La nouvelle exposition au siège de la Caisse d’Epargne-Nation nous engage sur des chemins empruntés par un bestiaire mythique sculpté en bronze ou en terre pour finir par se perdre, puis se retrouver à travers des peintures de vignes et de cactées : on touche là à des « climats » aux frontières de l’ambiguïté ou de l’ambivalence.
A l’origine de cet itinéraire fantastique et séduisant, deux femmes : Joëlle Farenc qui propose de puissantes sculptures en terre ou des bronzes, et Eliane Martinand dont les peintures nous font découvrir une chorégraphie inouïe de nos vignobles. Ces deux artistes mettent ainsi du piment au quotidien de cette fin d’hiver morose, grâce aux quelque 80 œuvres regroupées dans cette exposition Piques et Velours. Un intitulé, qui indique bien leur parti-pris : montrer l’envers et l’endroit des lignes de force de la vie animale, végétale ou… humaine.
Dans ses peintures à l’huile, Eliane Martinand privilégie, explique-t-elle, « le mouvement des paysages, l’acrobatie dans l’espace des vignobles du Kentucky ou de la Bourgogne. » Quant à ses tableaux dédiés aux cactées ou aux succulentes, ils « jouent de leurs formes veloutées ou piquantes » qui nous plongent dans ces zones mouvantes entre rêve et réalité, dans des continents « intranquilles », selon son expression.
Joëlle Farenc – certaines de ses sculptures ont été primées à la Biennale de Rambouillet – nous entraîne, elle, dans une géométrie corporelle en 3D aux portes de l’ouverture et du repli sur soi, ainsi qu’à l’incessant va-et-vient entre nuit et jour, ou entre mythes et réalités emmêlés dans les trois règnes du végétal, de l’animal ou de humain. On appréciera la force virile, la dramaturgie pleine de fougue qu’elle transmet au bronze, à la terre.
Bravo pour la liberté d’esprit de ces deux créatrices qui s’offrent à nous par l’entremise de leurs talents !
Marie-France Poirier
Jusqu’au 7 juin au 1 Rond-point de la Nation, à Dijon.