Shop in Dijon maintient la pression

Ils ont peut-être pris du retard mais cela n’entame pas pour autant leur détermination. Si les Gilets jaunes ont franchi, avec une mobilisation qui ne cesse de faiblir, l’acte XVI, les commerçants, eux, n’en sont qu’à l’acte III. Il faut dire qu’il est bien plus facile de battre le pavé le samedi que d’obtenir un RV avec les dirigeants de Bercy et leurs énarques. Pourtant, « il est sorti quelque chose de positif », comme le reconnaît Denis Favier, le président de Shop in Dijon, de cette troisième entrevue au siège du ministère des Finances le 6 mars dernier.

Dijon l’Hebdo : Quels sont les points positifs que vous tirez de cette dernière réunion à Bercy ?

Denis Favier : « On avait déjà obtenu des choses au terme des deux premiers rendez-vous. En vérité, des mesurettes. A savoir des étalements de charges et d’impôts possibles sur 20 mois. Ce qu’on avait demandé dès le départ, c’était une exonération pure et simple. Ce n’était a priori pas possible en raison des carcans européens. Je suis revenu sur ce point lors du deuxième rendez-vous. Le mot exonération n’étant pas dans le vocabulaire de la loi de Finances 2019, j’ai demandé un abandon de charges et d’impôts proportionnels à la baisse du chiffre d’affaires. Et là, pas de réponse précise. C’était ni oui ni non. Et le 6 mars dernier, nous avons obtenu ce qu’ils appellent une remise gracieuse sur les impôts directs, c’est à dire les impôts sur les sociétés et la CFE et la CVAE que le commerçant verse en fin d’année et qui remplacent la taxe professionnelle. »

DLH : C’est une mesure qui concerne tous les commerçants ou bien qui va être étudiée au cas par cas ?

D. F : « Ce sera une étude au cas par cas. Elle se fera sur les bases d’une comparaison avec les chiffres d’affaires des mois correspondants de l’année précédente. Nous avons reçu l’assurance qu’une politique de bienveillance était mise en place de la part des services des finances publiques. Il ne faut donc pas que les commerçants craignent de se déclarer auprès des services fiscaux.

A Dijon, j’ai annoncé qu’il y avait, en moyenne, 40 % de baisse de chiffre d’affaires en décembre et autant en janvier. Mais, paradoxalement, nous n’avons que 40 dossiers qui sont remontés à la DIRECTE et à l’URSSAF pour le moment. A notre demande, Bercy a décidé de simplifier les démarches pour les rendre plus faciles. »

DLH : Une quatrième réunion est-elle prévue ?

D. F : « Nous n’avons pas de date mais c’est vraisemblable dans la mesure où nous avons fait des demandes complémentaires. Un plan de relance de 3 millions d’euros a été acté par le Premier ministre avec une participation des collectivités locales. A Dijon, la ville participe déjà au nettoyage et à la sécurité. Elle participe également avec l’abandon des droits sur les terrasses, avec la gratuité des parkings et des transports les deux derniers week-ends de décembre… Tout cela se chiffre évidemment et nos élus considèrent qu’ils ont déjà mis la main à la poche. C’est maintenant à l’État de le faire et 3 millions d’euros ce sera insuffisant. »

DLH : Et vous sollicitez également la Région ?

D. F : Je demande à la Région Bourgogne – Franche-Comté de faire un plus grand pas. J’ai rencontré la présidente qui , il y a plus d’un mois, m’a promis un déblocage d’argent indirect, c’est à dire par le biais de prêts à taux zéro ou en se portant caution auprès de BPI France jusqu’à hauteur de 70 % du montant du prêt. Et cette disposition ne pourra prendre effet qu’après un vote qui se fera lors d’une session fin mars…

Dans le même temps, je note que mon homologue bordelais a obtenu de sa région plusieurs millions d’euros pour les distribuer directement aux commerçants. Pourquoi la région Bourgogne – Franche-Comté ne le fait-elle pas ? Nous ne sommes donc pas tous logés à la même enseigne. Nous avons donc demandé à l’État qu’il abonde à un fonds local versé à la Région. Et pour un euro versé par l’État, la Région ferait de même. C’est son rôle. »

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre