Si tu t’intéresses quelque peu au règne animal, cher lecteur, tu t’aperçois que le Guépard de Luchino Visconti a fait école depuis la retraite du maître. Ce félin est en passe de détrôner le roi Lion ; en attendant, tout le monde parle de lui.
Tout d’abord sache qu’il existe plus de guépards qu’on ne croit : notre vizir des sports, chaussé de ses Puma, aura, par exemple, plaisir à donner le guépard du Tour de France et à remettre le premier gilet jaune au vainqueur de l’étape. Philippe Léopard, notre premier vizir, a contrario, voit d’un très mauvais œil le guépard de Matignon. Le vizir des fonctionnaires leur propose un guépard définitif sans l’once d’un regret. Le vizir de la transition écologique et solidaire rugit dès qu’il entend parler de son propre guépard. Quant aux députés européens, ils considèrent que le guépard du Royaume-Uni porterait un coup fatal à Jaguar.
Sache ensuite que le guépard est un animal mystérieux surtout quand il prend la fuite. Ni Buffon, ni Darwin, malgré leur génie, n’ont jamais pu établir l’âge du guépard en retraite. D’aucuns récemment s’y sont essayé, les uns affirmant qu’il ne fallait pas toucher à l’âge du guépard tout en précisant que le nombre de vieux Gérard, pardon guépards, devrait être régulé un jour ou l’autre par la flèche de l’archer ; les autres considérant que l’âge du guépard était sacré, que c’était une promesse de compagne et qu’il ne fallait pas bousculer le fauve.
Enfin je ne te parlerai pas, cher lecteur, des âges spéciaux des panthères noires ou roses, des ocelots, des chats siamois et de gouttière, des lynx, des caracals et autre servals. Il y a là de quoi ouvrir un grand débat d’autant que, comme disait le Tigre, « Quand on veut enterrer une décision, on crée une commission. »
Alceste