Alors que le mois de l’Italie à Dijon s’achève, il n’est pas inutile de poursuivre cette passionnante et réjouissante balade dans la culture et la gastronomie de nos voisins transalpins par l’évocation d’un essai essentiel de Nuccio Ordine, fin connaisseur de la Renaissance italienne et éditeur des oeuvres de Giordano Bruno .
Les hommes ne sont pas des îles, publié chez ce magnifique éditeur que sont les éditions « Les belles lettres » succède à deux précédents opus, L’utilité de l’inutile et Une année avec les classiques.
Il emprunte son titre à une citation célèbre du poète John Donne tirée de ses Méditations en temps de crise publiées en 1624 : « Nul homme n’est une île, complète en elle-même ; chaque homme est un morceau du continent, une part de l’océan… La mort de chaque homme me diminue, car je suis impliqué dans l’humanité. N’envoie donc jamais demandé pour qui sonne la cloche : elle sonne pour toi ».
Ordine, à la suite de Montaigne (« j’estime tous les hommes mes compatriotes ») ou plus récemment d’Umberto Eco, nous rappelle les vertus de l’humanisme. Il le fait par le truchement des grands classiques de la littérature et la redécouverte de leurs écrits en une soixantaine de chapitres denses et ciselés pour nous montrer que l’érudition, loin d’assécher les esprits, est au service du bien commun, que la beauté et l’imagination contribuent à maintenir un monde un peu plus humain et qu’enfin la tâche des intellectuels est de nous aider à comprendre, à vivre et à faire communauté.
Vivre pour les autres (c’est aussi le titre de la remarquable introduction à l’ouvrage ) est le seul moyen de nous aider à donner un sens à notre vie : telle est la conviction de Nuccio Ordine qui prend pour frères d’armes plusieurs dizaines de géants de la littérature (de Sapphô à Virginia Woolf) et nous convie à faire de leurs livres des bibliothèques de combat et de résistance au monde comme il va.
Pierre P. Suter
Les hommes ne sont pas des îles
Nuccio Ordine
Editions Les belles lettres
340 pages