjointement avec Shop’in Dijon. Il vise à soutenir des actions d’animation et d’attractivité du commerce, portant sur un montant de 814 637 €. Nous venons d’être informés de l’attribution d’une aide de 284 421 €. Même si elle est en deçà de notre demande, cette aide est une bonne nouvelle pour le commerce de Dijon, pour laquelle je remercie le gouvernement. Je rappelle que pour les habitants de Dijon et de la métropole, le coût des manifestations s’approche désormais de 1,5 million d’euros ».